🎧 “Les oreilles de nos enfants sont en danger”, alerte un spécialiste de l’audition

🎧 “Les oreilles de nos enfants sont en danger”, alerte un spécialiste de l’audition

14% des moins de dix ans ont déjà consulté un médecin ORL pour des acouphènes, ressort-il d’une enquête de l’Ifop sur la santé auditive des enfants. 28% d’entre eux seraient causés par l’utilisation quotidienne et prolongée de casques ou d’écouteurs.

L’enquête récente réalisée par l’association “Journée nationale de l’audition” et l’Ifop auprès de parents, envoie des signaux alarmants de la santé auditive des enfants. 1,3 million des moins de dix ans, soit 14% d’entre eux, ont déjà consulté un ORL pour des acouphènes. Pour près de 600.000 enfants, les médecins ont diagnostiqué une perte auditive moyenne sévère. Notons que ce dernier chiffre est probablement sous-estimé, car il ne prend en compte que les enfants diagnostiqués par un ORL.

“On savait que jusqu’à l’âge de dix ans, l’oreille des enfants est beaucoup plus fragile que celle des adultes, mais les résultats sont terrifiants”, souligne le président de l’association JNA, Jean-Luc Puel. “Les oreilles de nos enfants sont en danger. L’audition est le socle du développement du langage, de la socialisation et des apprentissages.”

Casques et écouteurs

Selon l’enquête française, ce problème de santé touche principalement les enfants de plus de cinq ans (18%), les enfants d’ouvriers (19%), les enfants vivant à Paris ou dans sa banlieue (23%), mais surtout les enfants qui utilisent quotidiennement un casque ou des écouteurs (28%). À ce titre, selon 40% des parents interrogés, leurs enfants écouteraient de la musique avec des écouteurs ou un casque entre moins d’une heure et quatre heures par jour. “Ces appareils intra-auriculaires sont placés trop près du tympan”, souligne Anaïs Roy, une acousticienne qui fait de la sensibilisation dans les écoles françaises, interrogée par Le Parisien.

“À cet âge, ce n’est pas raisonnable. Les oreilles des enfants sont bien plus fragiles que celles des adultes. À terme, cela peut entraîner une presbyacousie, un vieillissement de l’audition à quarante ans au lieu de soixante ans”, ajoute le professeur Puel. Les spécialistes s’accordent, en effet, à dire que les expositions répétées aux bruits entraînent des microlésions au niveau du capteur de l’oreille, qui engendre à son tour une dégradation accélérée de l’audition.

Dès 75 dB

Les casques ne sont pas les seuls facteurs aggravants. “Des millions d’adolescents et de jeunes risquent de souffrir de déficience auditive en raison (…) de l’exposition à des niveaux sonores préjudiciables dans des lieux tels que les boîtes de nuit, les bars, les concerts et les événements sportifs”, estime la directrice du Département maladies non transmissibles à l’Organisation mondiale de la santé, Bente Mikkelsen. “Le risque est intensifié, car la plupart des appareils audio, des salles et des événements n’offrent pas d’options d’écoute sans risque et contribuent au risque de déficience auditive.”

Mais à partir de quel niveau sonore considère-t-on qu’un son est problématique? “C’est très subjectif”, souligne le SPF Santé publique. Néanmoins, il y existe une limite objective au-delà de laquelle on court le risque d’endommager l’ouïe. Pour l’OMS, une exposition prolongée à un bruit inférieur à 75 dB ne causera pas de lésion auditive, mais si cette limite est dépassée, il existe un risque. En outre, il augmente à mesure que le temps d’exposition augmente lui aussi.

“À chaque trois décibels qui s’ajoutent, la période ‘sans risque’ pendant laquelle on peut écouter diminue de moitié. À 80 dB, cela correspond à une exposition quotidienne de huit heures. Ainsi, une exposition quotidienne d’une heure à 90 dB est déjà néfaste pour l’ouïe”, précise le Conseil supérieur de la santé.

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