🇦🇺 Innocentée du meurtre de ses 4 enfants après 20 ans de prison, Kathleen Folbigg devrait recevoir une indemnisation record

🇦🇺 Innocentée du meurtre de ses 4 enfants après 20 ans de prison, Kathleen Folbigg devrait recevoir une indemnisation record

Kathleen Fobigg avait été condamnée à 30 ans de prison en 2003 pour le meurtre de ses quatre enfants. Considérée à l’époque comme “la pire tueuse en série d’Australie”, elle avait finalement été graciée et libérée en juin dernier au terme d’une enquête approfondie. L’une des pires erreurs judiciaires de l’histoire du pays. Sa condamnation a été formellement annulée ce jeudi par une cour d’appel de Nouvelle-Galles-du-Sud. À 56 ans, dont 20 en détention, elle devrait désormais recevoir une indemnisation record.

Kathleen Folbigg (à droite) et son avocate © ANP / EPA

En 2003, un jury avait déclaré Kathleen Folbigg coupable du meurtre de trois de ses enfants, Patrick, Sarah et Laura, et de l’homicide involontaire de son quatrième enfant, Caleb, entre 1989 et 1999. L’aîné était âgé de 19 mois et le plus jeune de 19 jours. La mère de famille avait toujours clamé son innocence et affirmé qu’ils étaient tous décédés de causes naturelles. Condamnée en première instance à une peine de 40 ans de prison, réduite à 30 ans en appel, elle a finalement été innocentée après deux décennies derrière les barreaux. En juin 2023 au terme d’une enquête d’un an qui avait pu établir un “doute raisonnable” sur l’origine de ces décès successifs, elle avait été graciée et remise en liberté. La cour d’appel de Nouvelle-Galles-du-Sud a désormais officiellement reconnu son innocence ce jeudi et estimé que les preuves exploitées à l’époque n’étaient “pas fiables” (suite ci-dessous).

Nouvelles preuves médico-légales

Pour appuyer leur thèse, l’accusation s’était à l’époque appuyée sur la loi très controversée de Meadow. Celle-ci considère que les parents sont automatiquement “présumés meurtriers” si trois nourrissons (ou plus) meurent subitement”, rappelle Slate. Les magistrats avaient également exploité des extraits de son journal intime, que l’accusée estimait surinterprétés et sortis de leur contexte. En 2018, rebondissement dans l’affaire: des recherches révèlent que Kathleen et ses deux filles étaient porteuses d’une variation génétique rare et que ses deux garçons étaient porteurs d’une variante. Or, il a été démontré “que ce gène pouvait provoquer une épilepsie létale précoce”, selon les experts, et qu’il existait donc “une forte probabilité que les décès de ces quatre enfants soient naturels”. Face à ces nouvelles preuves médico-légales, des dizaines de scientifiques australiens et étrangers avaient dès lors lancé une pétition en 2021 pour exiger sa remise en liberté. Leur appel avait été entendu et une nouvelle enquête avait été diligentée pour réanalyser les accusations en profondeur, jusqu’au dénouement final, énorme camouflet pour la justice australienne (suite ci-dessous).

“Le système a préféré me blâmer plutôt qu’accepter que parfois, les enfants peuvent mourir et meurent de manière soudaine, inattendue et déchirante”

Kathleen Folbigg

Reconnaissante envers la science

Ce jeudi, devant le tribunal de Sydney, Kathleen Folbigg a déclaré qu’elle était reconnaissante envers la science et la génétique pour avoir apporté des réponses à ce quadruple drame. “Cependant, même en 1999, nous disposions des réponses juridiques pour prouver mon innocence. Or, elles ont été ignorées et rejetées. Le système a préféré me blâmer plutôt qu’accepter que parfois, les enfants peuvent mourir et meurent de manière soudaine, inattendue et déchirante”, a-t-elle confié. “Mes enfants sont ici avec moi aujourd’hui et ils resteront proches de mon cœur jusqu’à la fin de ma vie. J’aimais mes enfants et je les aimerai toujours”, a-t-elle ajouté.

Vers une indemnisation record?

À l’issue de l’audience, l’avocate de Kathleen Folbigg, Rhanee Rego, a introduit une demande d’indemnisation auprès de l’État australien de Nouvelle-Galles-du-Sud. Elle n’a pas évoqué de montant précis mais laissé entendre qu’il serait d’une importance sans précédent dans l’histoire du pays. Le procureur général Michael Daley a confirmé que cette demande était en cours d’examen.

© ANP / EPA
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