🇸🇳 Loyer au Sénégal – Fixation de la caution à 2 mois : quand le bonheur des uns fait le malheur des autres
Pour louer une chambre, un studio ou un appartement au Sénégal, les bailleurs réclamaient aux locataires une caution allant de trois à six mois. En décembre dernier, la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, a fixé par décret la caution à deux (2) mois, menaçant de sanctions les récalcitrants. Un mois après la mesure, des courtiers se trouvant à Dakar ne frottent plus les mains. Certains commencent à déserter le métier et changer de business au moment où des Dakarois se sentent soulagés. (Reportage de PressAfrik)
Assis en face de la Brioche dorée de Liberté 6, Modou Ngom courtier depuis 5 ans juge la situation « très compliquée » depuis la fixation par le ministre du Commerce à 2 mois qui impacté leur business. Ce, parce que c’est l’agence qui récupère tout (2 mois de caution) ne leur donnent pas de commission.
« Maintenant, lorsque vous signez un bail de location pour un logement, le propriétaire ne peut pas réclamer plus de deux mois de loyer. Ce qui impacte sur notre travail, car l’argent est directement reversé au propriétaire, on n’a pas de commission malgré l’aide qu’on apporte. Moi personnellement les cautions que je reçois sont à partir de 3 mois et la plupart du temps, ce sont des gens qui me sont présentés par des connaissances ça ne leur pose pas de problèmes de verser la somme réclamée ».
A en croire ce courtier à la mine serrée, certains de ses collègues qui ne se retrouvent plus trop dans ce métier ne se fatiguent plus sachant qu’ils ne vont pas recevoir de commission.
La caution de garantie est la somme est exigée aussi bien dans un contrat de location meublée que dans le cadre d’un bail non meublé. Elle permet au propriétaire de financer la réparation des éventuels dégâts causés sur la résidence par le locataire après le départ de celui-ci. Le bailleur peut donc se servir de cette somme pour refaire la peinture de l’appartement loué, réparer une fenêtre cassée ou pour couvrir toute autre réparation locative.
Cette caution si élevée était devenue un véritable casse-tête pour des Sénégalais ou étrangers à la recherche de logement. Il a fallu l’intervention du gouvernement après plusieurs complaintes pour mettre de l’ordre. Mais le bonheur des uns a fait le malheur des autres. Aujourd’hui, des Sénégalais se sentent soulagés avec cette mesure, qui ne fait pas l’affaire des courtiers.
Les courtiers se font rares
Abdoulaye Baldé, dans la trentaine, habitant à Grand Dakar révèle qu’il a mis près de 8 mois avant de pouvoir trouver un appartement. Pour cause, le coût excessivement cher du loyer et les dépôts de garantie appelés mois de caution exigés par les propriétaires de logements dans la capitale sénégalaise. « C’est difficile, car ici, les agences immobilières sont généralement positionnées dans les logements de luxe, donc il faut se débrouiller soi-même. Dans mon cas le montant le plus élevé que l’on m’a exigé, c’est 5 mois de caution », témoigne-t-il. À cela, vient s’ajouter les « courtiers, qui exigent 2.000 à 3.000 Fcfa pour frais de déplacement et la plupart du temps ne te trouvent pas logements », regrette-t-il.
La fixation de la caution de garantie à 2 mois est un soulagement pour cette mère de famille Aminata Diop. « C’est une bonne chose même si certaines entreprises de location continuent d’exiger 3 mois. Le seul hic c’est que la disponibilité des courtiers à changer. Tu sollicites leurs services, mais une fois qu’ils savent que tu n’es pas prêt à payer plus de 2 mois, ils te disent qu’ils vont te rappeler sans suite. Je cherche un appartement, car je dois déménager, mais toujours rien certaines agences font du favoritisme et c’est déplorable », dénonce la mère de famille.
Il n’y a pas assez de logements pour loger tout le monde
A Liberté 6 près du Pentola, Beugue Fallou, courtier depuis plus de 15ans discute avec ses collègues. Il affirme que le décret n’a rien changé à sa situation. « Je suis dans ce métier depuis plus de 15 ans et j’ai jamais demandé plus de 2 mois de caution de ce fait la décision du ministre n’impacte pas vraiment mon travail ». Tenant un business à côté, il soutient que le vrai problème se situe sur le fait que la demande soit supérieure à l’offre. « Il n’y a beaucoup pas de logements. Ce qui fait que les gens ont tendance à ne pas trouver d’endroits où loger à cela s’ajoute que les locations dépendent des quartiers et des lieux ».
Capitale active implantée sur une étroite presqu’île, Dakar compte plus de 3,7 millions d’habitants. Soit le quart de la population sénégalaise, estimée à 17 millions de personnes qui sont regroupées sur 0,3 % du territoire.
Par PressAfrik