Bloqués à la frontière britannique, 3 000 chauffeurs routiers sont parqués dans leur camion

Bloqués à la frontière britannique, 3 000 chauffeurs routiers sont parqués dans leur camion

Des milliers de poids lourds sont toujours bloqués mardi après le blocage de la frontière empêchant les départs depuis le sol britannique vers la France et le reste de l’Union européenne.

Menacé de pénuries, le Royaume-Uni s’efforçait mardi 22 décembre 2020 de trouver une sortie de crise avec la France pour permettre une reprise du trafic transmanche de marchandises, interrompu face à la propagation d’une variante potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus.

Selon la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, 650 camions sont actuellement bloqués sur l’autoroute menant de Londres au port de Douvres, le principal port transmanche fermé au trafic sortant depuis dimanche soir. Plus de 800 poids lourds de plus sont stationnés sur un ancien aéroport voisin à Manston.

Mais ce chiffre serait en réalité beaucoup plus important. Roger Gough, qui dirige le conseil du comté de Kent, a déclaré à la BBC que près de 3 000 camions sont détenus dans le Kent, dont 2 220 à Manston.

La vidéo ci-dessous montre les files de camions bloqués sur le tarmac de l’ancien aéroport de Manston :

Conditions difficiles

Selon Rod McKenzie, le directeur général de l’association du transport routier, les chauffeurs coincés se sont vu offrir « une barre de céréale » lundi de la part de la collectivité locale du Kent. « Bien peu, je pense, pour les soutenir moralement », a-t-il déclaré sur la BBC. S’y ajoutent le « gros problème » de l’accès à des toilettes et la question sanitaire.

Les chauffeurs routiers ont fait résonner leur klaxon mardi après-midi pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils sont actuellement bloqués, comme le montre cette vidéo reprise par le quotidien britannique du Guardian ci-dessous.

Les autres pays veulent éviter une propagation de la nouvelle souche du coronavirus

En raison de la forte circulation en Grande-Bretagne d’une nouvelle souche du virus, dont la transmission est 40 à 70 % plus importante selon l’estimation communiquée par le Royaume-Uni à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Premier ministre Boris Johnson a dû pendant le week-end reconfiner en catastrophe 16 millions de Britanniques dont les retrouvailles familiales de Noël tombent à l’eau.

Une décision qui a créé de nombreux blocages de camions pour embarquer en direction du continent européen, d’autant plus que de nombreux transporteurs ont fait des stocks plus important en raison de la perspective d’un no deal dans les négociations sur les futures relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.Des dizaines de pays, dont la France, ont décidé d’interdire les arrivées du Royaume-Uni, qui bouscule les échanges et menace, faute de dénouement rapide, de provoquer des pénuries de produits frais dans les jours qui viennent.

Lors d’une réunion de ses ambassadeurs prévue mardi, l’Union européenne cherchait à mettre sur pied « une réouverture des frontières de manière coordonnée », selon une source diplomatique européenne. Il s’agit notamment de permettre les « retours ciblés » de voyageurs et de chauffeurs de camions qui se sont trouvés bloqués par les mesures mises en œuvre brutalement depuis ce week-end. La Commission européenne a recommandé mardi aux États membres de l’UE de faciliter la reprise du trafic avec le Royaume-Uni pour les « voyages essentiels » et pour « éviter les ruptures de la chaîne d’approvisionnement ».

Londres tente de trouver une solution pour la reprise du trafic transmanche

Parmi les solutions avancées par Londres figurent des tests pour les chauffeurs des centaines de camions bloqués dans le sud-est de l’Angleterre, empêchés de pouvoir se rendre sur le continent après la décision prise dimanche soir par la France de suspendre pour 48 heures toutes les arrivées en provenance du Royaume-Uni.

Un dépistage dans les ports « fait absolument partie de la discussion »« nous envisageons tout », a déclaré mardi matin la ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel sur la chaîne Sky News.

« Nous sommes en discussion avec nos homologues français »« nous trouverons une solution », a-t-elle assuré.

Risques de pénurie en Grande-Bretagne

Si les produits pour les repas de Noël, bien que largement chamboulés par les restrictions pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont été épargnés car ils ont déjà été acheminés sur le sol britannique, des perturbations dans l’approvisionnement sont à craindre si la situation perdure.

Selon Andrew Opie, l’un des responsables du British retail consortium, organisme représentant les distributeurs, « il faut vraiment que les frontières fonctionnent à peu près librement à partir de demain (mercredi) pour être sûr qu’il n’y ait pas de perturbations » dans l’approvisionnement des magasins. Salades, légumes, fruits frais pourraient manquer « directement après Noël », a-t-il déclaré sur la BBC.

Par Ouest-france