🇸🇳 Fonds Covid-19 : plus de 258 millions récupérés, huit ministères ciblés et 292 dossiers ouverts par la justice

Le parquet de Dakar a livré ce jeudi une communication détaillée sur l’évolution des procédures judiciaires liées aux détournements présumés des fonds de la Force-Covid-19. Plusieurs procureurs ont présenté l’état d’avancement des enquêtes, les montants recouvrés, les ministères concernés, et les mécanismes de cautionnement, au cours d’un point de presse tenu au Tribunal de Dakar.
Depuis la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19, le Parquet de Dakar a engagé des poursuites soutenues contre les personnes mises en cause. En l’espace de deux jours, plus de 258 millions de francs CFA ont été recouvrés, selon le procureur de la République, Ibrahima Ndoye. Ces montants correspondent à des cautions et remboursements effectués par des individus cités dans le rapport d’audit, notamment pour des faits de détournement de deniers publics.
Lors du point de presse, tenu en présence du procureur général Mbacké Fall et du procureur financier El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, des chiffres révélateurs ont été communiqués. Depuis la création du Pool judiciaire financier en septembre 2024, 292 dossiers ont été ouverts, 262 personnes arrêtées, et 15 milliards de FCFA saisis ou récupérés. Rien que cette semaine, 27 personnes ont été présentées au procureur.
Huit ministères sous le coup d’enquêtes
Le procureur Ibrahima Ndoye a également indiqué que huit ministères sont spécifiquement visés par des rapports transmis au parquet. Il s’agit notamment de :
- Ministère des Mines et de la Géologie
- Ministère de la Culture et de la Communication
- Ministère de la Jeunesse
- Ministère des Sports
- Ministère de la Santé
- Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’Enfance
- Ministère du Développement industriel et des PMI
- Ministère du Développement communautaire
Ces départements font l’objet de fortes présomptions de mauvaise gestion voire de détournements dans le cadre de la gestion du fonds Force-Covid-19.
Procédures en cours et mise en accusation
Selon le procureur général Mbacké Fall, certaines des personnes visées ont occupé des fonctions ministérielles durant la période auditée (2020-2021), ce qui nécessite une résolution de mise en accusation par l’Assemblée nationale avant toute comparution devant la commission d’instruction de la Cour d’appel de Dakar. Cette dernière fonctionnant comme un juge d’instruction, mènera des enquêtes à charge et à décharge. Si les charges sont retenues, les dossiers seront transmis à la Haute Cour de Justice pour jugement.
Les règles de la liberté provisoire sous caution
Les autorités judiciaires ont également précisé les conditions encadrant l’octroi de la liberté provisoire aux personnes poursuivies. En vertu de l’article 140 du Code de procédure pénale, un inculpé peut être remis en liberté sous caution s’il reconnaît les faits et accepte de rembourser les montants, ou s’il présente des raisons médicales valables.
Toutefois, la décision relève du juge d’instruction, en accord avec le ministère public. En cas de désaccord, le parquet peut interjeter appel dans un délai de cinq jours. Le procureur financier Sylla a précisé que la validation d’un cautionnement n’intervient que lorsque toutes les conditions légales sont réunies, sans quoi la demande est systématiquement rejetée.
Transparence et redevabilité
Cette vaste opération judiciaire s’inscrit dans une volonté de transparence, de redevabilité et de rétablissement de la confiance publique. Le parquet a réaffirmé son engagement à poursuivre les investigations et à tenir l’opinion informée, dans le respect des droits des personnes mises en cause.
Les enquêtes se poursuivent, et de nouvelles convocations ainsi que d’éventuelles inculpations pourraient intervenir dans les jours à venir.