Mali : le président et le premier ministre de transition ont démissionné

Mali : le président et le premier ministre de transition ont démissionné

Bah N’Daw et Moctar Ouane avaient été arrêtés par les militaires lundi, le colonel Assimi Goïta les accusant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter.

Le président et le premier ministre de transition maliens ont démissionné mercredi 26 mai après leur arrestation lundi par les militaires dans ce qui s’apparente à un deuxième coup d’Etat en neuf mois.

Bah N’Daw, président malien, et Moctar Ouane, son premier ministre, « ont démissionné devant l’arbitre », la mission de médiation internationale actuellement au Mali, a assuré Baba Cissé, conseiller spécial du colonel et vice-président Assimi Goïta. « Les négociations sont en cours pour leur libération et la formation d’un nouveau gouvernement », a-t-il ajouté.

Un membre de la délégation internationale a confirmé sous couvert d’anonymat à l’Agence France-Presse (AFP) que le président de transition avait démissionné. Cette délégation s’est rendue mercredi matin au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, pour rencontrer les deux dirigeants, qui y sont retenus depuis leur arrestation. En août 2020, quand le président élu Ibrahim Boubacar Keïta avait été renversé par le même Assimi Goïta et un groupe de colonels, il avait annoncé la nuit même sa démission de Kati.

Appels à la libération immédiate des deux hommes

Le colonel Goïta a accusé mardi les deux hommes d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu’il est le vice-président chargé des questions de sécurité, attribution primordiale dans un pays pris par la tourmente de la propagation djihadiste et des violences en tous genres. Le nouveau gouvernement annoncé lundi déchargeait de leur portefeuille sécuritaire deux des acteurs principaux du putsch d’août 2020.

L’arrestation des deux dirigeants et de plusieurs hauts personnages de l’Etat a provoqué une multitude de condamnations à l’encontre des militaires. Une grande partie de la communauté internationale réclame leur libération immédiate et à un retour à la transition politique.

Le président français, Emmanuel Macron, a parlé de « coup d’Etat dans le coup d’Etat », référence au putsch qu’avaient mené les colonels en 2020. Ils ont ensuite installé des autorités de transition, mais conservé la mainmise sur les leviers du pouvoir. Ils se sont aussi engagés à rendre le pouvoir à des civils élus au bout de dix-huit mois.

Le coup de force, énième soubresaut de l’histoire contemporaine malienne, soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antidjihadiste et sur l’état de la gouvernance au Mali, et plus immédiatement sur la relation future avec les colonels et le respect des échéances prévues, comme la tenue d’élections début 2022.

Le Monde avec AFP