🇺🇦 Corps calcinés et immeubles éventrés: dans l’est de l’Ukraine, la guerre a commencé

🇺🇦 Corps calcinés et immeubles éventrés: dans l’est de l’Ukraine, la guerre a commencé

“Pays de merde, put…”, crie une femme, devant le corps d’un homme tué dans un bombardement sur un quartier résidentiel de Tchougouïv, dans l’est de l’Ukraine, épicentre de l’offensive déclenchée pendant la nuit par la Russie, qui a déjà fait des dizaines de morts.

Près du mort, son fils en pleurs, la trentaine, reste prostré. “Je lui avais dit de partir”, répète-t-il indéfiniment, à côté des restes tordus d’une Lada antédiluvienne.

Le cratère du missile, large de quatre ou cinq mètres, est situé entre deux immeubles de cinq étages totalement détruits. Des pompiers tentent d’éteindre les derniers incendies.

Plusieurs autres immeubles plus éloignés de l’impact sont aussi gravement touchés, les fenêtres brisées, leurs montants pendant dans le vide.

Dans cette ville située à 30 km de Kharkiv, la deuxième métropole d’Ukraine, les bombardements russes ont résonné une partie de la nuit.

Les autorités ne pouvaient pas encore fournir de bilan mais au petit matin, les dégâts sont considérables. Une épaisse fumée noire est visible de loin et quatre immeubles sont complètement éventrés.

“Avec Poutine? Plutôt mourir”

Olena Kourilo, une institutrice de 52 ans, sort de l’hôpital de Tchougouïv, le visage barré de pansements. Elle a été blessée par des bris de vitres lorsqu’elle se trouvait dans son appartement pendant un tir de missile.

“J’ai réussi seulement à penser +Mon Dieu, je ne suis pas prête à mourir+. J’étais sous le choc, je ne ressentais pas de douleur, peut-être l’adrénaline”, raconte-t-elle en ajoutant qu’une fille de 13 ans avait été tuée par ce bombardement dans le palier d’à côté.

“Je ne pensais pas qu’une telle chose puisse arriver (…) Je ferai tout pour l’Ukraine, autant que je peux”.

“Jamais, sous aucune condition, je ne vivrai sous Poutine. Il vaut mieux mourir”, lance-t-elle.

Serguiï, 67 ans, tente de boucher ses fenêtres avec une table dont les pieds dépassent dans le vide, au rez-de-chaussée de son appartement.

L’homme s’en est sorti avec quelques contusions. “Je vais rester là, ma fille est à Kiev et c’est pareil là-bas”, assure-t-il, alors que des explosions ont été aussi entendues jeudi matin dans les principales villes du pays.

Selon lui, le missile visait l’aérodrome militaire à proximité. “Il faisait partie des cibles que Poutine avait citées, je ne suis même pas étonné”, poursuit-il.

“Défendre ma patrie”

L’armée russe a affirmé jeudi avoir détruit les systèmes de défense anti-aérienne et mis “hors service” les bases aériennes à travers le pays.

Mais la menace n’est pas venue seulement du ciel.

La très redoutée invasion terrestre a également commencé jeudi matin depuis le nord, le sud et l’est dont la région séparatiste de Lougansk.

Chez les Ukrainiens de la région, préparés par huit ans de conflit armé avec les rebelles séparatistes prorusses, dans ce scénario catastrophe, chacun affirme savoir ce qu’il a à faire.

“S’ils continuent de nous bombarder, je vais trouver des armes et défendre ma patrie, peu importe que j’aie 62 ans”, menace Vladimir Levachov, habitant de Tchougouïv.

“Et pourtant, je suis Russe. Mais, si vous regardez l’histoire, si vous lisez des livres, il y a 300, 400 ans, c’était déjà la même chose. Les Russes sont des écorcheurs!”, enrage-t-il.

“Combats partout”

Sur les principales routes de l’est, l’armée ukrainienne était partout. Entre Kramatorsk et Kharkiv, une colonne de véhicules siglés du drapeau bleu-jaune est à l’arrêt.

À 300 km de là, Marioupol, principal port du sud-est du pays, de puissantes explosions ont secoué la ville, pourtant relativement épargnée ces dernières semaines.

Dans le secteur, les premières évacuations commencent, notamment des petites villes de Zoloté et Gorské. “Nous emmènerons les gens à la gare la plus proche”, dit Oleksiï Babtchenko, porte-parole de la défense civile.

Mais plus loin, dans la ville de Novotochkovka, ces évacuations sont désormais impossibles. Quelques heures après le début de l’offensive, les tirs d’artillerie russes sont déjà trop nourris et les communications compliquées.

“L’offensive est en cours sur toute la ligne de démarcation dans les régions de Lougansk et de Donetsk”, a déclaré M. Babtchenko. “Les combats se déroulent partout”.

“Nous ne pouvons pas encore recevoir d’informations sur les victimes, car il n’y a pas de communication dans cette zone”.

Pavlopil, dans la région de Donetsk, qui a été la cible de missiles Grad, est privé de gaz, d’eau et d’électricité après et les évacuations étaient en cours jeudi matin, selon le maire Serguiï Chapkine.

“Depuis 4h du matin, on nous tire dessus avec (des lance-roquettes) Grad et Ouragan. Ils tentent de raser le village de Starogrativka”, a déclaré à l’AFP au téléphone le maire du village Volodymyr Vesselkine.

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