Première sortie spatiale de deux femmes, dont Jessica Meir, félicitées par Trump
« Vous êtes des femmes très courageuses, très intelligentes », leur a lancé Donald Trump ; l’expédition comptait notamment Jessica Meir, dont le père est Israélien
Sur cette photographie publiée par la NASA le jeudi 17 octobre 2019, les astronautes américaines Jessica Meir, gauche, et Christina Koch prennent la pose pour une photo dans la Station spatiale internationale. (NASA via AP)
Pendant plus de sept heures vendredi, les astronautes américaines Christina Koch et Jessica Meir sont sorties ensemble de la Station spatiale internationale (ISS) pour remplacer avec succès un équipement électrique, marquant la première fois dans l’histoire spatiale que deux femmes mènent une telle sortie.
« Ce fut un grand honneur, et un événement, le symbole de l’exploration par tous ceux qui osent rêvent et travaillent dur pour réaliser leur rêve », a dit Jessica Meir, une biologiste marine de 42 ans, recrutée en 2013 par la Nasa, à l’issue de sept heures et 17 minutes de sortie dans l’espace.
Une sortie 100 % féminine avait été programmée en mars, mais la Nasa avait dû l’annuler, faute d’avoir deux combinaisons de la bonne taille prêtes à l’emploi, un épisode embarrassant pour l’agence.
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Leur sortie a été ponctuée d’un appel de félicitations du président Donald Trump, alors que les deux femmes flottaient dans le vide, 415 kilomètres au-dessus de l’océan Indien, à la vitesse habituelle de huit kilomètres par seconde.
« Vous êtes des femmes très courageuses, très intelligentes », leur a lancé Donald Trump depuis la Maison-Blanche. « Nous sommes très fiers de vous. »
« Nous ne voulons pas nous attribuer trop de mérite, car de nombreuses femmes sont sorties dans l’espace avant nous », a répondu Jessica Meir. « Il existe une longue lignée de femmes scientifiques, exploratrices, ingénieures et astronautes. Nous avons marché dans leurs pas. »
Une fois l’appel terminé, les deux femmes, imperturbables, ont repris leurs procédures très techniques.
L’opération était relativement banale et a été couronnée de succès : remplacer un système de recharge des batteries d’une centaine de kilogrammes (sans poids en apesanteur) installé en 2000 à une extrémité de la station près d’immenses panneaux solaires, et qui est tombé en panne le week-end dernier.
Mais sur 220 sorties spatiales depuis le début de l’ISS en 1998, aucune n’avait été faite par deux femmes en même temps. Jessica Meir est seulement la quinzième femme de l’histoire à « marcher » dans le vide.
Meir, fille d’une mère suédoise et d’un père iraquo-israélien, a la nationalité suédoise et américaine. Elle sera la première Suédoise, la quatrième femme d’origine juive et la quinzième personne d’origine juive à participer à une mission spatiale.
Les hommes de l’équipage actuel (un Américain, deux Russes et un Italien) sont restés à l’intérieur.
Les astronautes disent souvent qu’une sortie spatiale est l’expérience la plus marquante de leur aventure. La Terre défile sous leurs yeux au rythme d’un tour toutes les 90 minutes. Seize fois, le Soleil se lève et se couche.
« Je suis obligée de demander, mais qu’est-ce qu’on survole en ce moment ? », a demandé à un moment Christina Koch, ingénieure de 40 ans, à la salle de contrôle à Houston.
« Quelle vue », a encore dit l’une des astronautes alors qu’elles survolaient notre planète, resplendissante sous le Soleil.
« S’il existait un mot pour décrire l’opposé de claustrophobie, ce serait ce sentiment. C’est le vide le plus infini qu’on peut ressentir », a expliqué au sol Anne McClain, revenue récemment de l’ISS. « Et on se rend compte que la Terre est la chose la plus proche qu’on puisse regarder. »
À la Nasa, les premiers astronautes étaient des pilotes militaires, des hommes. La première femme dans l’espace fut la Russe Valentina Terechkova en 1963, la première Américaine Sally Ride en 1983.
Les équipements spatiaux ont historiquement été conçus et testés pour des hommes, considérés plus aptes car plus forts physiquement et plus grands, ce qui faciliterait les manipulations d’outils et acrobaties nécessaires pour réparer des équipements en apesanteur.
« Mais on a aussi ajouté des femmes aux équipages, car leurs cerveaux apportent des compétences différentes », a dit vendredi Ken Bowersox, chef des programmes de vols habités de la Nasa. « En utilisant leurs cerveaux, elles peuvent surmonter nombre de défis physiques. »
Le couac de mars avait provoqué une volée de critiques, Hillary Clinton tweetant un lapidaire « Faites une autre combinaison ».
Cette fois, des politiques ont célébré l’événement. « C’est plus qu’historique, cela montre que pour les femmes, il n’y pas de limites, pas même le ciel », a tweeté la candidate aux primaires présidentielles démocrates Kamala Harris.
« Nous voulons que l’espace soit accessible à tout le monde, et ce jour marque une nouvelle étape dans cette évolution », a déclaré l’administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine.
Afin d’étudier l’effet de l’apesanteur prolongée sur le corps des femmes, Christina Koch va passer presque un an à bord de l’ISS, jusqu’en février.
La dernière promotion d’astronautes de la Nasa, sélectionnée en 2013, est composée pour moitié de femmes. Au total, l’agence compte 12 femmes astronautes actives.