🦷 Bientôt un traitement pour faire repousser les dents: les premiers tests sur des patients vont commencer
On dit que les dents sont un capital dont il faut prendre soin, car une fois perdues, la seule alternative, ce sont les prothèses et autres dentiers. Mais les dents manquantes, qu’elles aient été perdues après une infection, un accident, ou un match de boxe qui a mal tourné, ne seront peut-être bientôt plus une fatalité. Une équipe de scientifiques japonais a mis au point un traitement qui permet de faire repousser les dents. Et les premiers résultats sont tellement concluants que les tests sur des humains vont déjà commencer.
“L’idée de faire pousser de nouvelles dents est le rêve de tout dentiste”, confiait l’année dernière Katsu Takahashi, chercheur principal et chef du département de dentisterie et de chirurgie buccale de l’Institut de recherche médicale de l’hôpital Kitano à Osaka. “Je travaille là-dessus depuis que je suis diplômé. J’étais sûr de pouvoir y arriver.”
Les bons interrupteurs génétiques pour faire pousser les dents
Les scientifiques ont pris pour point de départ la génétique: chez l’humain, comme chez la plupart des mammifères, la régénération des dents est bloquée par le gène USAG-1. Celui-ci interagit avec d’autres protéines une fois la croissance de l’individu terminée, pour bloquer l’activation de la protéine morphogénétique osseuse (BMP), un “activateur de croissance” spécifique qui fait pousser les dents.
Il suffit donc de désactiver ce gène pour que de nouvelles dents poussent pour remplacer les anciennes, comme chez les requins ou les crocodiles. Pas de quoi arrêter la science: Takahashi et son équipe ont développé un anticorps capable de presser sur les bons interrupteurs génétiques.
L’équipe a d’abord expérimenté sur des souris, puis sur des furets, et a pu déclencher la régénération de nouvelles dents, un peu comme peut se régénérer un os après une blessure. Les résultats ont été si prometteurs, et ce, sans entrainer d’effets secondaires significatifs, que le traitement, qui s’applique en intraveineuse, va être essayé sur des cobayes humains.
Des tests sur des humains
Trente personnes, des hommes âgés de 30 à 64 ans et à qui il manque au moins une molaire, vont participer à un premier test à grande échelle chapeauté par l’hôpital universitaire de Kyoto. Entre septembre prochain et août 2025, les dentistes espèrent leur avoir remplacé ces chicots manquants par d’autres, à l’ivoire tout neuf.
Les chercheurs testeront ensuite le médicament sur des enfants de 2 à 7 ans à qui il manque au moins quatre dents en raison d’une déficience dentaire congénitale, ce qui touche environ 1% de la population. Puis d’autres tests seront menés sur des adultes présentant un édentulisme partiel, c’est-à-dire à qui il manque d’une à cinq dents, pour des raisons environnementales – ce qui comprend par exemples les cas de caries graves. Mais aussi les carences alimentaires, les infections, ou encore le tabagisme.
Un médicament dans le commerce dès 2030
Un programme d’essais chargé, qui ouvre la possibilité d’une commercialisation du médicament dès 2030. “Nous voulons faire quelque chose pour aider ceux qui souffrent de la perte ou de l’absence de dents”, insiste Katsu Takahashi. “Bien qu’il n’existe à ce jour aucun traitement permettant une guérison permanente, nous pensons que les attentes des gens en matière de croissance dentaire sont élevées.”
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