Covid-19 en Inde: face à la situation alarmante, l’UE et les États-Unis vont envoyer de l’aide

Covid-19 en Inde: face à la situation alarmante, l’UE et les États-Unis vont envoyer de l’aide

Européens et Américains vont fournir une « assistance » à l’Inde, confrontée à un nombre record de nouveaux cas de contamination par le Covid-19. L’UE va activer son Mécanisme de protection civile, tandis que les États-Unis ont finalement décidé de lever leur interdiction d’exportation des composants du vaccin.

C’est une crise humanitaire qui frappe l’Inde depuis plus d’une semaine, et particulièrement New Delhi, rappelle notre correspondant dans la capitale indienne, Sébastien Farcis. Avec un besoin en particulier : de l’oxygène.

Le nombre de malade est tellement important et plus d’un patient Covid-19 sur deux hospitalisé requiert une assistance respiratoire. Ce qui prend les hôpitaux et le gouvernement de cours. Dans les rues de New Delhi, c’est une détresse affolante : les proches de patients hospitalisés parcourent toute la ville avec une bonbonne vide, en espérant pouvoir la remplir.

Des centaines de personnes font la queue devant les industries de grande banlieue, mais ils ne reviennent pas toujours à temps. Tous les jours, une dizaine de patients meurent en hôpital pour cause de réserves en oxygène épuisées.

Transport de l’oxygène compliqué et coûteux

Techniquement, l’Inde ne manque pas d’oxygène, car les industries en produisent en énorme quantité, et le gouvernement fédéral les oblige maintenant à envoyer presque toute leur production aux hôpitaux. Mais transporter cet oxygène est très compliqué et coûteux. Des trains spéciaux commencent à être déployés pour l’amener rapidement des les zones industrielles éloignées jusqu’aux grandes villes. Le premier devrait arriver ce lundi soir à New Delhi.

Près de 353 000 cas ces dernières 24 heures

L’Inde a enregistré 352 991 nouveaux cas confirmés de contamination au coronavirus sur une journée, montrent les données officielles publiées ce lundi, soit un record depuis le début de l’épidémie qui porte à plus de 17 millions le nombre total d’infections dans le pays.

Le ministère de la Santé a aussi fait état de 2 812 décès supplémentaires liés au Covid-19, là aussi un record quotidien depuis le début de la crise sanitaire, pour un bilan de 195 123 morts.

L’UE se coordonne pour fournir de l’assistance

Face à ce drame humanitaire, l’Union européenne a activé ce dimanche son Mécanisme européen de protection civile à la demande de l’Inde, rapporte notre correspondante à Bruxelles, Joana Hostein. Institué en 2001, ce mécanisme permet aux États membres de l’UE participants de coordonner leur aide et de déployer des moyens dans le monde entier en cas de situation d’urgence de grande ampleur à laquelle ne peut pas faire face seule la protection civile d’un pays.

Les services du commissaire européen à l’Aide humanitaire travaillent sans relâche, explique-t-on à Bruxelles, pour vérifier avec « les États membres de l’UE prêts à fournir d’urgence de l’oxygène et des médicaments », explique le commissaire sur son compte Twitter.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite « alarmée par la situation épidémiologique » en Inde.

L’Allemagne et la France se mobilisent

L’Allemagne a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait participer au mécanisme européen. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé dimanche que son gouvernement se préparait à fournir une aide d’urgence à l’Inde, sans donner de détails sur son contenu.

La France va de son côté « apporter dans les prochains jours un soutien significatif en capacités d’oxygène », a annoncé dimanche la présidence à l’AFP. Cette aide devrait se traduire par l’envoi de respirateurs à oxygène dont l’Inde manque cruellement, a expliqué une source proche de l’exécutif, sans plus de précisions.

Depuis le début de la crise sanitaire, le mécanisme a été activé à plusieurs reprises en Europe et à l’extérieur. L’Union européenne a ainsi coordonné et co-financé la livraison de plus de 15 millions d’articles médicaux, des masques, des gants, des désinfectants, à près de 30 pays.

Londres et Washington viennent aussi en aide

Le gouvernement britannique a annoncé par ailleurs dans un communiqué envoyer plus de 600 équipements médicaux d’urgence, dont des respirateurs, vers l’Inde. « Des équipements médicaux vitaux, dont des centaines de concentrateurs d’oxygène et des respirateurs, sont maintenant en route du Royaume-Uni vers l’Inde », a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson, afin de « soutenir les efforts visant à prévenir les pertes tragiques de vies humaines dues à ce terrible virus ».

Les États-Unis quant à eux vont envoyer « immédiatement » à l’Inde des composants pour la production de vaccins ainsi que des tests de diagnostic, des équipéments de protection et des respirateurs, a déclaré dimanche le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale. « Les États-Unis ont identifié les origines d’ingrédients spécifiques nécessaires à la production en Inde de vaccins anti-Covid qui vont être immédiatement fournis à l’Inde », a précisé Jake Sullivan, sans évoquer cependant l’envoi de vaccins vers ce pays.

Pour pouvoir venir en aide à New Delhi, Washington a levé son interdiction des exportations des composants du vaccin, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. En plus des ingrédients nécessaires à la création des sérums, des experts des autorités sanitaires américaines vont être envoyés en Inde. Encore en suspens, la question de l’oxygène : l’Inde fait face à une grave pénurie dans ce domaine, et les Etats-Unis pourraient, comme se sont engagés à le faire la France et le Royaume Uni, en envoyer des approvisionnements. 

L’administration Biden, coincée entre une pression croissante de la communauté internationale et des électeurs américains protectionnistes encore nombreux, avait d’abord botté en touche, finançant déjà les capacités de production de vaccins indiens. Et si elle décide d’augmenter son aide, elle ne s’est pas encore décidé à partager avec l’Inde les dizaines de millions de doses du vaccin AstraZeneca qu’elle réserve en stock, encore non approuvés par les autorités sanitaires ici. Le Dr Anthony Fauci a pourtant publiquement déclaré ce dimanche qu’en envoyer en Inde restait une hypothèse probable.

RFI