🧠 Une puce implantée dans le crane pour contrôler l’humeur du patient, l’avenir de la médecine?

🧠 Une puce implantée dans le crane pour contrôler l’humeur du patient, l’avenir de la médecine?

Le NHS, le système de santé britannique, envisage de traiter des troubles comme la dépression ou l’épilepsie à l’aide de puces cérébrales, capables d’envoyer des ultrasons dans le cerveau pour agir sur les neurones. Une alternative intéressante à la chirurgie, estime le monde médicale. Mais qui n’est pas sans soulever des questions éthiques, et pas forcément celles qu’on attendrait.

Quand on parle d’interface cerveau-ordinateur, soit une puce implantée dans le crane et capable d’interagir avec nos neurones, on pense surtout à Neuralink. La société d’Elon Musk semble avoir fait des progrès l’année dernière, en permettant à des patients tétraplégiques de jouer aux échecs, ou même au jeu vidéo Counter Strike, en interagissant avec un ordinateur par la pensée.

Des puces et des soucis éthiques

La startup américaine a toutefois été suspectée de graves manquements à l’éthique, sur ses orangs-outangs cobayes en particulier. Et si ses progrès sont réels, ses implants cérébraux n’ont pas encore démontré leur capacité à améliorer durablement la vie des patients. Mais ça n’est pas pourtant que les interfaces cérébrales n’intéressent pas la médecine. Le NHS, le système de santé britannique, va ainsi mettre à l’essai un système permettant d’influer directement sur l’humeur des patients connectés.

Le premier programme de tests, sur 30 patients, consistera à implanter un dispositif sous le crâne, mais à l’extérieur du cerveau, et destiné à cartographier l’activité des neurones avec 100 fois plus de précision qu’une IRM classique. Ces puces seront également capables de stimuler des groupes de neurones en émettant des ultrasons, détaille The Guardian. De quoi inciter mécaniquement les neurones à se déclencher et, espèrent les chercheurs, avoir un effet sur l’humeur de patients dépressifs, par exemple. Tout l’intérêt de l’expérience consiste à démontrer l’utilité de cette technologie dans le traitement de la dépression ou des dépendances, ainsi que les troubles obsessionnels compulsifs ou encore l’épilepsie.

Traiter la dépression ou l’épilepsie

Ces troubles ont tous en commun d’être causé par une perturbation globale de l’activité des cellules nerveuses dans le cerveau, et pas forcément limitée à une zone aisément identifiable. Cela limite l’efficacité des traitements chirurgicaux, pour les patients pour qui les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces. À terme, l’expérience britannique testera même des appareils à ultrason développés par la société américaine à but non lucratif Forest Neurotech. Celles-ci devraient permettre de stimuler plusieurs zones du cerveau à la fois sans recours à une puce implantée en permanence.

Le but de l’expérience reste l’amélioration de la vie de patients pour qui la chirurgie classique ne fonctionne pas – jusqu’à un tiers des cas, rappelle le quotidien britannique. Mais comme toute démarche médicale, elle doit prendre en compte des considérations éthiques.

Neurodiscrimination?

“Nous accédons désormais aux voies neuronales d’une manière que nous n’avions pas pu faire auparavant, il est donc nécessaire de considérer soigneusement l’impact clinique de toute intervention et de s’assurer que nous agissons toujours dans le meilleur intérêt du patient”, insiste auprès du Guardian Clare Elwell, professeure de physique médicale à l’UCL.

Car de telles puces, capables d’influencer sur l’humeur, posent question. Les chercheurs assurent que tout effet éventuel sur l’impulsivité ou sur le rapport aux risques des patients sera scruté de près.

Moins spectaculaire, mais plus concrète, la question de la propriété et de la confidentialité des données cérébrales se pose également. Celles-ci constituent une véritable “carte de la santé mentale” des patients et, tombées dans de mauvaises mains, pourraient donner naissance à une véritable “neurodiscrimination” des personnes à risque de développer des maladies mentales. Dans un contexte de recherche d’emploi, ou d’estimation des risques pour une assurance, ce genre de profilage n’aurait rien d’irréaliste. L’aspect dystopique des nouvelles technologies se cache parfois dans les détails.

7sur7