🇸🇳 Magouilles et surévaluations : L’audit des coûts pétroliers du champ GTA éclabousse les opérateurs
Un audit des coûts pétroliers du champ gazier Greater Tortue/Ahmeyim (GTA), couvrant la période 2012-2020, met en lumière une gestion trouble des milliards de dollars investis. Les anomalies relevées concernent des facturations douteuses, des frais généraux surévalués et une comptabilité souvent opaque.
Découverte stratégique et enjeux financiers
Le champ GTA, découvert en 2015, est une ressource partagée entre le Sénégal et la Mauritanie. Avec des coûts pétroliers déclarés atteignant 4,1 milliards de dollars pour la période auditée, l’implication de BP, Kosmos Energy et Timis Corporation a été scrutée. La part sénégalaise de ces dépenses s’élève à 2,06 milliards de dollars (plus de 1 282 685 milliards de FCFA).
Anomalies dans les déclarations et manquements comptables
- Timis Corporation : Entre 2012 et 2013, la société a déclaré 1,8 million de dollars (1,12 milliard de FCFA) sans tenir de comptabilité ni fournir de justification probante. Ces coûts, initialement rejetés par Kosmos, ont été réintégrés par BP sans explications solides.
- Kosmos Energy : Les dépenses de 2014-2016, estimées à 171 987 dollars (107 089 953 FCFA), n’étaient soutenues que par des factures sans contrats ou preuves de livraison, les rendant irrécouvrables.
- BP et la conversion des devises : L’utilisation non conforme de taux journaliers pour la comptabilisation des opérations a engendré un surplus de coûts de 194 346 dollars (121 012 076 FCFA).
Surévaluations et pièces justificatives suspectes
Les frais généraux déclarés ont été gonflés de 301 millions de dollars, tandis que des écarts de 30,8 millions de dollars ont été constatés sur des contrats passés avec Saipem. En outre, des justificatifs incomplets couvrant 69 731 dollars ont été jugés insuffisants par les auditeurs.
Complexité des infrastructures et partage des responsabilités
Le projet GTA inclut des installations sous-marines, des pipelines et une unité flottante de gaz naturel liquéfié (GNL) d’une capacité de 2,5 millions de tonnes par an. À l’époque de l’audit, la répartition des parts était de 60 % pour BP, 30 % pour Kosmos et 10 % pour Petrosen.
Implications et tensions
Les conclusions de l’audit exacerbent les tensions entre l’État sénégalais et les opérateurs du projet. Elles soulignent un besoin urgent de réformes pour garantir la transparence dans la gestion des ressources stratégiques.