🇮🇱 Israël prépare la guerre contre le Hezbollah, un adversaire bien plus coriace que le Hamas
Les attaques de ces dernières heures font craindre le déclenchement d’une guerre entre Israël et le Hezbollah. Selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le groupe islamiste, puissant allié de l’Iran, doit être vaincu afin d’assurer la sécurité des villages situés à la frontière avec le Liban, incessamment visés par des tirs de roquettes depuis plusieurs mois. Mais une guerre ouverte contre le Hezbollah libanais serait rude, encore bien davantage que celle contre le Hamas palestinien.
Le Hezbollah est né au début des années 1980 en réponse à l’offensive israélienne au Liban. Une incursion dont les conséquences peuvent être comparées à l’invasion américaine de l’Irak en 2003, qui a fini par donner naissance, quelques années plus tard, à l’État islamique.
Officiellement, ce sont des religieux islamiques chiites libanais qui ont fondé le “Parti de Dieu”. Ce nom est une contraction de “hizb” (parti en arabe) et d’”Allah.” En réalité, le Hezbollah a été créé à l’initiative de l’Iran, ennemi juré d’Israël, et notamment de son guide spirituel de l’époque, l’ayatollah Rouhollah Khomeini. D’ailleurs, le site web du successeur de Khomeini et actuel dirigeant de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, ne s’en cache pas: il salue Khomeini comme le “père fondateur” du Hezbollah.
Populaire même chez les chrétiens
L’occupation israélienne fut une aubaine pour les musulmans chiites, une population de seconde zone au Liban à l’époque. Lorsque le pays a obtenu son indépendance de la France en 1943, un accord réservait les postes clés de président et de Premier ministre aux deux principaux groupes religieux: les chrétiens et les musulmans sunnites. En jouant la carte du nationalisme et en se présentant comme le libérateur du pays face à l’oppresseur israélien, le Hezbollah a réussi à gagner en popularité auprès d’autres groupes de population, en particulier les chrétiens. Il dispose même aujourd’hui d’une milice distincte pour les combattants non chiites, les Brigades de la résistance libanaise ou “Saraya al-Muqawama al-Lubnaniya.”
Soutenu par Téhéran, le Hezbollah a rapidement engrangé des succès militaires contre Israël. Le futur chef militaire du groupe, Mustafa Badreddine, parvenant même à stopper l’incursion israélienne vers la capitale Beyrouth. Les combattants du Hezbollah, qui furent les premiers dans la région à commettre des attentats suicides, ont largement contribué au retrait d’Israël du Liban en 2000.
Un arsenal de missiles inépuisable
Fort de sa renommée militaire, le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays dont l’Union européenne et les États-Unis, est devenu un parti politique majeur au Liban. Il participe ainsi aux élections, siège au parlement et a fait partie du gouvernement à plusieurs reprises depuis 2005. Il gère également ses propres écoles et hôpitaux et organise même des services tels que la collecte des déchets dans de nombreuses localités. Le groupe possède sa propre station de radio – Al-Nour, qui signifie “la lumière” – et une chaîne de télévision, Al-Manar (“le phare”).
Les estimations varient en ce qui concerne les effectifs militaires du Hezbollah. On considère néanmoins que sa branche armée, le “Conseil du Jihad”, directement placé sous l’autorité du secrétaire général Hassan Nasrallah, est plus nombreuse que l’armée régulière libanaise, composée de 80.000 hommes. Nasrallah lui-même a cité un jour le chiffre de 100.000 soldats. Outre un arsenal quasi inépuisable de missiles et de drones iraniens, le Hezbollah dispose également de canons antiaériens de fabrication soviétique et de chars d’assaut provenant de Syrie.
Les plus impitoyables en Syrie
Mais les combattants du Hezbollah ont également de l’expérience à revendre. En effet, ils ont participé à plusieurs conflits armés ces dernières décennies, comme en Bosnie dans les années 90 et bien sûr en Syrie, alliée de l’Iran et de facto du Hezbollah. Ses combattants y ont d’ailleurs gagné la réputation d’être les mieux entraînés mais surtout les plus impitoyables de toutes les factions belligérantes.
Le fait que le Hezbollah ne se soit pas encore affirmé dans le conflit actuel (les tirs de roquettes qu’il effectue dans le nord d’Israël restent bien en deçà de ses capacités et, jusqu’à présent, il n’a pas fait appel à son réseau mondial de cellules terroristes) s’explique par deux raisons. D’une part, il craint que le peuple libanais ne se retourne contre lui en cas de guerre dévastatrice avec Tel Aviv. D’autre part, l’Iran, qui contrôle officieusement le Hezbollah, n’est pas favorable à une escalade du conflit. Mais si Israël venait à lui déclarer la guerre, le Hezbollah serait obligé de riposter et promet d’être un adversaire beaucoup plus coriace que le Hamas.
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