🦠 Qu’est-ce que la variole du singe? Est-elle mortelle? Une nouvelle crise sanitaire mondiale est-elle possible? Toutes les réponses à vos questions
Depuis la mi-mai, plusieurs cas d’infection au virus de la variole du singe ont été détectés en Europe et en Amérique du Nord, laissant craindre un début de propagation de cette maladie endémique en Afrique de l’Ouest. En Belgique, deux cas ont été confirmés. Ce qui est préoccupant, c’est que le virus se transmet désormais entre humains en dehors du continent africain. Cela n’a jamais été vu auparavant. De plus, cette maladie rare se répand comme une tache d’huile. Six jours (!) à peine après le premier signalement du Royaume-Uni à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce sont sept pays européens qui ont déjà été touchés, avec un total de 32 cas confirmés et 69 autres cas suspects. Qu’est-ce qui se passe au juste? Doit-on craindre une nouvelle crise sanitaire mondiale? Trois experts font le point et répondent aux questions qui reviennent le plus.
C’est quoi exactement, la variole du singe?
Marion Koopmans, virologue qui conseille le gouvernement des Pays-Bas: “C’est une infection qui provient de l’animal et qui peut se transmettre à l’être humain. Comme le virus a d’abord été découvert chez les singes, nous l’appelons la variole du singe, mais dans la nature, l’infection apparaît également chez les rongeurs. La transmission à l’être humain se produit en général lorsqu’un animal est capturé et abattu. La variante la plus connue de cette famille était la variole classique, déclarée éradiquée en 1980. Les infections de la variole du singe sont plus bénignes que celles de la variole classique.
Pourquoi les cas récents concernent principalement des hommes gays?
Isabel Brosius, docteur à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. “C’est la première fois que la variole du singe est liée aux hommes homosexuels (ndlr. la totalité des porteurs de la maladie au Royaume-Uni sont des hommes qui avaient des relations homosexuelles), mais il faut se garder de tirer des conclusions hâtives. Peut-être que les hommes gays ont plus tendance à voir un médecin. Nous savons que des maladies infectieuses comme Ebola ou Zika peuvent se transmettre par voie sexuelle. L’une de nos équipes de recherches prépare une étude au Congo pour vérifier si le virus de la variole du singe est présent dans la salive et dans les muqueuses génitales. Ces questions doivent maintenant aussi être examinées pour les différents cas en Europe. La transmission entre humains se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires ou par contact cutané direct.
La soudaine propagation en Occident est-elle inquiétante?
Isabel Brosius: “Le virus a une période d’incubation moyenne d’une à deux semaines. Chaque pays dispose d’un système d’enregistrement, mais cela n’existe pas au niveau mondial. L’ampleur réelle de cette épidémie ne sera donc connue que plus tard. Si les infections peuvent encore être réduites à des contacts mutuels lors de certains événements, l’épidémie s’éteindra. Il est également possible qu’il y ait une transmission continue entre personnes en Occident.”
Est-ce que le virus a évolué?
Marc Van Ranst, virologue de la KU Leuven: “J’avais déjà prévenu en 2017 que la variole du singe pourrait un jour provoquer une épidémie majeure. Depuis environ 20 ans, on constate une accélération de la propagation au Congo. La déforestation augmente le risque. Le virus s’est adapté à l’homme depuis plusieurs années, d’où la hausse des infections interhumaines. Jusqu’à six générations de transmission interhumaine ont été rapportées en Afrique. En dehors de l’Afrique, l’infection n’a pas dépassé une génération jusqu’à présent”.
Quels sont les symptômes?
Van Ranst: “L’éruption cutanée se manifeste d’abord par de petits points sur la peau. Deux jours plus tard, cela devient de petites cloques. Après une semaine, elles se remplissent de liquide jaune et ressemblent à des ulcères. Les croûtes noircissent en séchant, puis tombent.
Le virus est-il mortel? Quid du taux de moralité?
Brosius: “En général, la maladie disparaît naturellement. En Afrique, on a constaté des taux de mortalité de 1 à 10%, mais il y a fort à parier que seuls les cas graves y ont été enregistrés. Il est vrai que la maladie peut être mortelle, surtout chez les enfants, sans doute parce que les personnes plus âgées sont protégées par une vaccination antérieure contre la variole.
Van Ranst : “En dehors de l’Afrique, la variole du singe n’a encore causé aucun décès”
Pour rappel, Il existe deux variants de virus “monkeypox”: le clade ouest-africain et celui du bassin du Congo (qui a une létalité supérieure, 10% contre environ 1% d’après l’OMS).
Comment soigner la maladie? Que faire en cas de symptômes?
Brosius: Vous ne pouvez pas aller à la pharmacie pour un médicament. Plusieurs instituts de recherche préparent un traitement avec un agent antiviral. Dans la pratique, on se limite maintenant à désinfecter les lésions pour éviter les infections bactériennes secondaires”.
Une nouvelle crise sanitaire mondiale est-elle exclue?
Van Ranst: “La variole ne peut être comparée au Covid 19. Vous ne pouvez contracter cette maladie qu’une seule fois. Après, vous êtes immunisé à vie. Cela vaut également après la vaccination. Il s’agit d’un virus à ADN, qui est génétiquement plus stable qu’un virus à ARN. Nous ne partons donc pas de zéro. Un vaccin contre la variole du singe, Bavarian Nordic, a été approuvé en 2019. À l’Institut Rega à Louvain, nous avons également trouvé deux traitements antiviraux, le Cidofovir et le Brincidofovir. Ceux-ci ont été testés sur des singes, mais pas encore sur des humains. Un test PCR a également été développé afin de pouvoir détecter le virus”.
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