🇺🇦 Pourquoi les (très) chers chars américains sont devenus complètement inutiles en Ukraine

🇺🇦 Pourquoi les (très) chers chars américains sont devenus complètement inutiles en Ukraine

L’Ukraine retire tous ses coûteux chars américains Abrams. La raison? Ils s’érigent comme une proie facile pour les drones tueurs russes. Comment expliquer qu’un tel char ne fasse pas le poids face à un drone bon marché? Les autres chars occidentaux sont-ils également en danger? Et la solution résidait-elle vraiment chez le constructeur de bus Van Hool à Lier? Le point avec l’ancien colonel Roger Housen.

Après des mois de lobbying intense de Volodymyr Zelensky, Washington a accepté en janvier 2023 de fournir 31 chars Abrams à l’Ukraine. Prix à l’unité: 10 millions de dollars. Un an plus tard, la Russie en a déjà détruit cinq et en a sérieusement endommagé trois. L’Ukraine a décidé de tous les retirer du front.

Les chars ne se révèlent pas à la hauteur contre les peu coûteux, mais performants, drones-suicides russes. L’engin ne coûte pas plus de quelques centaines de dollars, tout au plus quelques milliers. Il s’agit de ce qu’on appelle des “ first person view “ (NDLR: “vue à la première personne”) qui sont équipés d’une caméra à l’avant permettant à l’opérateur, situé derrière la ligne de front, de suivre l’action en direct et ainsi de détecter les points faibles des chars.

Rien de surprenant

“Cela ne me surprend pas”, assure l’ancien colonel Roger Housen. “Un char est une arme du 20ᵉ siècle. Ils sont lourdement blindés sur les côtés pour pouvoir résister à un combat avec un autre char ou contre un soldat au sol avec une arme antichar. Le blindage est beaucoup moins épais sur le dessus. Cela n’était pas nécessaire par le passé.”

Le problème ne concerne pas seulement les Abrams américains. “Tous les chars occidentaux sont vulnérables: les Léopards allemands et les Challengers britanniques ont exactement le même problème. Idem pour les chars russes. Les Ukrainiens sont aussi très habiles à détruire les chars russes avec des drones”, affirme Housen.

“Un drone de ce type contient deux charges explosives. La première perce le blindage, la seconde détruit le char. Les obus présents dans le char s’enflamment ensuite également. Ainsi, la température à l’intérieur peut monter jusqu’à 1000 degrés Celsius”, poursuit l’expert.

Les drones ont complètement révolutionné l’art de la guerre. “Le champ de bataille est désormais totalement transparent. Grâce aux drones et aux radars, les deux parties ont une image précise des positions ennemies (…) L’effet de surprise n’existe plus. »

Les médias d’État russes ont recueilli le témoignage d’un commandant qui avait neutralisé un char Abrams. “Nous avons surveillé le char pendant trois jours. Un jour, nous voulions déjà frapper, mais l’ennemi se défendait farouchement. Notre drone a été abattu par un brouilleur”, rapporte-t-il. Avec de tels ‘brouilleurs’, les Russes ciblent aussi des vols commerciaux en Europe.

“Cela a l’air ridicule, mais c’est efficace”

Que faire maintenant avec les chars américains Abrams? “Ajouter un blindage supplémentaire au-dessus n’est pas une option. Un char pèse déjà 70 tonnes. Le rendre encore plus lourd le ferait s’embourber”, assure Roger Housen. “Ce qui est effectivement efficace, c’est de construire une structure autour du char, avec des filets en fer renforcé ou des tôles ondulées.”

Sur les réseaux sociaux, des images montrent un char russe qui ressemble davantage à une grange sur roues. “Cela a l’air ridicule, mais c’est efficace. L’idée est que le drone explose sur cette structure sans atteindre le blindage du char”, explique Roger Housen.

Si cela dépendait de Guido Dumarey, l’homme d’affaires qui souhaitait reprendre le fabriquant de bus Van Hool, les ouvriers à Lier pourraient s’atteler à rendre les chars occidentaux résistants aux drones. “La guerre en Ukraine nous apprend que l’on ne s’en sort plus avec des véhicules uniquement résistants aux mines terrestres. Ils doivent aussi être blindés sur le dessus, contre les drones”, a-t-il commenté au journal ‘De Tijd’. “L’entreprise qui trouve une solution rapide la première est parée pour des années. Mais cela ne lui a pas été accordé”, plaisante encore l’ancien colonel Housen.

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