🇸🇳 Cinq ex‑ministres visés par une mise en accusation : l’Assemblée nationale enclenche la machine

Le Bureau de l’Assemblée nationale, réuni mercredi, a acté la mise en accusation de cinq anciens membres du gouvernement dans le cadre des dossiers « fonds Force‑Covid‑19 » et d’une affaire distincte de corruption présumée. Les noms retenus sont :
- Mansour Faye, ex‑ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale ;
- Sophie Gladima, ex‑ministre du Pétrole et des Mines ;
- Moustapha Diop, ex‑ministre de l’Industrie ;
- Ndèye Saly Diop Dieng, ex‑ministre de la Femme, de la Famille et du Genre ;
- Ismaïla Madior Fall, ex‑ministre de la Justice.
Quatre dossiers liés aux fonds anti‑Covid
Selon la note transmise aux députés, Mansour Faye, Sophie Gladima, Moustapha Diop et Ndèye Saly Diop Dieng sont cités pour de possibles irrégularités dans la gestion du fonds Force‑Covid‑19 (2020‑2021). Les investigations de la Cour des comptes évoquent :
- surfacturations ;
- marchés attribués dans des conditions opaques ;
- dépenses « sans lien direct » avec la lutte contre la pandémie.
Au total, plusieurs dizaines de milliards de francs CFA sont concernés, d’où la recommandation d’une information judiciaire.
Un cinquième cas distinct : Ismaïla Madior Fall
La présence de l’ancien garde des Sceaux surprend plus d’un observateur : il n’apparaît pas dans le rapport Force‑Covid‑19. D’après Libération, son dossier s’appuie sur « une confession très détaillée d’un entrepreneur, corroborée par le directeur des constructions des palais de justice ». Les faits relèveraient de la corruption présumée dans l’attribution de marchés publics liés au secteur judiciaire.
Prochaines étapes à l’hémicycle
- Vendredi 25 avril : séance plénière pour installer la commission ad hoc chargée d’instruire les dossiers.
- Lundi 28 avril (10 h) : deuxième plénière pour voter – ou non – la mise en accusation formelle devant la Haute Cour de justice.
Pour être validée, la résolution doit recueillir la majorité absolue des députés (au moins 83 voix sur 165). Si elle est adoptée, les anciens ministres seront traduits devant la Haute Cour, seule juridiction habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Un test politique et judiciaire
- Pour le nouveau pouvoir : l’affaire mettra à l’épreuve sa promesse de « reddition des comptes sans exception ».
- Pour l’opposition : la procédure sera scrutée afin de déceler toute instrumentalisation politique.
- Pour la justice : l’institution devra démontrer sa capacité à mener un procès équitable et techniquement solide, sous les projecteurs de l’opinion.
La semaine qui s’ouvre sera donc déterminante : soit les députés suivent les recommandations du Bureau, soit ils n’autorisent pas la poursuite – chaque camp jouera serré avant le vote décisif de lundi.