Haïti: un mois après, où en est l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse?

Haïti: un mois après, où en est l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse?

Le 7 juillet dernier, le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné dans sa chambre en pleine nuit. Un mois après, aucune piste claire ne se dégage sur les commanditaires de ce crime ni sur les éventuels motifs. Ce mercredi 4 août, le dossier a enfin été transmis à la justice. Le tribunal de première instance de Port-au-Prince doit désigner un ou plusieurs juges chargés d’instruire le dossier de l’assassinat du président. Les candidats pour cette tâche épineuse ne se bousculent pas. Plusieurs magistrats ont refusé de prendre en charge cette affaire, faisant valoir des craintes pour leur sécurité. Jusqu’ici, l’enquête pour savoir qui a tué Jovenel Moïse a été entachée de multiples irrégularités.

Un juge de paix et ses deux greffiers, empêchés pendant de longues heures d’accéder au lieu du crime, vivent aujourd’hui cachés après avoir reçu des menaces de mort. Après l’assassinat de Jovenel Moïse, 44 personnes sont arrêtées. Parmi elles 18 Colombiens, plusieurs responsables de la sécurité présidentielle et un homme d’affaires de Floride originaire d’Haïti.

La plupart des suspects n’ont pas eu accès à un avocat. Aucun d’entre eux n’a encore comparu devant un juge, contrairement à ce que prévoit la loi haïtienne. Pendant près d’un mois, ce sont la police judiciaire et le parquet qui ont mené l’enquête.

C’était comme si c’était un droit reconnu à la police, parce qu’il s’agit de questions politiques, qu’on permettait à la police d’avoir une plus large marge de manœuvre. Pour que l’instruction puisse être menée à bien, il faut que le judiciaire s’approprie l’instruction du dossier.

Ces derniers jours, plusieurs nouveaux mandats d’amener ont été émis par le parquet. Sont visés : une ancienne juge de la Cour de cassation, des pasteurs, un ex-sénateur et le président du PHTK, le parti de Jovenel Moïse. Tous affirment être victimes de persécution politique. 

Le ministre haïtien des Affaires étrangères, Claude Joseph, a demandé à l’ONU d’ouvrir une enquête internationale ainsi que la mise en place, le cas échéant, d’un tribunal spécial chargé de juger les auteurs et complices de l’assassinat du président.

Un mois après l’assassinat du président haïtien Jovenel Moise, les Haïtiens s’inquiètent de la gestion du pays. L’enquête sur l’assassinat du chef de l’État piétine et aucune transition politique n’est en vue. C’est l’incompréhension qui règne au sein de la population. 

RFI