🇪🇺 Le gaz russe n’arrive plus dans l’UE, mais la première région à en souffrir est..
Depuis ce 1ᵉʳ janvier, l’Union européenne se passe de gaz russe pour se chauffer. Celui-ci arrivait toujours, via des pipe-lines traversant l’Ukraine, malgré trois ans de guerre entre Kiev et Moscou. Mais les Ukrainiens ont décidé de ne pas renouveler le contrat de transit de cinq ans, quand bien même il leur rapportait l’équivalent d’un milliard de dollars chaque année. Les pays de l’UE ont eu le temps de s’y préparer, malgré les réticences de la Hongrie, de l’Autriche et de la Slovaquie. Mais pas un petit territoire sécessionniste d’Europe, malgré sa proximité avec Moscou.
La Transnistrie est une région séparatiste de Moldavie, qui abrite un peu plus d’un demi-million d’habitants et a proclamé son indépendance en 1990. Celle-ci n’est pas reconnue internationalement, mais elle bénéficie du soutien de la Russie. Ce territoire, toujours régi par un parti unique attaché aux symboles soviétiques, se maintient le long de la frontière entre Moldavie et Ukraine grâce à une présence militaire russe estimée à 1.500 soldats. Et le statu quo demeure depuis une trentaine d’années.
Toutes les entreprises industrielles sont à l’arrêt, à l’exception de celles qui produisent des denrées alimentaires […] Le problème est si vaste que s’il n’est pas résolu avant longtemps, nous assisterons déjà à des changements irréversibles
Sergei Obolonik
PREDICTION: In 2025 Russia will lose control over Transnistria, a region in Moldova that borders Ukraine. The region doesn't have heating nor electricity after Ukraine did not renew the gas transit contract, an event the Kremlin had 3 years to prepare for.https://t.co/fOWwnwsU8S
— Igor Sushko (@igorsushko) January 3, 2025
Une population sans chauffage en hiver
Sauf que c’est Moscou qui vient de le rompre ; alors que le “grand frère” russe a fermé les vannes, c’est la Transnistrie qui se retrouve sans approvisionnement en gaz. Et les conséquences s’en font déjà sentir, liste The Guardian. La compagnie d’énergie transnistrienne a coupé le chauffage et l’eau chaude et incité les habitants à se réunir dans une seule pièce, en couvrant les fenêtres avec des rideaux ou des couvertures, et en utilisant des radiateurs électriques.
Pendant ce temps, la situation économique plonge. “Toutes les entreprises industrielles sont à l’arrêt, à l’exception de celles qui produisent des denrées alimentaires, c’est-à-dire qui assurent directement la sécurité alimentaire de la Transnistrie”, a résumé le vice-premier ministre en chef de la région, Sergueï Obolonik, sur une chaîne locale. “Il est trop tôt pour juger de l’évolution de la situation […]. Le problème est si vaste que s’il n’est pas résolu avant longtemps, nous assisterons déjà à des changements irréversibles, c’est-à-dire que les entreprises perdront leur capacité à démarrer.”
10 jours de réserves stratégiques
Le dirigeant prorusse de Transnistrie, Vadim Krasnoselsky, a déclaré que la région disposait de réserves de gaz pouvant durer 10 jours en usage limité dans le nord du pays, et deux fois plus longtemps dans le sud. Et délai pendant lequel la région séparatiste devra soit se trouver une autre source de gaz, soit convertir ses infrastructures à marche forcée vers le charbon.
Depuis des mois, le gouvernement de Tiraspol tentait de trouver un accord pour se connecter au réseau moldave. Du côté de Chisinau, on est plutôt coopératif, mais pas gratuitement. Car la Moldavie aussi a déclaré l’urgence énergétique suite au tarissement du gaz russe, même si la situation n’est pas si grave que chez les séparatistes. Les Moldaves ont réduit d’un tiers leur dépendance au gaz russe – qui leur arrivait via la Transnistrie, justement. Et 60% de leur consommation est maintenant importée de Roumanie, détaille The Guardian.
La ligne à haute tension censée relier le pays au réseau électrique européen n’était toutefois pas encore achevée fin décembre. En attendant, le gaz devra être acheté au prix du marché, a annoncé le directeur de la compagnie nationale de gaz moldave, Vadim Ceban, et ça sera le même régime pour la Transnistrie. Or, il n’est pas certain que les séparatistes puissent s’en acquitter, alors qu’ils bénéficiaient de l’énergie russe gratuitement depuis des années.
In Transnistria, central heating was turned off after the russian gas supplies were stopped, — rosZMI
— Jürgen Nauditt 🇩🇪🇺🇦 (@jurgen_nauditt) January 1, 2025
The streets are completely empty, there are no people.
People are advised to dress warmly, because no one knows how to solve the problem. pic.twitter.com/z1R8QaY6AD
“L’une des plus grandes défaites de Moscou”
Si elle a été longue à mettre en place, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a sans doute raison de considérer comme “une des plus grandes défaites de Moscou” la rupture du gaz. L’Union européenne s’est presque entièrement sevrée du gaz russe, lui préférant l’approvisionnement norvégien ou américain ; une perte sèche de revenus, pour le Kremlin. Et les prémices d’un désastre humanitaire en Transnistrie, qui pourrait sonner le glas de ce régime séparatiste prorusse. On ne peut prédire comment la population réagira face à cette crise qui débute à peine. Mais si elle ne peut plus compter sur l’aide de Moscou, que vaudront alors les 1.500 soldats russes qui soutiennent le régime, coincés entre la Moldavie et l’Ukraine?
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