🇸🇳 L’Université Gaston Berger face à la détresse étudiante : une thérapie collective pour briser le silence

🇸🇳 L’Université Gaston Berger face à la détresse étudiante : une thérapie collective pour briser le silence

L’Université Gaston Berger (UGB) a organisé, jeudi, une séance inédite de thérapie collective au sein de l’UFR Crac (Civilisations, Religions, Arts et Communication). Cette initiative, menée par le Dr Ibrahima Giroux, professeur en psychologie cognitive, a offert aux étudiants un espace d’expression pour extérioriser leur mal-être, dans un contexte marqué par le suicide de Matar Diagne et la tentative de suicide d’une autre étudiante.

Une réponse face à l’urgence

Selon L’Observateur, cette initiative du Réseau santé mentale vise à accompagner les étudiants en détresse et à les aider à surmonter le choc provoqué par ces drames. Le professeur Giroux confie recevoir de nombreux étudiants affectés, certains restant jusqu’à tard dans la nuit pour partager leur douleur. « Je reste assis jusqu’à 2h du matin pour écouter ceux qui ont été en contact avec le défunt ou qui sont profondément touchés par la situation », a-t-il déclaré.

Face à un traumatisme grandissant, cette thérapie de groupe s’est imposée comme une nécessité pour favoriser la libération de la parole. Plusieurs étudiants ont témoigné, évoquant la pression familiale, le manque d’écoute et les jugements pesants sur leur personnalité et leur apparence. Certains ont révélé avoir été victimes de harcèlement moral, tandis que d’autres exprimaient un sentiment de solitude et d’incompréhension au sein de l’université.

Une détresse profonde et un manque de soutien

« Depuis la mort de Matar Diagne, nous avons reçu plus d’une centaine d’étudiants. Il s’avère que le mal-être est très profond à l’Université », alerte le professeur Giroux. Il souligne que la peur du jugement et l’absence d’écoute freinent souvent les étudiants à exprimer leur souffrance.

Cette problématique n’est pas nouvelle dans l’enseignement supérieur. Le clinicien Serigne Mor Mbaye plaide depuis plus de 20 ans pour la mise en place de bureaux d’écoute universitaire. Selon lui, le manque de soutien psychologique engendre une souffrance chronique pouvant avoir des conséquences dramatiques.

Vers une prise de conscience institutionnelle

Le professeur Giroux insiste sur la difficulté de diagnostiquer la détresse psychologique dans un contexte où la culture de la santé mentale reste peu développée. « Un des symptômes de la dépression reste les pensées suicidaires et les tentatives de suicide. C’est la dernière phase de la dépression. Il faut savoir qu’il y en a à l’Université », avertit-il.

Conscient de l’ampleur du problème, le Réseau santé mentale a annoncé l’organisation de séances hebdomadaires de thérapie collective afin d’accompagner les étudiants et de prévenir de nouvelles tragédies. Cette démarche marque un pas vers une meilleure prise en charge du bien-être mental au sein de l’UGB.