🇦🇺 Novak Djokovic expulsé : la Cour australienne rejette son recours à la veille du début de l’Open d’Australie
La Cour fédérale d’Australie a décidé l’expulsion du numéro un mondial du tennis. Le joueur a réagi à la suite de cette injonction irrévocable.
La Cour fédérale australienne a rejeté le recours intenté par le numéro un mondial du tennis contre l’annulation de son visa et son expulsion du pays, dimanche 16 janvier. « La Cour ordonne que le recours soit rejeté aux frais du demandeur », affirme la décision approuvée à l’unanimité par les trois juges, à la veille du début de l’Open d’Australie au cours duquel le Serbe, non-vacciné contre le Covid-19, comptait briguer un 21e titre record en grand chelem.
Dimanche, après l’audience, Djokovic a été reconduit au Park Hotel, l’austère centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière désormais mondialement célèbre, qu’il ne devrait désormais plus quitter que pour embarquer dans l’avion qui le ramènera chez lui. Dans un communiqué de presse, il s’est déclaré « extrêmement déçu » par la décision de la Cour au sujet de son expulsion, mais dit respecter le verdict et s’apprêter à quitter l’Australie. Le sportif a émis le souhait de prendre le temps pour se reposer et récupérer, et a demandé que l’attention se focalise désormais sur le tournoi de l’Open d’Australie.
« La politique ferme de protection des frontières de l’Australie nous a maintenus en sécurité pendant la pandémie » de Covid-19, a affirmé le ministre australien de l’Immigration, Alex Hawke, dans un communiqué. « Les Australiens ont fait de grands sacrifices pour en arriver là et le gouvernement Morrison est fermement décidé à protéger cette position », a-t-il ajouté. L’ATP, qui gère le circuit professionnel masculin de tennis, a estimé dimanche que l’expulsion de Novak Djokovic d’Australie « mettait un terme à une série d’événements profondément regrettables » et que « l’absence [de Djokovic] à l’Open d’Australie est une perte pour le tennis ».
Les trois juges de la Cour ont entendu durant plusieurs heures les arguments des représentants du tennisman et ceux du gouvernement, avant de se retirer pour délibérer. Autorisé à quitter le centre de rétention où il a été placé samedi, Djokovic a suivi l’audience en ligne depuis les bureaux de ses avocats. Une « finale » qui pourrait avoir des répercussions à long terme pour la carrière du Serbe de 34 ans, habitué aux matchs à haute intensité.
« Troubles civils »
À la veille des premiers coups de raquette de l’Open d’Australie, où « Nole » espérait remporter un 21e titre du grand chelem record, l’audience en référé devait décider si le joueur doit être immédiatement renvoyé chez lui et interdit de territoire australien pendant trois ans ou si, au contraire, il peut disputer le tournoi. Dans ses conclusions déposées samedi devant la Cour, le ministre de l’Immigration, Alex Hawke, a soutenu que la présence de Djokovic dans le pays « est susceptible de représenter un risque sanitaire ». Selon lui, elle encourage « le sentiment antivaccination » et pourrait dissuader les Australiens de se faire injecter leurs doses de rappel, alors que le variant Omicron se répand à grande vitesse dans le pays.
La présence en Australie du champion pourrait même « entraîner une recrudescence des troubles civils », a ajouté le ministre. Même s’il a qualifié le risque que Djokovic contamine lui-même des Australiens de « négligeable », le ministre a estimé que son « mépris » passé des règles sanitaires contre le Covid constitue un mauvais exemple. Dimanche, devant la Cour, les avocats de « Djoko » ont qualifié le placement en rétention de leur client et sa possible expulsion d’« illogique », « irrationnel » et « déraisonnable ». Le gouvernement « ne sait pas quelles sont les opinions de M. Djokovic actuellement », a plaidé l’avocat Nick Wood, affirmant que son client n’a jamais soutenu publiquement le mouvement antivaccination.
L’avocat du gouvernement, Stephen Lloyd, a répondu que le fait que le champion ne soit pas vacciné près de deux ans après le début de la pandémie et qu’il ait ignoré de façon répétée les règles sanitaires, notamment en omettant de s’isoler alors qu’il se savait infecté, constituait des preuves suffisantes de sa position. La décision prise par les trois juges de la Cour fédérale est pratiquement impossible à contester tant par le gouvernement australien que par Djokovic. C’est la deuxième fois que le Serbe est visé par une procédure d’expulsion.
« Incompétence »
Il avait été bloqué à son arrivée en Australie le 5 janvier et placé une première fois en rétention administrative. Le joueur, qui a contracté le Covid-19 en décembre, espérait bénéficier d’une exemption pour entrer dans le pays sans être vacciné, mais les autorités n’ont pas accepté cette explication. Le gouvernement australien a subi un humiliant revers le 10 janvier quand un juge a bloqué l’expulsion de Djokovic, rétabli son visa et ordonné sa libération immédiate.
Le ministre de l’Immigration a toutefois annulé son visa pour la deuxième fois vendredi en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, invoquant « des raisons sanitaires et d’ordre public ». Et Djokovic est retourné samedi au Park Hotel, l’austère centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière désormais mondialement célèbre. Dans un communiqué publié mercredi, le tennisman avait admis avoir rempli de manière incorrecte sa déclaration d’entrée en Australie.
Le joueur aux 86 titres ATP, vu en Serbie et en Espagne dans les deux semaines précédant son arrivée, contrairement à ce qu’il a déclaré dans le formulaire d’immigration à son arrivée, a plaidé « l’erreur humaine ». Ce feuilleton à rebondissements se déroule dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde, et où des élections sont prévues d’ici mai.
D’où un contexte politique chargé. La pression s’est intensifiée autour du Premier ministre conservateur, Scott Morrison, accusé d’« incompétence » par l’opposition travailliste. L’affaire Djokovic est aussi suivie assidûment en Serbie, où « Nole » est considéré comme en héros national. Vendredi, le président Aleksandar Vucic a accusé l’Australie de le « maltraiter ».
LePoint