🇷🇺 L’opposant russe Alexeï Navalny est mort en prison: Biden accuse Poutine, “il est responsable”
L’opposant russe et adversaire numéro 1 du Kremlin, Alexeï Navalny, est mort vendredi dans la prison de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison, ont annoncé les services pénitentiaires (FSIN).
“Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire n° 3, le prisonnier Navalny A. A. s’est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance. Le personnel médical de l’établissement est arrivé immédiatement et une équipe d’ambulanciers a été appelée. Toutes les mesures de réanimation nécessaires ont été prises, mais elles n’ont pas donné de résultats positifs. Les médecins urgentistes ont constaté le décès du condamné, les causes de la mort sont en train d’être établies”, ont déclaré les services pénitentiaires (FSIN) de la région arctique de Iamal dans un communiqué.
Conditions de détention
Alexeï Navalny, 47 ans, avait été arrêté en janvier 2021 à son retour en Russie après son hospitalisation et sa convalescence en Allemagne à la suite d’un empoisonnement sévère en 2020. Il avait disparu début décembre de la colonie pénitentiaire de la région de Vladimir, à 250 kilomètres à l’est de Moscou, où il était jusque-là détenu. Il avait redonné signe de vie trois semaines plus tard et annoncé avoir été transféré vers le camp IK-3, alias “Polar Wolf”, dans le cercle arctique, l’une des prisons les plus dures de Russie. Il purgeait une peine de 19 ans de réclusion pour “extrémisme”. Les États-Unis avaient exprimé leur “profonde inquiétude” quant aux “conditions de détention” de l’opposant.
Appel à manifester
Lors de l’une de ses dernières déclarations, début février, il avait appelé la population russe à manifester partout à travers le pays lors de l’élection présidentielle prévue du 15 au 17 mars: “J’aime l’idée que ceux qui votent contre Poutine se rendent aux urnes à la même heure, à midi. Midi contre Poutine”, avait-il indiqué sur ses réseaux sociaux. “Cela pourrait être une démonstration puissante de l’état d’esprit du pays”, avait-il ajouté depuis sa geôle, estimant que les autorités ne pourraient pas s’opposer à cette manifestation “parfaitement légale et sûre” (suite ci-dessous).
Poutine a été “informé”
Le président russe Vladimir Poutine a été “informé” de la mort d’Alexeï Navalny, a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. “Le président est informé”, a-t-il indiqué, cité par l’agence de presse d’Etat TASS, ajoutant que les services pénitentiaires s’occupaient des “vérifications” et “éclaircissements” sur la cause du décès.
Tentative de réanimation
Des médecins russes ont essayé pendant plus de 30 minutes de le réanimer, a indiqué un hôpital local relayé par l’agence de presse Interfax. “Les médecins arrivés sur place ont poursuivi les opérations de réanimation déjà menées par les médecins de la prison. Ils les ont poursuivies plus de 30 minutes. Néanmoins, le patient est décédé”, a indiqué l’hôpital public de la ville de Labytnangui, situé à proximité de la colonie pénitentiaire.
“Il n’a exprimé aucune plainte”
Alexeï Navalny avait participé la veille par vidéo à deux audiences devant un tribunal de la région de Vladimir, et n’avait exprimé aucune plainte s’agissant de sa santé, a affirmé l’agence de presse d’Etat Ria Novosti. “Hier, il y avait chez nous deux audiences. Il n’a exprimé aucune plainte s’agissant de son bien-être, il s’est exprimé activement”, a indiqué à l’agence Ria Novosti le tribunal de la ville de Kovrov.
Joe Biden “scandalisé” et accuse Poutine
Joe Biden s’est dit vendredi “scandalisé” par la mort de l’opposant russe Alexeï Navalny, une “voix puissante pour la vérité”, et a affirmé que le président russe Vladimir “Poutine était responsable”.
“Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé”, a toutefois précisé le président américain lors d’une allocution à la Maison Blanche.
De nombreuses réactions
L’UE tient “le régime russe” pour “seul responsable de la mort tragique” d’Alexeï Navalny, a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel. “Alexeï Navalny s’est battu pour les valeurs de liberté et de démocratie. Pour ses idéaux, il a fait le sacrifice ultime (…) J’adresse mes sincères condoléances à sa famille et à ceux qui luttent pour la démocratie partout dans le monde. Les combattants meurent, mais le combat pour la liberté ne s’arrête jamais”, a-t-il indiqué sur X (ex-Twitter).
“Sinistre rappel”
La présidente de la Commission Ursula von der Leyen accuse nommément le président russe. “Poutine ne craint rien d’autre que la dissidence de son propre peuple”, fait-elle observer. La mort d’Alexeï Navalny constitue à ses yeux “un sinistre rappel de ce que sont Poutine et son régime.” La cheffe de l’exécutif européen en appelle à l’union “dans notre lutte pour sauvegarder la liberté et la sécurité de ceux qui osent s’élever contre l’autocratie.”
Prix Sakharov
Pour la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, le courage d’Alexeï Navalny “se répercutera à travers les générations”, tandis que “son combat pour la démocratie perdure”. L’opposant russe avait reçu en 2021 le prix Sakharov du Parlement européen pour sa lutte contre la corruption du régime de Vladimir Poutine.
Macron: “Colère et indignation”
“Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort. Colère et indignation. Je salue la mémoire d’Alexeï Navalny, son engagement, son courage. Pensées pour sa famille, ses proches et pour le peuple russe”, a tweeté le président français Emmanuel Macron.
Navalny “a payé de sa vie”
Alexeï Navalny “a payé de sa vie sa résistance à un système d’oppression”, a réagi le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. “Sa mort en colonie pénitentiaire nous rappelle la réalité du régime de Vladimir Poutine. À sa famille, ses proches et au peuple russe, la France présente ses condoléances”, a ajouté le chef de la diplomatie française dans un message publié sur X.
Olaf Scholz: “Il a payé son courage de sa vie”
Alexeï Navalny a “payé son courage de sa vie”, a déploré le chancelier allemand Olaf Scholz qui s’est dit “très attristé”. “Celui qui s’engage pour la démocratie doit craindre pour sa sécurité et sa vie, et c’est pourquoi nous sommes tous très tristes”, a-t-il lors d’une conférence de presse à Berlin aux côtés du chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky.
Antony Blinken: “La Russie est responsable”
“La Russie est responsable” de la situation, a réagi Antony Blinken. “Sa mort dans une prison russe et la fixation et la peur d’un seul homme ne font que souligner la faiblesse et la corruption au cœur du système que Poutine a construit. La Russie est responsable de cette situation”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité (suite ci-dessous).
“Nouveau signe de la brutalité” de Poutine
La vice-présidente américaine Kamala Harris a estimé que la mort d’Alexeï Navalny constituait “un nouveau signe de la brutalité” du président Vladimir Poutine. “Peu importe l’histoire qu’ils raconteront, soyons clair: la Russie est responsable”, a-t-elle dit lors d’un discours à la Conférence sur la sécurité de Munich.
“Des questions évidentes”
La mort de l’opposant russe Alexeï Navalny “si (elle) est confirmée, est une terrible tragédie”, a réagi vendredi le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan dans un entretien avec la radio NPR. “Étant donné la longue et sordide tendance du gouvernement russe à nuire à ses opposants, des questions évidentes se posent sur ce qui vient de se passer”, a-t-il poursuivi, en ajoutant que Washington cherchait à confirmer l’information de son côté avant “de décider de la marche à suivre.”
Justin Trudeau: “Poutine est un monstre”
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a qualifié le président russe Vladimir Poutine de “monstre”. “C’est une tragédie qui rappelle au monde entier que Poutine est un monstre”, a-t-il déclaré à la chaîne publique CBC, estimant que la mort d’Alexeï Navalny “démontre vraiment à quel point Poutine réprimera quiconque se bat pour la liberté du peuple russe”.
Diplomatie russe: “Accusations à l’emporte-pièce”
Dans la foulée des déclarations de la diplomatie américaine, le ministère russe des Affaires étrangères a accusé Washington d’accusations à “l’emporte-pièce”. “Au lieu de lancer des accusations à l’emporte-pièce, il vaudrait mieux faire preuve de retenue et attendre les résultats officiels de l’expertise médicale”, a indiqué dans un communiqué la diplomatie russe.
Réaction du président du Parlement russe
Le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, a quant à lui estimé que les dirigeants occidentaux et ukrainien étaient responsables et profitaient de la mort d’Alexeï Navalny. “Leurs noms sont bien connus: du secrétaire général de l’Otan et des dirigeants américains à (l’allemand Olaf) Scholz, le (britannique) Rishi Sunak et (l’ukrainien) Volodymyr Zelensky, tous sont coupables de la mort de Navalny. Ce sont eux, avec leurs nombreuses décisions ratées (…) qui profitent de sa mort”, a-t-il écrit sur Telegram, sans expliciter cette accusation, mais en accusant les Occidentaux de vouloir “détruire la Russie”.
La Russie “doit répondre à de sérieuses questions”
La Russie “doit répondre à de sérieuses questions”, a averti le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. “Je suis profondément attristé et inquiet (…) tous les faits doivent être établis et la Russie doit répondre à de sérieuses questions” suite à ce décès, a-t-il déclaré en marge de la Conférence sur la sécurité à Munich en Allemagne (suite ci-dessous).
Zelensky: Poutine doit “rendre des comptes pour ses crimes”
Le président ukrainien Volodomyr Zelensky a réagi depuis Berlin. “Il est évident pour moi que (Alexeï Navalny) a été tué comme des milliers d’autres qui ont été torturés à mort à cause d’une seule personne, Poutine, qui ne se soucie pas de qui va mourir tant qu’il conserve sa position”, a-t-il déclaré, ajoutant que le président russe“devra rendre des comptes pour ses crimes” (suite ci-dessous).
Giorgia Meloni: “Nouvel avertissement”
Ce décès est “un nouvel avertissement pour la communauté internationale”, a jugé la Première ministre italienne Giorgia Meloni. “La mort d’Alexeï Navalny, durant sa détention, est une nouvelle triste page qui représente un nouvel avertissement pour la communauté internationale”, a-t-elle affirmé dans un communiqué. “Nous espérons que pleine lumière sera faite sur cet événement inquiétant”.
José Manuel Albares: “Profondément bouleversé”
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s’est dit “profondément bouleversé” et a affirmé que Madrid “(exigeait) que soient éclaircies les circonstances” de ce décès. M. Albares a souligné que cette mort était “survenue durant son emprisonnement injuste pour raisons politiques” et a présenté ses condoléances à “ses proches” et son “soutien à ceux qui oeuvrent pour la liberté”.
Rishi Sunak: “Immense tragédie”
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déploré vendredi l’“immense tragédie” que représente pour le peuple russe la mort de l’opposant Alexeï Navalny, rendant hommage au “courage” du “plus farouche défenseur de la démocratie” en Russie. “C’est une terrible nouvelle. Plus farouche défenseur de la démocratie en Russie, Alexeï Navalny a fait preuve d’un incroyable courage toute sa vie. Mes pensées vont à son épouse et au peuple russe, pour qui c’est une immense tragédie”, a déclaré sur X le chef du gouvernement britannique.
David Cameron: “Poutine doit rendre des comptes”
Le chef de la diplomatie britannique David Cameron a quant à lui averti Vladimir Poutine devrait “rendre des comptes”, rendant hommage au “courage” de l’opposant. “Navalny a lutté avec courage contre la corruption. La Russie de Poutine a fabriqué des accusations contre lui, l’a empoisonné, l’a envoyé dans une colonie pénitentiaire dans l’Arctique et maintenant il est mort tragiquement. Poutine doit rendre des comptes pour ce qui s’est passé, personne ne doit douter de la nature épouvantable de son régime”, a-t-il déclaré sur X.
Andrïï Iermak: “Poutine est le mal absolu”
Le président russe Vladimir Poutine “craint toute concurrence” et ne comprend que “la force”, a dénoncé le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. “Poutine est le mal absolu, qui craint toute concurrence. La vie des Russes n’est rien pour lui”, a-t-il écrit sur Telegram. “Il ne peut pas y avoir de négociations avec lui. Le seul langage qu’il comprend est celui de la force”, a ajouté M. Iermak.
Radoslaw Sikorski: “Poutine est responsable”
“Cet homme était coupable d’avoir défié Vladimir Poutine (…) Il a été mis en prison, où il a séjourné dans des conditions épouvantables. Vladimir Poutine est responsable de tout cela”, a déclaré Radoslaw Sikorski, chef de la diplomatie polonaise, à l’agence nationale PAP.
Edgars Rinkevics: “Brutalement assassiné”
Alexeï Navalny “vient d’être brutalement assassiné par le Kremlin”, a réagi le président letton. “Quelle que soit votre opinion sur Alexeï Navalny en tant qu’homme politique, il vient d’être brutalement assassiné par le Kremlin. C’est un fait et c’est quelque chose qu’il faut savoir sur la vraie nature du régime actuel de la Russie”, a déclaré Edgars Rinkevics, sur X.
Garry Kasparov: “Assassiné lentement et publiquement en prison”
“Poutine a échoué à tuer Navalny rapidement et secrètement en le faisant empoisonner et maintenant il l’a assassiné lentement et publiquement en prison”, a déclaré l’opposant au Kremlin et ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov sur X. “Navalny a été tué pour avoir dévoilé Poutine et sa mafia comme les escrocs et les voleurs qu’ils sont”.
Un “meurtre”, selon Dmitri Mouratov, prix Nobel de la paix 2021
Le prix Nobel russe de la paix 2021, Dmitri Mouratov, a qualifié de “meurtre” et de “nouvelle effrayante” la mort de l’opposant Alexeï Navalny en prison. “Le meurtre a été ajouté à la peine d’Alexeï Navalny”, a dénoncé le rédacteur en chef du journal indépendant Novaïa Gazeta dans un message publié par ce média, qui a été interdit en Russie en 2022 dans la foulée de l’assaut de Moscou en Ukraine.
“Lourde responsabilité” de Moscou
Moscou porte “une lourde responsabilité”, a estimé le ministre norvégien des Affaires étrangères. “Le gouvernement russe porte une lourde responsabilité”, a écrit sur X Espen Barth Eide, ajoutant être “profondément attristé” par la nouvelle.
Les soutiens de Navalny n’ont pas été informés
Les soutiens de l’opposant Alexeï Navalny n’ont pas été informés, a indiqué sa porte-parole Kira Iarmich, précisant qu’un de leurs avocats se rendait sur place. Le service pénitentiaire “annonce la nouvelle du décès” mais “nous n’en avons pas encore la confirmation”, a-t-elle déclaré. L’avocat d’Alexeï part en avion pour Kharp (localité où se trouve la prison, NDLR). Nous communiquerons dès que nous aurons une information, a-t-elle écrit sur X.
“Une mise en accusation explosive” de la vie sous le régime du Kremlin pour Amnesty
La communauté internationale doit prendre des mesures concrètes en vue d’amener tous les responsables présumés à rendre des comptes, juge Amnesty International.
“Alexeï Navalny était un prisonnier d’opinion qui n’avait fait que critiquer un gouvernement répressif”, affirme Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. “Injustement incarcéré” pendant 37 mois, il a “été privé de soins médicaux, maintenu à l’isolement pendant des périodes prolongées et soumis à une disparition forcée lorsqu’il a été envoyé dans l’une des colonies pénitentiaires les plus reculées”, rappelle-t-elle.
L’heure est maintenant à “la quête de justice” et il “importe que les autorités garantissent une autopsie indépendante réalisée par des experts médicolégaux impartiaux et fassent preuve de transparence, afin de permettre aux observateurs internationaux et à la famille d’Alexeï Navalny d’exercer leur droit de regard” conformément au Protocole du Minnesota relatif aux enquêtes sur les décès résultant potentiellement d’actes illégaux (ONU), conclut Amnesty International.
Les accusations occidentales sur la mort de Navalny “absolument inacceptables”
Le Kremlin a assuré vendredi que les accusations et critiques occidentales envers Moscou après la mort en prison du principal opposant russe Alexeï Navalny étaient “absolument inacceptables”, tout en assurant ne pas connaître dans l’immédiat la cause du décès.
“Il n’y a aucune information sur la cause du décès et pourtant de telles déclarations se succèdent (…) Nous considérons que de telles déclarations sont absolument inacceptables”, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes.
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