🇩🇪 Antony Blinken en Allemagne pour évoquer de possibles sanctions contre Moscou

🇩🇪 Antony Blinken en Allemagne pour évoquer de possibles sanctions contre Moscou

Antony Blinken était ce mercredi 19 janvier à Kiev, la capitale ukrainienne, où il a rencontré le président Volodymyr Zelensky, ainsi que le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba. Avant une rencontre prévue vendredi à Genève avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d’État américain est ce jeudi à Berlin où il est reçu par son homologue allemande Annalena Baerbock, ainsi que des membres du « Quad transatlantique ».

La tournée en Europe du secrétaire d’État américain va-t-elle permettre de faire baisser la tension dans le dossier ukrainien ? C’est en tout cas l’ambition affichée par les États-Unis lors de ce déplacement du secrétaire d’État.

Plus le temps passe et plus les États-Unis se disent inquiets que le Kremlin ne lance une attaque contre l’Ukraine. « S’ils envahissent [l’Ukraine], ils vont le payer, ils ne pourront plus passer par les banques, ils ne pourront faire de transactions en dollars », a mis en garde Joe Biden ce mercredi, évoquant, outre ces sanctions sans précédent contre l’économie russe, le risque de « lourdes » pertes humaines sur le champ de bataille.

Quelles sanctions ?

Un message d’inquiétude qu’Antony Blinken a réitéré hier, mercredi à Kiev, même si ce dernier n’a pas perdu espoir qu’une solution diplomatique et pacifique permette d’éviter un tel scénario.

À Berlin où il est reçu par son homologue allemande Annalena Baerbock, qui était elle-même à Kiev et Moscou lundi et mardi, Antony Blinken compte aborder la question d’éventuelles sanctions contre Moscou, notamment l’exclusion de la Russie de « swift », un système essentiel d’échanges bancaires internationaux. Mais pour Nicolas Tenzer, politologue, enseignant à Sciences Po Paris et directeur d’information de la lettre desk Russie, ce sont d’autres types de sanctions qui pourraient être annoncées : « Sur cette question, les positions sont assez divergentes entre les États-Unis et l’Europe et l’Europe elle-même est profondément divisée. L’exclusion du système swift, les Allemands n’y sont pas favorables. La France n’a pas fait clairement connaître sa position sur ce sujet. Il peut y avoir un autre type de sanctions, qui visent l’entourage direct de Vladimir Poutine – la fondation anti-corruption créée par Navalny, avait d’ailleurs proposé 35 noms de personnes très proches de Poutine – dont les avoirs pourraient être gelés dans les différents pays concernés, et les membres de la famille de ces proches pourraient être interdits de voyages, ce qui représente une vraie sanction quand on sait que certains de ceux-là ont des résidences un peu partout en Europe ou aux Etats-Unis, ou que les enfants effectuent des études dans des établissements étrangers. » 

De son côté, la ministre allemande des Affaires étrangères a confirmé que son pays ferait tout pour garantir la sécurité de l’Ukraine et la sécurité de l’Europe. Même si elle se dit prête à des discussions sérieuses avec la Russie, elle a prévenu Moscou des graves conséquences que subirait le pays en cas d’attaque. La question du gazoduc Nord Stream 2 sera donc très certainement abordée avec Antony Blinken et les membres du Quad transatlantique (États-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne) ce jeudi. Berlin a déjà laissé entendre que le gouvernement allemand pourrait bloquer le gazoduc en cas d’invasion de l’Ukraine.

La question de l’aide financière et militaire en faveur de l’Ukraine sera également au menu, sachant que Washington vient de débloquer 200 millions de dollars supplémentaires et que Londres a de son côté confirmé l’envoi d’armements. Mais cette question n’a toujours pas été tranché au sein de l’Union européenne, rappelle Nicolas Tenzer : « Les Allemands l’ont exclu, y compris en raison des vieilles positions idéologiques des Verts. Les Français ne se sont pas encore positionnés officiellement mais on sent des réticences à fournir des armes létales supplémentaires à l’Ukraine. Après, est-ce que les Occidentaux vont fournir à l’Ukraine en cas d’attaque des moyens de surveillance aérienne de renseignement, c’est-à-dire participer, sans même envoyer des troupes au sol, à la défense de l’Ukraine ? C’est l’une des questions majeures. »

RFI