🇩🇿🇲🇱 Crise entre l’Algérie et le Mali : l’affaire du drone fait monter les tensions

Depuis la destruction d’un drone malien par l’Algérie, dans la nuit du 31 mars au 1er avril à Tinzaouatène, à la frontière entre les deux pays, les relations diplomatiques se sont fortement tendues entre Alger et Bamako. Lundi 7 avril, l’Algérie a répliqué aux accusations du Mali et de ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES), les qualifiant de « mensongères » et dénonçant l’échec du régime putschiste malien.
Données techniques en opposition
L’Algérie assure que le drone a violé son espace aérien sur une distance de 1,6 km, à minuit huit minutes, avant de revenir sur une trajectoire jugée offensive, ce qui justifierait son abattage. Alger affirme également qu’il s’agirait de la troisième incursion d’un drone malien après celles des 27 août et 29 décembre 2024.
Bamako, de son côté, rejette fermement ces allégations et affirme disposer de données enregistrées prouvant que l’appareil n’a jamais quitté son territoire. Aucune des deux parties n’a cependant publié ces données, plongeant les observateurs dans l’incertitude.
Fermetures réciproques de l’espace aérien
L’escalade a franchi un nouveau palier avec la fermeture réciproque de l’espace aérien entre les deux pays :
- L’Algérie a fermé son espace à tous les appareils en provenance ou à destination du Mali, y compris civils.
- Le Mali a répondu en interdisant à son tour l’accès à son ciel aux aéronefs algériens, civils et militaires.
L’Algérie a néanmoins épargné de cette mesure les alliés du Mali, le Niger et le Burkina Faso, tout en dénonçant leur « alignement inconsidéré » sur la position malienne.
Rappel d’ambassadeurs et crise diplomatique
Dans la foulée, Alger a rappelé ses ambassadeurs au Mali et au Niger pour consultation, et a reporté la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. De leur côté, les pays de l’AES avaient déjà rappelé les leurs en poste en Algérie.
Le Mali est allé plus loin en convoquant l’ambassadeur algérien à Bamako, en annonçant son retrait du Cemoc – un comité sécuritaire jugé peu opérationnel – et en menaçant de porter plainte devant les instances internationales pour actes d’agression.
Une intensité verbale, mais pas militaire
Si les échanges verbaux sont particulièrement virulents, aucun signe d’escalade militaire ne se profile à ce stade. Les experts s’accordent à dire que les deux parties, bien que sur des lignes dures, retiennent leurs coups sur le plan diplomatique.
La supériorité militaire supposée de l’Algérie et le partenariat avec la Russie, commun aux deux pays, sont perçus comme des éléments modérateurs dans cette crise inédite.
Vers d’autres représailles diplomatiques ?
Certains observateurs estiment que le Mali pourrait encore durcir le ton, par exemple en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ou en rompant totalement les liens diplomatiques avec l’Algérie. Pour l’heure, les deux États campent sur leurs positions, et la crise semble loin d’être résolue.
Comme le prévient un chercheur sahélien :
« Le feuilleton n’est pas terminé. »