Loon rejoint le cimetière des projets Google abandonnés
Exploiter des réseaux maillés faits de ballons géants flottant dans la stratosphère pour proposer une connexion Internet dans des zones reculées n’a plus de sens pour Google, qui préfère faire atterrir son projet Loon lancé il y a 9 ans
Google a pris la décision de mettre un terme à Loon, une initiative intégrée à la branche des « autres paris » d’Alphabet. Ce projet qui voulait offrir un accès Internet aux habitants des zones les plus reculées, en exploitant des relais accrochés à de gros ballons gonflés à l’hélium flottant à haute altitude, rejoint donc les très nombreuses autres initiatives abandonnées par le géant américain. Dévoilé en juin 2013, Loon devait apporter le haut débit non pas « au prochain milliard d’individus », mais « au dernier milliard ». Proposer Internet là où il ne sera jamais rentable pour aucun opérateur télécoms de déployer des infrastructures dignes de ce nom. Or, avec Loon, les coûts de déploiement étaient drastiquement réduits et les zones couvertes par les grappes de ballons naviguant dans la stratosphère très étendues. Finalement, Google a estimé que continuer dans cette voie n’avait, économiquement et techniquement, plus de sens.
Au cours des 9 dernières années, les ingénieurs s’affairant sur ce projet ont fait des miracles, rappelle Eric « Astro » Teller dans ce billet de blog annonçant « le dernier vol » de Loon. « Malheureusement, malgré les réalisations techniques révolutionnaires de l’équipe — qui a fait des choses que l’on pensait impossibles auparavant, comme guider précisément les ballons dans la stratosphère, créer un réseau maillé dans le ciel ou développer des ballons qui peuvent résister aux conditions difficiles de la stratosphère pendant plus d’un an — la route vers la viabilité commerciale s’est avérée beaucoup plus longue et plus risquée qu’on ne l’espérait », regrette-t-il.
Savoir-faire à recycler
Des gens ont pourtant déjà surfé sur Internet en étant connectés via Loon. C’était le cas dans certaines régions du Kenya, où Loon avait convaincu ses premiers partenaires commerciaux (Telkom Kenya) et couvert 50 km² grâce à 35 ballons. Mais également au Pérou et à Puerto Rico où Loon avait bénévolement installé ses ballons pour offrir du réseau dans des zones sinistrées par des catastrophes naturelles. Avant cela, des tests avaient été menés au Sri Lanka, en Inde et en Indonésie.
À la suite de la décision prise de stopper Loon, le service pilote au Kenya va être peu à peu arrêté. Une équipe dédiée s’occupera, sur place, d’assurer la transition avec les opérateurs locaux, tout en déconstruisant le réseau de manière sécurisée. Un fonds de 10 millions de dollars va être créé pour soutenir les entreprises et organisations qui œuvrent à la connectivité, à l’entrepreneuriat et à l’éducation dans le pays.
Les employés de Loon devraient se voir proposer de nouvelles carrières chez Alphabet, et le savoir-faire acquis dans le cadre de ce projet « ne doit pas disparaître », selon Eric Teller. C’est pourquoi les équipes se tiennent à la disposition des entreprises de télécommunication, des municipalités, des gouvernements et des ONG pour partager ce qu’elles ont pu apprendre durant ces 9 dernières années. Certaines technologies développées — comme des liens optiques à haut débit — sont d’ailleurs déjà recyclées, notamment au sein d’un projet baptisé Taara en Afrique subsaharienne.
Source: Les numeriques