Alpha, Delta, et maintenant Lambda et Epsilon… La vaccination peut-elle empêcher l’apparition de nouveaux variants ?
Alpha, Delta, et maintenant Lambda et Epsilon… De nouveaux variants du coronavirus continuent d’être découverts par les scientifiques. À terme, les progrès de la vaccination pourraient cependant freiner leur apparition.
La question est brulante : dans un communiqué, le Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde jeudi 15 juillet contre la « forte probabilité de l’émergence et de la diffusion de nouveaux variants inquiétants, possiblement plus dangereux et encore plus difficiles à contrôler », que ceux déjà répertoriés par l’agence onusienne.
Quatre sont considérés comme « préoccupants » par l’OMS (Alpha, Beta, Gamma, et Delta), mais de nouveaux variants du Covid-19 continuent d’être découverts par les scientifiques chaque jour ou presque. Ce qui, en réalité, n’a rien d’anormal : après avoir infecté nos cellules, les virus « se multiplient en réalisant des copies d’eux-mêmes, explique l’Inserm dans une vidéo. C e processus n’est pas parfait et les copies peuvent comporter des « erreurs » : les fameuses mutations. Le matériel génétique des copies virales diffère alors du matériel génétique du virus de départ ».
Souvent ces mutations n’ont aucun effet sur le virus et parfois, même, elles l’affaiblissent. Mais il arrive aussi qu’elles le renforcent en le rendant plus contagieux ou plus résistant aux vaccins, par exemple. Mieux armé, le « variant » devient majoritaire et on dit que les mutations bénéfiques qu’il porte sont « sélectionnées ».
Plus un virus circule, plus il va muter
« La nature d’un virus, c’est de muter, nous confirme Yannick Simonin, enseignant-chercheur en virologie à l’Université de Montpellier. Plus il circule, plus il va muter. Et inversement ».
C’est d’ailleurs ce qui fait craindre à plusieurs scientifiques britanniques, interrogés par le Guardian début juillet, que l’Angleterre devienne « une usine à variants ». Alors que Boris Johnson, le Premier ministre du Royaume-Uni, a annoncé que les restrictions y seront levées le 19 juillet, l’un d’eux estime que relâcher la pression trop tôt et laisser ceux qui ne sont pas vaccinés se faire contaminer serait « très dangereux parce que, si le virus est en capacité de se répandre ou de se multiplier de façon incontrôlée, de nouveaux variants apparaitront en permanence ».
Pour empêcher cela, on peut chercher à ralentir la circulation du virus. Ce que doit justement permettre la vaccination : comme le rappelle en effet le site de Santé publique France, « la personne vaccinée agit, vis-à-vis du reste de la population, comme une barrière contre l’agent pathogène, en interrompant la chaine de transmission ».
Autrement dit, « plus la population est vaccinée, plus on réduit la circulation de la bactérie ou du virus concerné ».
L’objectif de l’immunité collective
Mais la propagation du virus ne sera vraiment freinée que lorsqu’une large majorité de la population sera protégée. Quand, en d’autres termes, la fameuse immunité collective aura été atteinte. Selon la définition qu’en donne le site de l’Institut Pasteur, elle correspond au « pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d’une personne en moyenne amenant de fait l’épidémie à l’extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés ».
Toujours selon l’Institut Pasteur, il faudra attendre que 80 % de la population soit immunisée contre le Covid-19 (du fait des vaccins ou d’une infection antérieure) pour que l’immunité collective soit atteinte. Dans un avis daté du 6 juillet, le Conseil scientifique a même estimé que « l’épidémie ne pourra être contrôlée qu’avec 90 % à 95 % de personnes vaccinées ou infectées […] en particulier chez les personnes de plus de 60 ans ». Dans un premier temps, des experts avaient évalué ce seuil à 50 ou 60 %, voire à 70 % de la population, mais les variants ont changé la donne.
Ouest France