🇪🇺 Plus de 200 médias français portent plainte contre Meta pour pratiques publicitaires jugées illégales

Accusée de violer le RGPD et de détourner le marché publicitaire, la maison mère de Facebook et Instagram fait face à une fronde inédite des acteurs de la presse française.
Un front commun inédit s’est formé en France contre Meta, la société mère de Facebook et Instagram. Ce mercredi, plus de 200 médias français, parmi lesquels TF1, France Télévisions, Radio France, Le Figaro, Libération ou encore Ouest-France, ont annoncé avoir assigné Meta en justice, l’accusant de pratiques commerciales déloyales et de contournement des règles européennes sur la protection des données personnelles.
Une plainte historique contre un géant du numérique
C’est devant le tribunal des activités économiques de Paris (anciennement tribunal de commerce) que cette action collective a été déposée. Les avocats des plaignants, Me Didier Théophile (cabinet Darrois) et le cabinet américain Scott+Scott, dénoncent un système de ciblage publicitaire fondé sur une collecte massive et illicite des données personnelles des utilisateurs des plateformes de Meta, sans leur consentement éclairé, en violation directe du Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Selon eux, ces pratiques ont permis à Meta de proposer des publicités ultraciblées, captant ainsi une part écrasante des investissements publicitaires numériques en France, au détriment des médias traditionnels.
Des pertes économiques majeures pour les médias
“Sans les pratiques déloyales de Meta, les médias français auraient bénéficié d’une part significativement plus importante des investissements publicitaires numériques”, estiment les avocats, chiffrant le manque à gagner à plusieurs centaines de millions d’euros. Selon leurs estimations, Meta et Google s’accapareraient à eux seuls 75 % du marché publicitaire en ligne, et 90 % de sa croissance.
Les médias français, dont la viabilité économique repose en grande partie sur la publicité, dénoncent un système de concurrence déloyale, d’autant plus problématique dans un contexte de crise structurelle du financement de l’information.
Une coalition sans précédent
La plainte réunit une diversité de titres et de groupes médiatiques : télévisions, radios, quotidiens nationaux et régionaux, magazines et même plateformes numériques comme Dailymotion. Cette union interprofessionnelle est inédite et marque un ras-le-bol généralisé face aux géants du numérique.
Sollicitée par l’AFP, Meta n’avait pas encore réagi mercredi en fin de journée. Mais cette attaque pourrait marquer un tournant dans les relations entre les médias européens et les géants de la tech, à l’heure où les institutions européennes cherchent elles aussi à encadrer plus strictement l’économie numérique, notamment via le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA).
En attendant, cette action judiciaire pourrait bien faire jurisprudence et inciter d’autres médias en Europe à suivre l’exemple français.