🌡 Les vagues de chaleur appauvrissent la planète entière

🌡 Les vagues de chaleur appauvrissent la planète entière

Les températures extrêmement élevées qu’on connaît en ce moment dans l’hémisphère nord ont un coût en vie humaine, mais aussi en pertes sèches pour l’économie.

Les effets nocifs sont quasi instantanés : les premiers à en souffrir sont les travailleurs les plus exposés dans le bâtiment, le transport de marchandises, la restauration ou l’agriculture. Des activités contraintes à réduire la voilure dans certains pays quand la sécurité des salariés est compromise. Mais c’est hélas loin d’être le cas, d’où les accidents et les morts au travail provoqués par les trop fortes chaleurs.

Au Canada, des scieries ont momentanément fermé à cause de la proximité des incendies gigantesques, favorisés par les vagues de chaleur. La chaleur a aussi un impact létal immédiat sur le bétail. En Chine, cela fait plusieurs semaines que les élevages de cochons, de poissons et de lapins sont décimés par la canicule.

La production électrique mise à rude épreuve

En Chine toujours, l’un des plus gros producteurs d’électricité au monde a enregistré une production record lundi dernier. L’empire du Milieu a déjà connu, ces six derniers mois, le plus grand nombre de jours de chaleur extrême, plus de quatre jours. C’est deux fois plus que la moyenne de l’année en cours.

Et ce n’est pas terminé. Le thermomètre va encore s’emballer dans les semaines qui viennent. C’est la climatisation qui propulse la demande de courant. La facture d’électricité des ménages américains devrait augmenter de 11 % par rapport à l’été dernier. Aux États-Unis, le réseau national s’inquiète d’éventuelles ruptures de courant, car la production peut être empêchée quand la chaleur devient insoutenable pour les centrales.

Un envol du prix des denrées agricoles ?

C’est une crainte pour cet automne. On redoute un sursaut de l’inflation alimentaire du fait des récoltes atrophiées par l’excès de chaleur et le manque d’eau. En Espagne ou en Thaïlande, des semis ont été annulés pour limiter l’impact sur la ressource aquatique. La production du sucre et du riz que la Thaïlande exporte abondamment va en pâtir. Celle du maïs est menacée au Texas. La production chinoise de coton sera aussi réduite du fait de ces grandes chaleurs.

Certains marchés reflètent déjà les tensions à venir. Les cours de l’huile de palme indonésienne et du riz thaïlandais sont en forte hausse, les marchés anticipant une grosse baisse de l’offre disponible à l’exportation dans les prochains mois. En Amérique du Nord, on s’attend à la hausse du cours du bois, qui aura un impact inflationniste sur le bâtiment.

Les méfaits du réchauffement largement documentés

Ce n’est pas la première vague de chaleur exceptionnelle : l’été dernier était déjà bouillant pour une bonne partie de la planète et les économistes se sont très vites emparés du sujet pour évaluer l’impact de ces phénomènes météo de grande ampleur. Une étude américaine datant d’il y a cinq ans conclut qu’un degré Fahrenheit s’ajoutant à la moyenne des températures estivales, soit environ deux degrés Celsius, peut grignoter jusqu’à un quart de point à la croissance de l’État concerné.

Une autre étude publiée en 2022 par l’université de Dartmouth constate que sur la durée, les épisodes de fortes chaleurs coïncident avec des baisses du PIB par habitant. Entre 1992 et 2013, les pays du sud ont perdu en moyenne 6,7 % de PIB par habitant du fait des journées de températures excessives, et 1,5 % pour les pays du nord. Des pertes qui vont s’aggraver dans les prochaines années, à moins que les efforts pour diminuer les émissions de carbone ne s’accélèrent.

RFI