🇧🇩 Fermeture de 150 usines textiles au Bangladesh face à l’escalade des revendications salariales
Au Bangladesh, les fabricants de vêtements ont fermé, samedi 11 novembre, 150 usines « pour une durée indéterminée », alors que le secteur textile est confronté à une forte montée des revendications salariales, qui a conduit la police à poursuivre 11 000 ouvriers pour violences, ont annoncé les autorités.
Le Bangladesh, pays pauvre d’Asie du Sud, est secoué depuis octobre 2023 par de violentes manifestations d’ouvriers du textile réclamant de meilleurs salaires. Celles-ci ont fait au moins trois morts parmi les ouvriers et plus de 70 usines ont été saccagées ou endommagées, selon la police. Le comité du salaire minimum du secteur textile a proposé cette semaine une augmentation de 56,25% du salaire mensuel de base des quatre millions d’ouvriers du secteur, le portant à 12 500 takas (104 euros), un montant jugé « ridicule » et aussitôt rejeté par les syndicats.
Affrontements avec la police
Jeudi 9 novembre, quelque 15 000 ouvriers ont affronté la police sur une autoroute et ont saccagé Tusuka, une importante usine, ainsi qu’une douzaine d’autres. « La police a porté plainte contre 11 000 personnes non identifiées suite à l’attaque de l’usine de confection de Tusuka », a déclaré à l’AFP Mosharraf Hossain, inspecteur de police. Les forces de l’ordre bangladaises lancent souvent des accusations contre des milliers de personnes – sans préciser leurs noms – à la suite de grandes manifestations et de violences politiques, une tactique qui, selon les critiques, est un moyen de réprimer les opposants.
Des responsables de la police ont indiqué à l’AFP que 150 usines avaient fermé leurs portes dans les grandes villes industrielles d’Ashulia et de Gazipur, toutes deux situées au nord de la capitale, Dacca, les industriels craignant en effet de nouvelles grèves au début de la semaine de travail au Bangladesh samedi.
Un défi majeur pour le pouvoir
Les manifestations liées à des revendications salariales constituent un défi majeur pour la Première ministre Sheikh Hasina, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2009. Une opposition résurgente conteste son pouvoir alors qu’elle doit affronter des élections prévues avant la fin janvier 2024. Les 3 500 usines de confection du Bangladesh représentent environ 85% des 55 milliards de dollars d’exportations annuelles du pays, et fournissent de nombreuses grandes marques mondiales, notamment Levi’s, Zara et H&M. Mais les conditions de travail de bon nombre des quatre millions de travailleurs du secteur, dont la grande majorité sont des femmes, sont désastreuses.
RFI (Avec AFP)