🇸🇳 PASTEF au pouvoir : défis et perspectives pour une transformation systémique après 1000 jours

🇸🇳 PASTEF au pouvoir : défis et perspectives pour une transformation systémique après 1000 jours

Entre victoire Ă©lectorale et incertitudes politiques

Le 24 mars 2024 marque une Ă©tape majeure pour le SĂ©nĂ©gal : la victoire Ă©lectorale du PASTEF et l’arrivĂ©e au pouvoir du duo Diomaye – Sonko. Cette alternance, perçue par ses partisans comme le premier jalon d’une rĂ©volution dĂ©mocratique, intervient après trois annĂ©es tumultueuses, marquĂ©es notamment par l’affaire Sweet Beauty et les mobilisations populaires. Cependant, huit mois après cette accession, des interrogations persistent quant Ă  l’orientation politique et aux dĂ©fis Ă  relever pour inscrire durablement ce changement dans l’histoire politique du pays.

Succès électoraux contrastés

Avec un pourcentage constant de suffrages oscillant entre 54 et 55 % lors des prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives, le PASTEF peut se prĂ©valoir d’une lĂ©gitimitĂ© solide. Ces rĂ©sultats dĂ©mentent les critiques de l’opposition, qui accusait le rĂ©gime de manquement Ă  ses promesses de rupture. Toutefois, la chute du taux de participation de 61,3 % Ă  49,72 % entre les deux scrutins soulève des doutes quant Ă  la mobilisation populaire et l’appropriation des nouveaux paradigmes proposĂ©s.

Les défis de l’unité et de la structuration

Le camp patriotique fait face Ă  des dissensions internes, rĂ©sultat de sa composition hĂ©tĂ©rogène allant des conservateurs sociaux aux marxistes. L’organisation d’un premier congrès du PASTEF apparaĂ®t comme une nĂ©cessitĂ© pour prĂ©venir les risques d’implosion et structurer durablement ce parti. L’expĂ©rience des alternances prĂ©cĂ©dentes, oĂą l’absence de dĂ©mocratie interne a contribuĂ© Ă  l’effondrement des partis au pouvoir, rappelle l’importance d’une organisation solide.

Une vision idéologique à préciser

Bien que le PASTEF s’identifie au patriotisme et au souverainisme, l’absence d’une ligne idĂ©ologique claire peut ĂŞtre perçue comme un handicap. Cette ambiguĂŻtĂ©, typique des mouvements populistes cherchant Ă  Ă©largir leur base, pourrait entraver la transformation systĂ©mique souhaitĂ©e. Les risques de surenchères idĂ©ologiques ou d’insatisfactions face au retard dans la satisfaction des besoins sociaux demeurent prĂ©sents.

Enseignements historiques et comparaisons

L’exemple de Salvador Allende au Chili, où une coalition progressiste fut renversée après seulement 1000 jours au pouvoir, offre un parallèle instructif. Pour éviter un sort similaire, le Sénégal doit tirer parti des erreurs passées en forgeant une forte alliance avec les couches sociales les plus affectées par la crise du capitalisme et en opérant une refondation institutionnelle ambitieuse.

Une démocratie participative comme levier

La pĂ©rennisation du projet patriotique nĂ©cessite l’émergence d’une dĂ©mocratie participative. Cela passe par l’éclosion des droits et libertĂ©s, une vĂ©ritable implication des masses populaires, et une adhĂ©sion profonde aux rĂ©formes. Ce n’est qu’à travers une telle dĂ©marche que le SĂ©nĂ©gal pourra dĂ©passer les Ă©cueils traditionnels des alternances et inscrire ce changement dans la durĂ©e.

Le dĂ©fi pour le PASTEF reste immense : conjuguer la transformation systĂ©mique avec la stabilitĂ© politique, tout en rĂ©pondant aux attentes pressantes d’une population en quĂŞte de justice sociale et de renouveau.