🇷🇺 La Russie en crise démographique : les adolescentes incitées financièrement à avoir des enfants

Alors que la population russe décline inexorablement, plusieurs régions ont instauré une mesure choc : verser 100.000 roubles (environ 1.100 euros) aux lycéennes enceintes pour les encourager à mener leur grossesse à terme. Cette politique nataliste agressive s’accompagne d’une restriction croissante du droit à l’avortement, révélant la profonde inquiétude du Kremlin face à l’effondrement démographique du pays.
Une spirale démographique alarmante
La Russie subit un déclin constant de sa population depuis la chute de l’Union soviétique. Entre 1993 et 2008, le pays perdait en moyenne un million d’habitants chaque année. Bien que cette hémorragie se soit légèrement ralentie par la suite, les chiffres restent préoccupants : de 148 millions d’habitants en 1992, la Russie est passée à 143 millions en 2022, malgré l’annexion de la Crimée qui a artificiellement gonflé les statistiques.
Le taux de fécondité, actuellement de 1,41 enfant par femme, se situe bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Cette situation est aggravée par une espérance de vie particulièrement basse – 72 ans en moyenne, avec un écart dramatique entre les sexes : 78 ans pour les femmes contre seulement 67 ans pour les hommes.
Des mesures natalistes controversées
Face à ce constat, les autorités russes multiplient les initiatives pour stimuler les naissances. Dans la région d’Orel, à l’ouest du pays, le gouverneur a instauré une prime de 100.000 roubles pour toute lycéenne déclarant une grossesse. Selon le média d’opposition Meduza, plus de 40 régions auraient adopté des dispositifs similaires, ciblant spécifiquement les adolescentes.
Le gouvernement a parallèlement augmenté les allocations de maternité pour les étudiantes. La propagande d’État va plus loin encore avec des émissions de téléréalité comme « Maman à 16 ans », qui glorifient la maternité précoce. Ces programmes s’inscrivent dans un contexte de restriction progressive du droit à l’avortement, désormais limité à douze semaines de grossesse et bientôt peut-être à neuf.
Une approche critiquée par les experts
Les démographes pointent pourtant les limites de cette stratégie. Pour eux, la priorité devrait être d’améliorer l’espérance de vie plutôt que de pousser à la natalité. Les causes de la mortalité précoce – alcoolisme, conditions de travail dangereuses, système de santé défaillant – restent largement ignorées.
La guerre en Ukraine aggrave considérablement la situation. L’hécatombe de jeunes hommes sur le front et l’exode de centaines de milliers de Russes fuyant la mobilisation accélèrent le déclin démographique. Certains experts estiment que la population pourrait tomber sous les 100 millions d’habitants avant la fin du siècle si ces tendances se poursuivent.
Un avenir incertain
Ces politiques natalistes radicales révèlent le désarroi d’un pouvoir confronté à une crise structurelle. Entre les primes aux adolescentes enceintes et les pertes massives de la guerre en Ukraine, la Russie semble prise dans une contradiction démographique insoluble à court terme.
Les solutions alternatives – amélioration du système de santé, politique de prévention, ouverture à l’immigration – peinent à émerger dans un contexte marqué par le nationalisme et l’isolement international. Le temps presse pour inverser une tendance qui menace les fondements mêmes de la société russe.