🇸🇳 Macky Sall «félicite le vainqueur Bassirou Diomaye Faye»
Au SĂ©nĂ©gal, Amadou Ba, ex-Premier ministre du pays et candidat de la majoritĂ©, a appelĂ© « au tĂ©lĂ©phone Bassirou Diomaye Faye afin de le fĂ©liciter », ce 25 mars 2024, a indiquĂ© le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, au lendemain de la prĂ©sidentielle. Puis c’est le chef de l’État sortant, Macky Sall, qui a « fĂ©licitĂ© le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant », sur le rĂ©seau social X.
« Je salue le bon dĂ©roulement de l’élection prĂ©sidentielle du 24 mars 2024 et fĂ©licite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant. C’est la victoire de la dĂ©mocratie sĂ©nĂ©galaise. » C’est sur le rĂ©seau social X que Macky Sall, chef de l’État du SĂ©nĂ©gal, a rĂ©agi Ă la victoire annoncĂ©e de cet opposant issu de la formation dissoute Patriotes africains du SĂ©nĂ©gal pour le travail, l’Ă©thique et la fraternitĂ© (Pastef).
Un peu plus tôt ce lundi, c’est dans un court communiqué de la coalition Benno Bokk Yakaar qu’Amadou Ba, candidat de la majorité pour ce même scrutin du 24 mars 2024, avait reconnu sa défaite : « Au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour. » Dans ce même texte, l’ex-Premier ministre avait déclaré « lui souhaite[r] beaucoup de réussite et de succès pour le bien-être du peuple sénégalais ». Au moins 13 des 17 candidats en lice pour la présidentielle avaient déjà salué la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
Ă€ l’Ă©tranger, Adama Barrow, prĂ©sident de la Gambie, a Ă©tĂ© un des premiers Ă rĂ©agir : « Je fĂ©licite M. Bassirou Diomaye Faye pour une Ă©lection victorieuse et fĂ©licite le peuple de la RĂ©publique du SĂ©nĂ©gal. »
La victoire, qui se dessinait depuis dimanche soir, ne fait désormais plus de doute même si les résultats officiels ne devraient pas être proclamés avant plusieurs jours. Ceux provisoires seront en effet donnés au plus tard mardi soir au niveau départemental, puis annoncés au niveau national au plus tard le vendredi 29 mars par la cour d’appel de Dakar.
Bassirou Diomaye Faye doit donc devenir le plus jeune président du pays, lui qui fête ce 25 mars son 44e anniversaire.
La veille, 7,3 millions de Sénégalais étaient appelés aux urnes pour élire le cinquième chef d’État du pays, après Léopold Sédar Senghor (1960-1980), Abdou Diouf (1981-2000), Abdoulaye Wade (2000-2012) et Macky Sall (2012-2024). Une présidentielle initialement prévue le 25 février dernier, dont le report avait plongé le pays dans la tourmente.
Bassirou Diomaye Faye, de la prison à la présidentielle
Après trois années de crise, le pays pourrait opérer un véritable changement. Et pour cause : Bassirou Diomaye Faye est un opposant qui se veut antisystème. Il a fait campagne sur le rétablissement de la souveraineté nationale, la lutte contre la corruption et une meilleure répartition des richesses. L’homme était encore en prison il y a deux semaines, où il purgeait une peine pour outrage à magistrat.
Longtemps dans l’ombre du populaire Ousmane Sonko, le Secrétaire général et membre fondateur de l’ancien Pastef, est aujourd’hui en première ligne.
« Bassirou est plus honnête que moi, Bassirou est un homme extrêmement brillant », mots d’Ousmane Sonko, mentor politique de Bassirou Diomaye Faye.
Ce dernier, de son cĂ´tĂ©, estime : « Je suis quelqu’un de particulièrement raisonnĂ©, de particulièrement raisonnable, de particulièrement sensĂ©, de particulièrement rĂ©flĂ©chi. »
Cette posture, Bassirou Diomaye Faye, affirme qu’elle vient de sa culture sérére, basée notamment sur l’égalité, le respect des ainés et de son enfance au sein d’une famille d’agriculteurs. « Ainé de cette famille, j’ai très tôt développé mon esprit de leadership », assure-t-il.
C’est en suivant son père (« ma référence », souligne l’intéressé), militant socialiste, que « BDF » – comme le surnomme les Sénégalais – a commencé à forger son identité, syndicale et politique.
École à la campagne, dans son village natal de Ndiaganiao, bac sans mention – un échec, pour lui – à Mbour, puis une maitrise de droit à Dakar qui lui ouvre les portes de l’École nationale d’administration (ENA).
L’ENA où il rencontre en 2007, à la salle de sport, Ousmane Sonko. Les deux hommes, inspecteurs des impôts, défendent les mêmes valeurs et fondent en 2014 le Pastef.
Inspiré par l’intellectuel sénégalais Cheikh Anta Diop et le philosophe néerlandais Baruch Spinoza, Bassirou Diomaye Faye – « discret et froid dans l’analyse » indique sa biographie –, a su, malgré un an d’emprisonnement, prouver en dix jours de campagne qu’il avait l’envergure pour prétendre au sommet de l’État.
Présenté par ses opposants comme le « candidat populiste, de la rupture », Bassirou Diomaye Faye a toujours indiqué qu’il ne supportait pas l’injustice et qu’il cherchait avant tout « l’équilibre » pour prendre ses décisions.