Naftali Bennett, un nationaliste religieux en passe de gouverner Israël

Naftali Bennett, un nationaliste religieux en passe de gouverner Israël

L’accord de coalition, annoncé mercredi 2 juin, en Israël doit encore être validé par le Parlement israélien. Si le gouvernement obtient la confiance, il tournera la page des douze années durant lesquelles Benyamin Netanyahu a gouverné le pays. L’accord de gouvernement prévoit que le nationaliste religieux Naftali Bennett devienne Premier ministre pour les deux prochaines années. 

Naftali Bennett ne vit pas dans une colonie, mais à Raanana, au nord de Tel-Aviv. Une adresse qui en dit long sur le possible futur Premier ministre comme sur la société israélienne : le nationalisme religieux n’est plus cantonné aux seuls habitants des colonies juives de Cisjordanie ou de Jérusalem-Est. Ce courant idéologique est devenu difficilement contournable, dans un pays toujours plus à droite, c’est ce que montre le parcours de Naftali Bennett, en passe de diriger le prochain gouvernement israélien.

Naftali Bennett, partisan de la colonisation

Né il y a 49 ans à Haïfa (nord) de parents américains, Naftali Bennett a enchaîné plusieurs vies. Entrepreneur à succès dans la haute technologie, il a fait fortune en revendant sa start-up de cybersécurité Cyotta (pour 145 millions de dollars) en 2005. Il avait, auparavant, servi dans plusieurs unités d’élite de l’armée israélienne, dont la prestigieuse Sayyeret Matkal, qui a compté dans ses rangs un certain Benyamin Netanyahu.

Le Premier ministre sortant et Naftali Bennett ont d’autres points communs. Naftali Bennett a travaillé aux côtés de Benyamin Netanyahu lorsque ce dernier était encore dans l’opposition. Une génération sépare les deux hommes qui maîtrisent parfaitement les codes de la communication politique.

Portant la kippa des juifs religieux, Naftali Bennett a bâti son parcours politique dans la mouvance nationaliste religieuse, également appelée sioniste religieuse. Un courant qui prône la colonisation des Territoires palestiniens occupés et s’oppose à toute forme d’État palestinien sur des terres revendiquées au nom de la Bible. Ce camp politique a longtemps été représenté par le Mafdal (acronyme de Miflaga Datit Leumit : Parti religieux national). À partir de 2008, Naftali Bennett devient le chef de file de cette mouvance au fronton de laquelle les enseignes se succèdent : Habeit Hayehudi (« le Foyer juif » ou « la Maison juive »), La Nouvelle Droite puis Yamina (« Droite » ou « Vers la droite »). Les noms de ces partis-coalitions évoluent, mais l’idéologie reste la même : annexion de la plupart des Territoires palestiniens occupés, opposition à l’établissement d’un État palestinien indépendant, conservatisme religieux et libéralisme économique. Un logiciel politique que Naftali Bennett a toutefois su faire évoluer en se montrant plus ouvert sur les questions sociétales. C’est à ses côtés que la députée Ayelet Shaked est ainsi devenue une autre étoile montante de la droite radicale en revendiquant une modernité dans laquelle le camp nationaliste religieux ne se reconnaissait pas jusque-là.

Bennett, ancien protégé de Netanyahu

Figure de proue d’un sionisme religieux rajeuni, Naftali Bennett s’est d’abord imposé comme un allié privilégié de Benyamin Netanyahu, ce dernier cherchant toujours plus à droite le centre de gravité de ses coalitions de gouvernement. Ainsi, Naftali Bennett enchaîne les portefeuilles dans les gouvernements successifs de l’inamovible « Bibi » : Économie, Diaspora, Éducation, puis Défense en 2019-2020.

Allié naturel à la droite de Benyamin Netanyahu, Naftali Bennett passe dans l’opposition à la suite des élections de mars 2020. Un an plus tard, nouveau scrutin (le quatrième en deux ans) : Netanyahu, rattrapé par les affaires, ne parvient pas à former une coalition. Le mandat revient au centriste Yaïr Lapid, qui reçoit alors le soutien de Naftali Bennett. Un ralliement qui a un prix politique : si la coalition annoncée reçoit le vote de la Knesset, Naftali Bennett sera Premier ministre jusqu’en 2023, avant de céder son fauteuil à Yaïr Lapid.

RFI