🇺🇦 Guerre en Ukraine: les missiles hypersoniques, un effet psychologique et stratégique
Une nouvelle fois ce dimanche matin, la Russie annonce avoir fait usage de missiles hypersoniques. Hier samedi, les autorités russes annonçaient avoir détruit un entrepôt souterrain d’armements dans l’ouest de l’Ukraine.
« Une importante réserve de carburant a été détruite par des missiles de croisière Kalibr tirés depuis la mer Caspienne, ainsi que par des missiles balistiques hypersoniques tirés par le système aéronautique Kinjal depuis l’espace aérien de la Crimée », a déclaré ce dimanche le ministère russe de la Défense dans un communiqué repris par l’Agence France-Presse.
La frappe s’est produite dans la région de Mykolaïv, à une date non précisée et selon le ministère, la cible détruite était « la principale source d’approvisionnement en carburant des véhicules blindés ukrainiens ». Hier samedi, Moscou avait annoncé avoir tiré la veille des missiles Kinjal en Ukraine. Si ce tir était avéré, il s’agirait de la première utilisation connue en conditions réelles de combat de ce système testé pour la première fois en 2018.
Les autorités ukrainiennes n’ont ni confirmé, ni démenti ces informations.
Une arme redoutée
Les missiles balistiques hypersoniques Kinjal (« poignard » en russe) et ceux de croisière Zircon appartiennent à une famille de nouvelles armes développées par la Russie et que son président, Vladimir Poutine, qualifie d’ « invincibles », car censées pouvoir échapper aux systèmes de défense adverses. C’est en décembre 2021 que le président Poutine annonçait que la Russie avait procédé au lancement réussi d’un missile Zircon, d’une portée de 1 000 kilomètres. Cette arme doit équiper les navires de surfaces et sous-marins de la flotte russe, expliquait Franck Alexandre dans sa chronique Lignes de défense en janvier dernier.
Le missile Kinjal, lui, peut voler à près de 12 000 kilomètres/heure et aurait une portée de 2 000 à 3 000 kilomètres. Ces engins, qui font partie des armes stratégiques russes, peuvent être équipés soit d’une ogive conventionnelle, soit d’une ogive nucléaire, ce qui a pour conséquence de rendre difficile une réplique.
Pour le général Dominique Trinquand, ex-chef de la mission militaire française à l’ONU, joint par Pauline Guillou, du service international de RFI, si ces armes n’offrent pas de réel avantage stratégique pour les Russes, elles ont en revanche un effet psychologique immédiat. « Le fait d’utiliser des missiles hypersoniques et de le dire, (témoigne) de la part de la Russie, (qu’ils) cherchent psychologiquement à montrer qu’ils dominent le sujet et qu’ils sont au-dessus du lot. Mais en fait, c’est pour pallier les déficiences qu’on note aujourd’hui dans l’armée russe.
C’est un nouveau type d’arme, mais qui ne révolutionne pas fondamentalement la guerre actuellement en Ukraine. Ça n’est donc pas une révolution, c’est simplement un affichage avec des missiles très modernes certes, mais en nombre limité et qui ne changeront pas le cours de la guerre.
Là où ça amène un changement, c’est que probablement les armements occidentaux ne sont pas capables de contrer ces missiles hypersoniques. Ceci jusqu’à preuve du contraire bien sûr. »
RFI