🇸🇳 Nouvelle législature au Sénégal : Pastef en force et la loi d’amnistie au centre des débats
Ce lundi 2 décembre 2024, les 165 députés issus des législatives anticipées du 17 novembre prennent leurs fonctions à l’Assemblée nationale du Sénégal, marquant le début de la quinzième législature. Dominée par le parti Pastef-Les Patriotes, cette session s’annonce sous haute tension politique, notamment autour de la question controversée de l’abrogation de la loi d’amnistie.
Une victoire écrasante pour Pastef
Le parti dirigé par Ousmane Sonko a décroché une majorité absolue avec 130 sièges sur 165, grâce à 54,97 % des voix (1 991 770 suffrages). Cette domination laisse peu de marge de manœuvre à une opposition éclatée.
- Takku Wallu Sénégal, coalition menée par l’ancien président Macky Sall, obtient 16 sièges, renforcée par le soutien d’Abdou Karim Sall.
- Jàmm Ak Njariñ, sous la direction de l’ex-Premier ministre Amadou Ba, s’octroie 7 sièges.
- Sàmm Sa Kaddu, portée par le maire de Dakar Barthélémy Dias, en décroche 3.
- Des coalitions et partis plus modestes, comme Andu Nawle, Sénégal Kessé, ou Pôle alternatif 3e voie, se partagent les sièges restants.
La loi d’amnistie : un sujet brûlant
Au cœur des préoccupations de cette législature figure le débat sur l’abrogation de la loi d’amnistie.
Aïssata Tall Sall, ancienne ministre de la Justice, a mis en garde contre les implications d’une telle décision. Selon elle, le principe de non-rétroactivité des lois rend l’abrogation juridiquement complexe et politiquement risquée. Elle a rappelé que cette loi avait permis à des figures politiques majeures, y compris l’actuel président et son Premier ministre, d’échapper à des condamnations.
Cependant, l’avocat Me Bamba Cissé a contesté certains arguments. Il a souligné que l’abrogation d’une loi d’amnistie ne vise pas à instaurer de nouvelles infractions mais à corriger des injustices. « La loi pénale plus douce rétroagit, mais une nouvelle loi d’amnistie ne contrevient pas aux principes de justice et d’équité », a-t-il précisé.
Une session sous tension
Avec une opposition affaiblie et un parti au pouvoir omniprésent, les enjeux autour de l’abrogation de la loi d’amnistie et d’autres réformes risquent d’intensifier les tensions politiques. La quinzième législature s’annonce comme un test décisif pour la démocratie sénégalaise et la capacité de ses institutions à gérer des sujets sensibles dans un climat de polarisation.