Manifestations anti-passe sanitaire en France: le point sur la journée du 7 août

Manifestations anti-passe sanitaire en France: le point sur la journée du 7 août

C’était une journée test, à l’avant-veille de l’entrée en application du nouveau dispositif français anti-Covid. La mobilisation contre l’extension du passe sanitaire et l’obligation vaccinale dans certaines catégories professionnelles, a connu une affluence record, pour son quatrième rendez-vous hebdomadaire, samedi 7 août 2021 dans l’Hexagone.

Quatrième week-end de mobilisation partout en France, et des chiffres de participation toujours en hausse, malgré les vacances. Selon les données transmises par le ministère de l’Intérieur, environ 237 000 personnes ont battu le pavé ce samedi. Côté incidents, la police enregistrait à 19 heures quelque 198 actions, 35 interpellations et une poignée de gardes à vue. Au moins sept policiers ont été légèrement blessés.

Ce sont donc plus de 30 000 protestataires supplémentaires par rapport à la semaine dernière, qui sont descendus dans les rues. À Paris, beaucoup nous ont assuré qu’ils participaient pour la première fois au mouvement. C’est le Conseil constitutionnel, en entérinant dans les grandes largeurs le projet du gouvernement, qui les a fait basculer dans le cortège. Il aura fallu la grêle, pour que le rassemblement s’estompe.

L’extension du passe sanitaire, qui sera effective dès lundi dans les bars, les restaurants, les transports, etc., ainsi que l’obligation vaccinale décrétée pour certaines professions dont les personnels de santé, a fait l’effet d’un électrochoc pour certains. Ils pensent qu’ils seront rejoints par d’autres, dès que les conséquences concrètes de la loi se feront sentir dans leur quotidien. Beaucoup prédisent une rentrée explosive.

Des manifestations étaient prévues dans plus de 150 villes du pays. De Nice à Montpellier, dans tout le sud-est, la police a enregistré près de 50 000 manifestants. L’Agence France-Presse parle de marches hétéroclites, réunissant des gens se disant « pro » ou « anti-vaccins », gilets jaunes ou non. Toulon s’est particulièrement illustrée. À Aix-en-Provence, à La Ciotat, à Fréjus, à Draguignan, les gens ont marché.

À Nice, les manifestants ont défilé derrière une grande banderole où l’on pouvait notamment lire : « La nouvelle vague c’est nous ». À Marseille, un cortège fourni est parti du Vieux-Port, avec pour cap la préfecture, donc l’État. Un grand ressentiment envers le gouvernement s’exprimait. Avant de s’engager sur la Canebière, les manifestants entonnaient « Macron en prison, Macron en prison », relate l’AFP.

« Ce n’est pas le virus qu’ils veulent contrôler, c’est nous », aura-t-on pu lire sur une pancarte à Toulouse. Plusieurs milliers de personnes également à Lyon ou Bordeaux. Sur place, Gaëlle Faure, 23 ans, infirmière au CHU de la ville, et non vaccinée, rappelle : « On a travaillé sans masques. Il y a six mois à l’hôpital, on me disait que je pouvais venir travailler si j’étais positive et aujourd’hui on m’explique que si je ne suis pas vaccinée, je suis un danger pour les patients. Je trouve ça scandaleux ! »

L’Est Républicain évoque 1 500 personnes de toute l’aire urbaine de Montbéliard, et même du Jura, qui ont « battu le pavé pendant trois heures », pour « la liberté vaccinale ». « Tout au long du parcours : des soignants de la CGT, des Gilets jaunes, des membres du collectif Liberté égalité ont pris la parole, tantôt pour réclamer des lits « dont l’hôpital a tant besoin« , tantôt pour fustiger la « stigmatisation«  » des non-vaccinés. Des endroits comme Lons-le-Saunier, ou encore Saint-Claude se sont mobilisés.

Deux mille habitants de Besançon se sont retrouvés place de la Révolution. Et la ville se prépare déjà pour la semaine prochaine. Des échauffourées ont eu lieu à Dijon. À Vesoul, 120 manifestants ont battu le pavé aux cris de « Non à la manipulation, on n’est pas des moutons ! », « Réveillez-vous ! », « Touchez pas à nos enfants ». Des restaurateurs ont expliqué ne pas vouloir vivre comme des « délateurs ». Quelques soignants, réticents à se faire vacciner, étaient, eux aussi, présents dans les rangs. 

Manifestations aussi dans la partie nord du pays, de Reims à Dunkerque, ou à Boulogne-sur-Mer. Une petite marche a eu lieu à Cambrai, où des commerces étaient fermés pour protester. Mais également à Douai. À Lille, le quotidien régional La Voix du Nord s’interroge : « Si les restaurants ne l’adoptent que le 9 août, le passe est en vigueur depuis le 21 juillet dans bon nombre d’équipements sportifs et culturels. Où le bilan n’est pas toujours très reluisant. » Ambiance terrasse, à l’avant-veille du jour J.

Dans l’ouest, idem : à Carhaix, dans le Finistère, ou à La Roche-sur-Yon, en Vendée, à Laval, en Mayenne, mais aussi à Guingamp, Saint-Brieuc, Dinan et même Lamballe, des gens ont protesté. Dans le Calvados, la circulation des trains a été interrompue, des manifestants « se sont installés à la gare de Caen et occupent les voies », relatait Ouest-France. À Lorient, près de 200 manifestants sont entrés sur le site du Festival interceltique. Ils étaient près d’un millier à Saint-Nazaire, 5 000 à Nantes.

Si l’objectif était de se jauger en plein été, alors le pari est rempli, pour les opposants au passe sanitaire et à la vaccination obligatoire. Ils ont répondu présent de l’Atlantique (citons encore les villes de Brest, Quimper) jusqu’en Alsace, où plus de 10 000 manifestants ont été recensés. Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, au moins 4 500 personnes ont défilé à Strasbourg, dans le Bas-Rhin. Des groupes de plusieurs milliers d’individus se sont constitués à Mulhouse et Colmar, cette fois dans le Haut-Rhin.

La veille de la mobilisation, le président de la République a lancé un nouvel appel aux Français : « Faites-vous vacciner », a-t-il répété trois fois. Plus de 65 % de la population a reçu au moins une dose de l’un des vaccins rendus disponibles. Les autorités brandissent le nombre des hospitalisations en soins critiques, qui augmente, ainsi que le bilan officiel total du nombre de morts de l’épidémie, pour mobiliser la population.

RFI