🇧🇷 “On va gagner ce soir”: Bolsonaro sûr de lui avant le verdict des urnes au Brésil

🇧🇷 “On va gagner ce soir”: Bolsonaro sûr de lui avant le verdict des urnes au Brésil

Le président sortant Jair Bolsonaro, se disant sûr de sa victoire, a été parmi les premiers des 152 millions d’électeurs à voter dimanche pour la présidentielle au Brésil, qui l’oppose dans un duel très serré à l’ex-chef d’Etat de gauche Lula.

« Si Dieu le veut on va gagner ce soir », a déclaré Jair Bolsonaro après avoir voté peu après l’ouverture des bureaux à 8H (11H GMT) à Rio de Janeiro, pour ce second tour dont Lula est le favori.

« Ou mieux encore, le Brésil sera victorieux ce soir », a ajouté le président d’extrême droite, souriant et vêtu d’un t-shirt jaune et vert aux couleurs du drapeau du Brésil affectionné par les bolsonaristes.La campagne entre les deux hommes que tout oppose s’est déroulée dans un climat brutal et ultra-polarisé qui les a vus s’insulter copieusement pendant que les réseaux sociaux charriaient des torrents de désinformation.

L’un des premiers électeurs à voter à Copacabana, quartier touristique de Rio, Marcio Britto, un chômeur de 52 ans, espère auprès de l’AFP que cette élection « permettra d’améliorer un peu la situation du peuple brésilien », surtout « la santé, l’éducation et la sécurité ».

À Sao Paulo, Marcelo Silveira Curi, un psychologue de 35 ans, s’apprête à voter pour Lula. « Lula n’est pas le candidat idéal mais c’est celui qui s’oppose au gouvernement », dit-il, évoquant « beaucoup de reculs sur le plan économique et social » sous Bolsonaro.

Le candidat Luiz Inacio Lula da Silva © AFP

“Au bord du gouffre”

Pour Nadia Faraj, une diplômée sans emploi de 61 ans, qui vote dans la capitale Brasilia, « c’est un moment décisif pour le pays ». « Le Brésil est au bord du gouffre », dit-elle, « on a passé des années à reconstruire le pays. On a besoin de Bolsonaro ».

Si les sondages prédisent depuis des mois un troisième mandat de quatre ans à Luiz Inacio Lula da Silva, 77 ans, après ceux de 2003-2010, Jair Bolsonaro, 67 ans, peut encore y croire. Selon l’ultime enquête Datafolha samedi soir, l’écart s’est resserré, avec une victoire de Lula à 52%/48%. La marge d’erreur est de +/- 2 points et les sondages avaient lourdement sous-estimé le score de Bolsonaro au 1er tour (43% contre 48% pour Lula).

« C’est bien plus serré que quiconque l’aurait cru », dit à l’AFP Brian Winter, rédacteur en chef de Americas Quarterly, « ça va être une élection pleine de confusion ». Bolsonaro acceptera-t-il le résultat s’il est le premier président se représentant à un second mandat à ne pas être réélu depuis le retour à la démocratie en 1985 ?

Après avoir lancé des attaques incessantes contre le système « frauduleux » des urnes électroniques, il a affirmé vendredi: « celui qui a le plus de voix gagne. C’est la démocratie », sans convaincre.

« Menteur”

« Bolsonaro va remettre en question le résultat », estime Rogerio Dultra dos Santos, de l’Université fédérale de Fluminense. Beaucoup craignent une réplique brésilienne de l’assaut du Capitole après la défaite de Donald Trump qui pourrait viser par exemple la Cour suprême si souvent vilipendée par Bolsonaro.

L’ex-capitaine peut compter sur « l’appui de ses électeurs les plus radicalisés (…) et provoquer des troubles », selon l’analyste, qui voit mal toutefois les forces armées s’aventurer dans un coup de force et souligne que les institutions démocratiques sont solides.

Lula, ancien métallo au destin hors norme, a dit espérer que Bolsonaro « reconnaîtra le résultat » s’il perd.
La campagne a été très âpre. Bolsonaro a insulté Lula: « voleur », « ex-prisonnier », « alcoolique » ou « honte nationale ». Ce dernier a rendu les coups: « pédophile », « cannibale », « génocidaire » ou « petit dictateur ».

S’accusant mutuellement de mentir, Bolsonaro et, dans une moindre mesure Lula, ont alimenté la machine à désinformation, qui a fonctionné comme jamais au Brésil.

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