🇬🇼 GuinĂ©e-Bissau: le prĂ©sident Embalo dissout le Parlement après la «tentative de coup d’État»
Il avait dĂ©noncĂ© « une tentative de coup d’État » ce samedi : le prĂ©sident Umaro Sissoco Embalo reprend la main Ă Bissau, trois jours après des affrontements qui ont semĂ© la panique dans la capitale, dans la nuit de jeudi Ă vendredi 1er dĂ©cembre. Ce lundi matin, le prĂ©sident bissau-guinĂ©en a dĂ©cidĂ© de dissoudre le Parlement, dominĂ© par l’opposition.
Une rĂ©union du Conseil d’État a Ă©tĂ© convoquĂ©e au palais prĂ©sidentiel, Ă l’initiative du prĂ©sident Umaro Sissoco Embalo, ce lundi matin. Parmi les membres de ce Conseil, tous les reprĂ©sentants des grands corps de l’État, le prĂ©sident de la Cour suprĂŞme, le prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, Domingos Simoes Pereira, et le Premier ministre Geraldo Martins, ainsi que les leaders des partis politiques.
Ă€ l’ordre du jour : la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale, annoncĂ©e ce lundi par le prĂ©sident Embalo, trois jours après des Ă©vĂ©nements qu’il a qualifiĂ©s de « tentative de coup d’État », qui entraĂ®ne mĂ©caniquement une dissolution du gouvernement de cohabitation.Â
Cette option Ă©tait plus qu’envisagĂ©e tant il est vrai que, depuis les Ă©lections lĂ©gislatives de l’Ă©tĂ© dernier, la cohabitation est des plus dures et complexes entre le chef de l’État et le Parlement d’opposition victorieux au sein de la plate-forme de l’Alliance inclusive-Terra Ranka. La tentative de coup d’État de la semaine dernière, provoquĂ©e par un interrogatoire de police Ă l’encontre de deux ministres de cette opposition, en est l’illustration.
Dans ce qui est, actuellement, une cohabitation politique entre le président Bissau Guinéen et l’Assemblée nationale majoritairement composée d’opposants politiques, c’est un joli bras de fer constitutionnel qui se profile.
En effet, peu de temps après l’annonce de cette dissolution, le président de l’Assemblée nationale, Domingos Simoes Pereira (le meilleur ennemi politique d’Embalo) déclarait que cette dissolution n’avait aucune légitimité. La Constitution, explique-t-il, interdit la dissolution du Parlement avant six mois d’exercice. Or, l’Assemblée actuelle n’a que trois mois d’existence.
Un détail qui n’a pas l’air de soucier le président Embalo qui, aussitôt l’annonce faite, redistribuait les postes au sein de son gouvernement de cohabitation, Umaro Sissoco Embalo s’attribuant les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur tandis qu’il confie à son Premier ministre, Geraldo Martins, celui des Finances en lui renouvelant « sa confiance.».
Nouveau scrutin législatif
Tandis qu’ils Ă©taient interrogĂ©s, des élĂ©ments de la Garde nationale ont fait irruption dans les locaux de la police judiciaire, jeudi soir dernier, pour les libĂ©rer. Dans la nuit de jeudi Ă vendredi, des affrontements avec les Ă©lĂ©ments de la Garde nationale, retranchĂ©s dans une caserne du sud de la capitale Bissau, et les forces spĂ©ciales de la Garde prĂ©sidentielle ont Ă©clatĂ©, faisant au moins deux morts.
Une ingĂ©rence des forces de sĂ©curitĂ© intolĂ©rable pour le prĂ©sident Embalo, qui a donc dĂ©cidĂ© de faire table rase du paysage politique actuel en provoquant un nouveau scrutin lĂ©gislatif. Des Ă©lections anticipĂ©es pour tenter de ramener un peu de sĂ©rĂ©nitĂ© dans le pays et d’Ă©quilibre entre lĂ©gislatif et exĂ©cutif.
« La date des prochaines Ă©lections lĂ©gislatives sera fixĂ©e le moment opportun, conformĂ©ment aux dispositions […] de la Constitution », indique ce lundi un dĂ©cret prĂ©sidentiel communiquĂ© Ă la presse. Le prĂ©sident Embalo invoque la « complicitĂ© » entre la Garde nationale et « certains intĂ©rĂŞts politiques au sein mĂŞme de l’appareil d’État ».
« Après cette tentative de coup d’État menĂ©e par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicitĂ©s politiques, le fonctionnement normal des institutions de la RĂ©publique est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique », a-t-il ajoutĂ©.
RFI