Basket : Makhtar N’Diaye, l’expérience américaine au service du Sénégal
À la fois dénicheur de talents à l’international pour la mythique équipe NBA des Knicks de New York et manager général, depuis quelques mois, de l’équipe masculine de basket-ball du Sénégal, l’ancien joueur Makhtar N’Diaye a une ambition débordante. Très attaché à ses racines et à son pays, celui qui fut le premier Sénégalais à évoluer dans la meilleure ligue du monde veut aider la sélection à optimiser son formidable potentiel.
Kigali Arena, vendredi 27 Novembre. Le buzzer retenti dans l’écrin rwandais. Les sourires sont sur toutes les lèvres des Lions de la Teranga : le Sénégal s’impose face à l’Angola et se rapproche grandement de l’AfroBasket 2021. Derrière le banc du sélectionneur Boniface N’Dong, une silhouette se lève, poing levé de satisfaction. Cet homme de l’ombre, c’est Makhtar N’Diaye.
Figure incontournable du basket-ball sénégalais, il a été le premier joueur du pays à évoluer en NBA (en 1999, aux Grizzlies de Vancouver) et malgré les milliers de kilomètres au compteur dans le monde du basket – il est passé par les États-Unis, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Lituanie et la Grèce -, l’ancien intérieur garde toujours un rêve en tête, qui lui met des étoiles plein les yeux : aider son pays. « Cela a toujours été quelque chose de très important pour moi, d’apporter mon soutien et mon expérience à l’équipe nationale du Sénégal, précise le natif de Diourbel. J’ai eu le privilège de pouvoir apprendre énormément durant ma carrière de joueur et depuis que j’ai raccroché les baskets, et cela me paraît normal de rendre au basket sénégalais ce qu’il m’a donné ».
Un homme d’expériences
Nommé Manager général de l’équipe nationale masculine, N’Diaye, aux côtés de son ami Boniface N’Dong, qui a pris le poste de sélectionneur, cumule cette fonction avec celle de scout international pour les Knicks de New York. « Cela fait longtemps que je m’implique directement ou indirectement pour la sélection, mais le fait d’avoir désormais un poste officiel permet de travailler en profondeur, et de mettre un vrai programme en place pour l’équipe », souligne-t-il, avant d’ajouter que « la priorité, c’est d’apporter mon expérience et de me mettre au service de la fédération, en aidant notre équipe senior à maximiser son potentiel. Et Dieu sait que l’on en a beaucoup », sourit-il.
L’ancien joueur de l’université du Michigan et de North Carolina n’a jamais perdu ce lien avec son pays de naissance, de par son parcours personnel et professionnel. Membre de l’équipe qui a gagné l’AfroBasket 1997 à domicile, N’Diaye s’est ensuite investi dans divers projets pour mettre un coup de projecteur sur le basket sénégalais, en aidant les talents locaux. « Le fait d’avoir travaillé avec des talents comme Gorgui Dieng, que j’ai ensuite aidé en étant son agent, a été une étape importante dans ma carrière. J’ai toujours cherché à développer le plus de compétences possibles, et je me challenge (sic) en permanence », précise-t-il, en misant sur « cette qualité que j’ai d’apprendre vite et de vouloir être le plus impactant possible dans les fonctions que je remplis ».
En effet, N’Diaye se retrouve pour la première fois dans une position de décideur, et pas seulement de conseiller comme il le fait aux Knicks : « Être scout, c’est de l’observation, de l’échange d’informations mais on ne décide rien. Alors que Manager, qui est un poste que je n’avais jamais eu dans ma vie, est différent, car on peut prendre des décisions, en accord avec le staff et la fédération. C’est une immense responsabilité, un gros défi, encore plus pour nous avec nos budgets limités et avec le contexte actuel dû à la pandémie, ce qui nous donne une marge d’erreur bien plus petite que la normale », constate-t-il.
Remporter l’AfroBasket 2021
Ses expériences croisées, qu’il définit comme « enrichissantes tant pour ma carrière de scout NBA que pour mon rôle de manager général du Sénégal », sont des atouts considérables pour l’équipe nationale du Sénégal, dans un contexte où le basket africain cherche constamment à recevoir de l’aide de ses divers talents expatriés (joueurs, entraîneurs, formateurs) parfois trop peu impliqués dans le développement de leur sport dans leur pays de naissance.
Pour Makhtar N’Diaye, New York et Dakar n’ont jamais été aussi proches, mais le Rwanda, et Kigali en tête, sont déjà à l’esprit pour l’été 2021. « Je rêve d’aider les miens à remporter l’AfroBasket de l’an prochain, c’est clair. On en parle tout le temps, et c’est un objectif. Je n’oublierai jamais le titre remporté à la maison en 1997, et l’un de mes rêves et de le remporter à nouveau, cette fois-ci dans la peau d’un dirigeant », assume-t-il.
Par Michaël Oliveira Da Costa – RFI Afrique