🇺🇦 “Une nouvelle contre-offensive est la seule voie vers la victoire”, assure le commandant en chef ukrainien
Depuis le printemps dernier, l’armée ukrainienne tente de retenir les troupes russes, qui avancent dans l’est du pays malgré de lourdes pertes. Une situation très difficile, qui a failli devenir précaire à diverses reprises. Mais pour Oleksandr Syrsky, le commandant en chef ukrainien, la défense ne doit pas devenir une fatalité ; une nouvelle contre-attaque est possible. La dernière en date, au début de l’année, n’avait toutefois pas obtenu les résultats escomptés.
Depuis l’annonce de la victoire de Donald Trump et les derniers engagements de Biden en faveur de l’Ukraine, en particulier un usage plus permissif des missiles, l’évolution du conflit suscite bien des interrogations. Le président Zelensky s’est montré confiant pour l’année à venir: “Je pense que nous aurons un plan pour mettre fin à la guerre”, a-t-il évoqué cette semaine.
Nous devons prendre l’initiative et contre-attaquer. Nous le faisons et nous continuerons à le faire. Où et avec qui — vous verrezOleksandr Syrsky
Un optimisme qu’on retrouve aussi chez son commandant en chef, le colonel général Oleksandr Syrsky. Celui-ci a estimé, lors d’un entretien avec quelques blogueurs militaires, que l’Ukraine ne pouvait pas rester éternellement sur la défensive, et qu’une nouvelle contre-offensive devait être envisagée. Une idée ambitieuse, alors que la dernière sur le sol ukrainien, de l’hiver au printemps dernier, n’a obtenu que des gains limités, face à des Russes très bien retranchés.
“La victoire est impossible si les forces armées ne travaillent qu’en défense”, insiste le colonel général, selon un post récent du journaliste militaire ukrainien Kirill Sazonov sur Telegram. Nous devons prendre l’initiative et contre-attaquer. Nous le faisons et nous continuerons à le faire. Où et avec qui — vous verrez.”
Le secret empêche bien sûr d’en dire plus, mais une telle déclaration, de la part d’un militaire aussi haut placé, contredit les rumeurs d’une Ukraine prête à rejoindre des négociations, maintenant que Donald Trump retournera à la Maison Blanche.
Une situation difficile, mais plus “critique”
Cela nécessiterait toutefois d’inverser la tendance, alors que l’armée russe grignote du terrain. Mais le commandant Syrskyi s’est voulu rassurant: la situation est certes difficile, mais elle n’est plus “critique”: “Certaines unités se sont retirées, ont abandonné leurs positions et personne n’était là pour les remplacer. Une véritable situation de crise. Mais le problème a été résolu, les réserves ont été déployées, les plans de l’ennemi ont été contrecarrés.”
Les Russes ont toutefois l’initiative, et leur concentration des forces semble indiquer une poussée sur le saillant de Koursk, conquis cet été en territoire russe par les Ukrainiens. Ceux-ci ont perdu le contrôle de la moitié du terrain conquis, et craignaient ces dernières semaines l’impact de l’arrivée de renforts nord-coréens. Mais l’usage de missiles à longue portée Storm Shadows, qui ont permis de détruire un centre de commandement la semaine dernière, pourraient inverser cette tendance.
Kirill Sazonov estime que les contre-offensives réussies par Kiev en 2022 et 2023 devaient servir d’exemple pour de nouvelles opérations: “C’est l’encerclement de l’ennemi, l’attaque sur les flancs et la coupure des routes logistiques qui ont assuré le succès des forces armées. La libération de l’oblast de Kharkiv, la libération de Kherson – exactement selon cette logique.” Et la nouvelle allonge dont bénéficient les Ukrainiens depuis l’autorisation d’utiliser ces missiles en territoire russe rend justement possible ce genre de frappes sur la logistique.
Les deux camps manquent de soldats
Les deux camps manquent toutefois de troupes fraîches à engager pour véritablement bouleverser la situation. L’effort de mobilisation ukrainien n’aurait aussi apporté que les deux tiers du nombre prévu de recrues. Et celles-ci n’ont plus forcément la motivation des volontaires, selon The Economist: “Les hommes envoyés par le quartier général de l’armée sont maintenant pour la plupart trop vieux ou démotivés”, confiait un chef d’unité. “On m’envoie des gars de plus de 50 ans, avec des certificats médicaux indiquant qu’ils sont inaptes au service.” Un problème également apparent dans l’armée russe, où la moyenne d’âge a fortement augmenté.
Dans cette guerre, le cœur de l’hiver marque souvent le début de nouvelles phases offensives, quand le sol, gelé, facilite les déplacements. On verra d’ici là si les Ukrainiens ont effectivement un plan. D’autant qu’ils ont déjà prouvé qu’ils savaient suprrendre les Russes en attquant là où on ne les attend pas.
7sur7