🇪🇺 Pénurie de moutarde en Europe: Comment l’Etat du Sénégal empêche ses exportateurs de profiter de la situation

🇪🇺 Pénurie de moutarde en Europe: Comment l’Etat du Sénégal empêche ses exportateurs de profiter de la situation

Depuis cinq mois, l’Europe, et particulièrement la France, est confrontée à une pénurie de moutarde sans précédent. Dans les supermarchés et épiceries, les pots de moutarde se font très rares, s’ils ne sont pas invisibles, au point que les prix ont augmenté du simple au triple. Encore faudrait-il trouver ce produit ! Pour pallier la pénurie, des industriels français se sont tournés vers le Sénégal qui dispose d’industries de fabrication de moutarde. Malheureusement, notre économie ne profite pas pleinement de cette aubaine à l’exportation à cause des frais et taxes portuaires très élevés qui entravent le corridor Dakar-Paris, selon une enquête menée par Le Témoin.

Cette rareté est liée en partie à la guerre en Ukraine, mais surtout à de mauvaises récoltes au Canada et en France, les deux principaux producteurs mondiaux de graines de moutarde. En effet, selon France Bleu, cette graine brune a manqué à cause du dôme de chaleur au Canada en 2021 et à cause de la mauvaise récolte en Bourgogne également en 2021, là pour des raisons d’humidité et de gel les 7, 8 et 9 avril 2021.

Les taxes à l’exportation sont trop élevées pour les industriels sénégalais

Cette situation devait profiter aux entreprises sénégalaises de moutarde comme Sosagrin, Senico, Amar trading, Sonia etc. Car, pour pallier la pénurie, les fabricants hexagonaux se sont tournés vers le Sénégal pour importer en quantité industrielle des pots de moutarde. Selon un industriel sénégalo-libanais s’activant dans ce créneau et qui s’est confié au journal Le Témoin, depuis que la France est confrontée à une pénurie généralisée de moutarde, le Sénégal vole au secours de sa gastronomie. « Car, de nombreux industriels français se sont tournés vers notre pays pour importer de la moutarde sous emballage en verre ou en plastique. Des produits en quantité industrielle expédiés par conteneurs vers l’hexagone. Bien évidemment, nous avons fait de très bonnes affaires. Malheureusement, ces derniers temps, les frais et taxes portuaires ont compromis la rentabilité de ces exportations. Une situation déplorable qui a poussé les opérateurs français à se rabattre sur la Côte d’Ivoire dont les procédures d’exportation sont à la fois flexibles et accessibles. Il est vrai qu’il n’y a pas de droits de douanes à l’exportation, mais les frais et taxes d’accostage, de déport et de déchargement sont trop élevés au port de Dakar » se désole notre moutardier installé à la zone industrielle de Dakar.

Dans la même foulée, le directeur général d’une autre entreprise agroalimentaire fabriquant de la moutarde déplore également le fait qu’au Sénégal, les frais et taxes portuaires à l’exportation sont plus élevés que ceux à l’importation. « Une situation paradoxale qui fragilise l’économie sénégalaise et plombe la performance et la compétitivité du Port de Dakar », se désole-t-il dans les colonnes du journal.

« La plante de moutarde est facile à cultiver au Sénégal« 

Pourtant, cette pénurie de moutarde en France pouvait être une aubaine pour nos industries qui exportent si peu et auraient pu trouver là une bouffée d’oxygène. Par ailleurs, le premier moutardier contacté par Le Témoin révèle sa très bonne récolte en matière de graines de moutarde produites au Sénégal. « Oui ! J’ai récemment cultivé et récolté une importante quantité de graines de moutarde, ici, au Sénégal. D’ailleurs, je suis en train de chercher une dizaine d’hectares de terres entre Mbour, Thiès et Fatick pour y développer cette culture de moutarde. Car, la plante de moutarde est facile à cultiver au Sénégal qui dispose de terres fertiles et abondantes, mais faiblement exploitées à cause des chantages de la part des mairies et communautés rurales. Sans compter l’impuissance coupable de l’Etat qui peine à libérer ses terres agricoles prises en otage sans droit ni titre par les populations qui prétendent qu’elles étaient exploitées par leurs aïeux », s’agace le spécialiste de la moutarde qui s’active aussi dans l’agriculture.

Le journal Le Témoin a appris que si le pot de moutarde sénégalaise, qui coûtait 1.200 CFA se vend actuellement à 2.000 CFA, c’est parce que le prix de la tonne de graines de moutarde chez les cultivateurs canadiens a connu une forte hausse. Car, renseigne-t-on, la tonne de graines qui coûtait 300 dollars soit 150.000 CFA à l’importation se négocie aujourd’hui entre 3.600 et 4.000 dollars soit 1.800.000
CFA et 2.000.000 CFA !

Pressafrik