En Afghanistan, les évacuations touchent à leur fin

En Afghanistan, les évacuations touchent à leur fin

Le pont aérien pour faire sortir les Afghans souhaitant fuir le nouveau régime taliban est entré ce samedi dans sa phase finale, à quelques jours de la date butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d’Afghanistan.

À l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, de nombreux pays ont déjà mis fin à leurs opérations d’évacuation. C’est le cas notamment de l’Espagne, de l’Australie, de l’Allemagne, du Canada, ou encore de l’Italie dont le dernier avion s’est posé ce samedi à Rome. Avec près de 5 000 ressortissants afghans évacués, elle est le pays de l’Union européenne qui a permis le départ du plus grand nombre de personnes.

Le Royaume-Uni a annoncé ce samedi également la fin de son opération d’évacuation, en précisant qu’un petit nombre de civils afghans pourraient encore embarquer dans les tous derniers avions transportant le personnel diplomatique et militaire. Londres indique avoir évacué plus de 14 500 personnes, mais reconnaît n’avoir pas pu exfiltrer tout le monde : quelque 150 ressortissants britanniques et environ un millier d’Afghans n’ont pas pu bénéficier de l’opération.

La France discute avec les talibans

Depuis l’Irak, où il participe à une conférence régionale, le président français Emmanuel Macron a quant à lui indiqué que le pont aérien mis en place par la France, et qui a pris fin vendredi 27 août, a permis l’évacuation de 2 834 personnes. Dans le détail, 142 Français, 17 Européens et plus de 2 600 Afghans menacés ont été évacués du pays depuis le 17 août, a précisé le chef de l’État français lors d’une conférence de presse. Ces évacuations ont eu lieu grâce à « une quinzaine de vols » à travers les Émirats arabes unis, a-t-il encore indiqué.

Paris ne communique pas sur le nombre de personnes figurants sur ses listes et qui restent bloquées en Afghanistan. Mais Emmanuel Macron a confirmé que des discussions étaient actuellement en cours avec les talibans, notamment dans le but de permettre des évacuations au-delà de la date butoir du 31 août et du départ des derniers soldats américains.

Pour cela, la France compte sur l’aide du Qatar qui, grâce à ses bonnes relations avec les talibans, « a la possibilité d’aménager des opérations de pont aérien ou de réouverture de certaines lignes aériennes », a ajouté le président français, qui a d’ailleurs profité du sommet de Bagdad pour un aparté avec l’émir du Qatar sur ce sujet. Cela « permettrait des opérations d’évacuation ciblées », « dans un cadre négocié avec les talibans » et sécurisé par eux, a-t-il poursuivi.

Environ 5 400 personnes étaient réfugiées dans l’enceinte de l’aéroport international de Kaboul samedi matin, attendant de monter dans un avion, selon les Américains, qui entendent faire en sorte que les évacuations se poursuivent « jusqu’au dernier moment ».

En revanche, les milliers de personnes qui étaient massées depuis des jours à l’extérieur, dans l’espoir d’accéder au tarmac, ont disparu, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse, alors qu’une attaque, revendiquée par le groupe jihadiste État islamique, a fait au moins 85 morts jeudi.

En Italie, la répartition des réfugiés s’organise

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Dans un premier temps, les ressortissants afghans évacués seront tous hébergés dans des structures provisoires où les plus de 12 ans pourront se faire vacciner contre le Covid-19. Ils seront ensuite répartis du nord au sud du pays dans de petits centres d’accueil. Ceux-ci prendront en charge au maximum 15 personnes, soit environ trois anciens collaborateurs et leur famille respective.

Au fil des prochains mois, d’autres initiatives devraient voir le jour. Par exemple la mise à disposition de logements autonomes dans des villages dépeuplés. Dans l’ensemble, le pays fait preuve de grande solidarité. Mais la Ligue de Salvini et, surtout, le parti de droite le plus extrémiste, Fratelli d’Italia, estiment qu’il faut freiner l’accueil. Ce samedi, la cheffe de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, a d’ailleurs rencontré le Premier ministre hongrois Viktor Orban, en visite privée à Rome, où ils ont discuté de la « nécessité de ne pas faire porter tout le poids de la migration aux pays européens ».