Les mines de bitcoins contredisent les objectifs zéro carbone de la Chine

Les mines de bitcoins contredisent les objectifs zéro carbone de la Chine

Le numérique pollue, et si rien n’est fait la monnaie digitale pourrait même faire dérailler les objectifs zéro carbone de Pékin. C’est en tous cas ce que dit une étude de l’Académie chinoise des sciences publiée par la revue Nature. La Chine abrite plus de 75% des mines de bitcoins dans le monde et ces dernières sont boulimiques en électricité.

Plus énergivores encore que les datas center, les mines chinoises de bitcoins qui alimentent 80% du commerce mondial de cryptomonnaies devraient consommer 297 térawattheures d’électricité en 2024 ; c’est plus que ce qui a été utilisé par un pays comme l’Italie en 2016, selon cette étude de l’Académie des sciences de Chine, publiée en partenariat avec les universités de Surrey, Tsinghua et Cornell. Les résultats des chercheurs tombent mal, car ils vont à l’encontre de l’annonce du président chinois l’année dernière. Pékin s’est donné pour objectifs de parvenir à un pic d’émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030 et à la neutralité carbone à l’horizon 2060.

40% du bitcoin produit au charbon

L’extraction de cryptomonnaie est très gourmande en énergie. Les mineurs utilisent des ordinateurs de plus en plus puissants capables de réaliser les équations complexes autorisant les transactions en bitcoins. D’où leur installation dans des provinces et régions chinoises où l’électricité est moins chère : le Yunnan au Sud, le Sichuan et le Xinjiang à l’Ouest, mais aussi et surtout le Nord. 8% de ces mines se trouvent en Mongolie intérieure, soit plus que dans l’ensemble des États-Unis (7,2%). Sachant que 40% d’entre elles tournent encore au charbon.

« Les émissions de carbone de cette industrie émergente ont un effet potentiellement négatif sur les objectifs de neutralité climatique de la Chine », a déclaré Jiang Shangrong, auteur principal de l’étude cité par le China Sciences Daily  « Les opérations intensives de la Blockchain en Chine peuvent rapidement devenir une menace, poursuit Wang Shouyang. Et cela pourrait potentiellement saper l’effort de réduction des émissions », ajoute le co-auteur de l’étude et lui aussi membre de l’Académie chinoise des sciences.

Yuan virtuel

La Mongolie intérieure a compris le message. Cette région autonome chinoise encore très dépendante au charbon n’a pas suffisamment limité sa consommation d’énergie en 2019. Courroux du pouvoir central, désormais Hohhot entend interdire l’exploitation du bitcoin d’ici à la fin du mois d’avril. Les mineurs pourraient tenter d’échapper à la réglementation en se déplaçant vers des provinces, notamment dans le sud du Chine riche en hydroélectricité.

La production de bitcoin pourrait également entrer en contradiction avec le yuan numérique. Si les autorités chinoises ont soutenu le développement de la technologie Blockchain qui permet de sécuriser les transactions en bitcoins, elles ont jusqu’à présent limité le commerce des monnaies numériques pour empêcher le blanchiment. Le projet de la Banque populaire de Chine préparant le terrain au yuan virtuel pourrait aller encore plus loin, selon Bloomberg, puisqu’il comprend une disposition interdisant aux particuliers et aux entités de fabriquer et de vendre de la monnaie digitale.

RFI