Passeport vaccinal : l’étonnante adhésion des Français

Passeport vaccinal : l’étonnante adhésion des Français

Des géants de la technologie comme Microsoft et Oracle ainsi que des organisations en santé, réunis sous la coalition Vaccination Credential Initiative (VCI), ont annoncé jeudi qu’ils s’unissaient pour mettre au point des passeports numériques de vaccination qui permettraient aux gens de voyager à nouveau ou de retourner au bureau. L’idée fait pourtant débat. En entrevue avec Reuters, le premier ministre Justin Trudeau a écarté l’idée d’obliger les citoyens à se doter d’une preuve numérique de la vaccination contre la COVID-19.

Les compagnies aériennes, les commerçants ou les stades de sport pourraient-ils bientôt exiger de leurs clients des preuves de vaccination, par exemple grâce à une application sur leur téléphone intelligent ? C’est ce qu’anticipe la coalition Vaccination Credential Initiative, qui a annoncé, par voie de communiqué, qu’elle développait un modèle de « dossier numérique fiable, traçable, vérifiable et universellement reconnu de statut vaccinal ».

Questionné par l’agence Reuters sur la possibilité d’imposer ce type de « passeports » aux Canadiens, le premier ministre Justin Trudeau a reconnu qu’il s’agit d’une idée « intéressante », qui comporte toutefois son lot de défis. « Je crains que cela puisse avoir des effets indésirables sur la communauté », a indiqué M. Trudeau, ajoutant que cela pourrait « diviser » les Canadiens.

Du côté de l’Association internationale du transport aérien (IATA), « on voit la nécessité d’une norme internationale pour attester que les gens ont été vaccinés contre la COVID-19 », mais la vaccination contre le coronavirus « ne devrait pas être une exigence gouvernementale obligatoire pour les voyages internationaux », indique-t-on par courriel.

L’Association explique que cela « serait discriminatoire à l’encontre des personnes qui ne sont pas en mesure de se faire vacciner pour des raisons médicales ou qui ne sont pas disposées à le faire pour des raisons éthiques ou autres. En outre, une telle politique risquerait également de discriminer les marchés où les vaccins pourraient mettre plus de temps à être largement disponibles ».

L’idée comporte également des risques d’un point de vue sanitaire, estime la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste infectiologue au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM). « Ce n’est pas parce qu’on vient d’être vacciné qu’on est immédiatement protégé. Ça prend au moins deux semaines après la première dose avant de commencer à avoir une protection. Même après la deuxième dose, il y a quand même environ 5 % des gens qui ne répondront pas au vaccin », souligne Mme Tremblay.

De plus, selon la spécialiste, une personne vaccinée pourrait potentiellement être un vecteur du virus et le transmettre aux autres. « On ne sait pas encore l’efficacité du vaccin pour empêcher d’acquérir le virus comme tel. On connaît juste [son] efficacité pour empêcher d’avoir la maladie », explique Mme Tremblay.

Plusieurs pays — comme le Danemark ou la Grèce — se disent pourtant favorables aux passeports de vaccination contre la COVID-19. En début de semaine, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a plaidé pour la création d’un passeport vaccinal à l’échelle européenne pour relancer le tourisme, dont l’économie grecque dépend fortement.

Par ledevoir.com