🇺🇸 Crise migratoire: l’ONU interdite d’accès à la frontière entre Pologne et Biélorussie
L’ONU a été interdite d’accès à la zone frontalière entre la Pologne et la Biélorussie. Les Nations Unies ont exhorté ce mardi 21 décembre les autorités des deux pays à autoriser l’accès aux représentants humanitaires, à la société civile et aux journalistes. L’ONU a également appelé les deux pays à remédier d’urgence à la situation désespérée dans laquelle se trouvent les migrants et réfugiés aux frontières entre les deux pays.
Lors d’un point de presse régulier des agences humanitaires qui s’est tenu ce mardi 21 décembre, une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Liz Throssell, a expliqué que leur équipe avait pu se rendre en Pologne mais « sans avoir eu l’autorisation d’accéder à la zone frontalière », tandis que la Biélorussie avait bloqué l’accès à l’ensemble de son territoire.
« Nous demandons instamment aux autorités des deux pays d’autoriser l’accès aux zones frontalières aux représentants humanitaires et des droits des droits de l’homme, aux journalistes, aux avocats, ainsi qu’aux représentants de la société civile », a-t-elle ajouté.
Conditions désastreuses pour les migrants
Bien que n’ayant pas été autorisé à se rendre dans la zone frontalière, ils ont rencontré des représentants du gouvernement et de la société civile, et ont eu des entretiens avec 31 migrants arrivés entre août et novembre. « Les personnes interrogées ont décrit des conditions désastreuses des deux côtés de la frontière, sans accès ou limité, à la nourriture, à l’eau potable et à des abris », a affirmé Liz Throssell.
« La majorité d’entre elles ont déclaré avoir été battues ou menacées par les forces de sécurité lorsqu’elles se trouvaient à la Biélorussie. Elles ont également affirmé que les forces de sécurité biélorusses les avaient forcé à traverser la frontière, en leur disant quand et où traverser, et les avaient empêché de revenir à Minsk », a-t-elle ajouté.
Le Haut-Commissariat demande à la Biélorussie d’enquêter sur ces allégations et de mettre « immédiatement un terme à ces pratiques ». Il appelle par ailleurs la Pologne à cesser de renvoyer les migrants en Biélorussie sans une étude individuelle de leur cas et de ne pas placer systématiquement en détention ceux qui ne sont pas renvoyés.
Moins de tentatives de passages réduites
Cet appel intervient alors qu’à la frontière, les tentatives de passage se sont réduites ces derniers jours : 26 personnes ont tenté de venir en Pologne ce lundi selon les chiffres officiels des gardes-frontières polonais. Cette situation temporaire ne doit pas faire oublier les conditions actuelles dans lesquelles les migrants traversent.
« Bien sûr, moins de personnes essayent de traverser en ce moment car il fait très froid. La nuit dernière, il faisait -17 degrés. Le dernier cas de décès dans la forêt était un homme, probablement originaire du Nigéria, et son corps a été retrouvé gelé, les pompiers ont dû intervenir et l’extraire de la glace », estime Kalina Czwarnóg, de l’ONG Fundacja Ocalenie, jointe par Sarah Bakaloglou, correspondante de RFI à Varsovie.
Kalina Czwarnóg s’inquiète aussi « que de nombreux migrants meurent cet hiver » à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. « Il y a toujours des personnes qui arrivent du coté polonais, et tous ne sont pas trouvés par les gardes-frontières, leurs chiffres ne reflètent donc pas la réalité. Le changement que l’on voit surtout, c’est qu’il y a moins d’enfants. La plupart des personnes que l’on rencontre dans la forêt sont des hommes adultes, voyageant en petits groupes. J’imagine que c’est parce qu’il y a davantage de militaires et d’autres forces de sécurité. Donc, il est plus difficile de traverser en grands groupes », poursuit l’humanitaire.
Les ONG à la frontière dénoncent des tentatives d’intimidations de la police et des militaires polonais à l’encontre des activistes et des journalistes. Il y a quelques jours, le centre de l’association catholique KIK qui intervient près de la frontière pour aider les migrants a été perquisitionné en pleine nuit.
RFI (et avec AFP)