🦠 Omicron signe-t-il la fin de la pandémie ?
Covid, stop ou encore? D’abord présenté comme la potentielle lumière au bout du tunnel, le variant Omicron ne serait peut-être pas notre dernier salut dans cette pandémie de coronavirus. “Omicron redistribue en tout cas les cartes”, affirme l’épidémiologiste Simon Dellicour. “C’est une bonne chose qu’on ait un variant dominant qui soit moins virulent, mais on ignore ce qui va venir ensuite”. Peut-on espérer sortir de la phase pandémique à l’issue de cette cinquième vague? Et finalement, à quel moment peut-on réellement considérer qu’une pandémie n’en est plus une? On fait le point.
C’était il y a à peine deux semaines. L’Agence européenne des médicaments (EMA) annonçait qu’Omicron transformerait le Covid-19 en une maladie endémique, ravivant ainsi l’espoir de sortir enfin la tête hors de l’eau. Et puis, patatras. L’OMS rappelle que la pandémie est « loin d’être terminée”, que le variant est tout sauf bénin, et la population se demande à nouveau quand tout ça prendra fin.
Alors, Omicron, fin de la pandémie ou pas? Simon Dellicour, épidémiologiste et chercheur FNRS à l’ULB, tempère d’entrée de jeu: “C’est trop s’avancer. Ce qu’on peut espérer, c’est que l’on franchisse une nouvelle étape. Et c’est ce que l’on est train d’observer avec la dominance de ce nouveau variant qui provoque, en moyenne, moins de formes sévères que ses prédécesseurs”. En attendant, patience…
“Wait and see”
“On ne sait pas très bien ce qui va émerger après Omicron”, explique le chercheur. “Si on regarde ce qu’on appelle la cartographie antigénique des variants actuels, on a deux grands groupes. Le premier avec Alpha, Gamma ou encore Delta, qui – même s’ils avaient des caractéristiques différentes – se regroupent globalement dans le même cluster. Et puis on a Omicron, qui démarre un deuxième cluster. La question, c’est qu’est-ce qui vient après? Un variant qui appartient au premier cluster, au deuxième ou qui en crée un troisième?”
Exit donc une éventuelle idée de “décroissance” dans l’effet des variants. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces derniers ne sont pas de plus en plus contagieux, tout en étant de moins en moins virulents. “On peut l’espérer, mais il n’y a pas de garantie que les prochains variants poursuivent nécessairement cette diminution de la virulence”.
En attendant, pas question de “bouder le plaisir » offert par un variant comme Omicron. “Globalement, les données européennes sont pour le moment rassurantes”, précise Simon Dellicour. “Malgré l’explosion du nombre de cas, on voit que la tendance n’est pas suivie avec la même intensité pour ce qui est de l’évolution des admissions à l’hôpital et en particulier aux unités de soins intensifs. C’est une bonne nouvelle”.
Jeu d’équilibre
Pour sortir de la crise, il faut atteindre ce que l’on pourrait comparer à un point d’équilibre. “Je pense qu’on sortira de cette crise le jour où on aura à nouveau des augmentations d’hospitalisations saisonnières dûes au Covid, mais qui ne nécessiteront pas la mise en place de mesures globales. Quant à savoir quand ça sera le cas, c’est toute la question”.
Le Covid deviendrait donc un virus saisonnier qui ne provoquerait pas une saturation du milieu hospitalier. Un scénario – souvent évoqué – qui nécessite un socle d’immunité, actuellement construit grâce à la vaccination, mais aussi par le nombre croissant de personnes ayant été en contact avec le virus. “On voit que les vaccins font très correctement leur job pour prévenir les formes graves, mais c’est sûr que leur efficacité sur l’enrayement de la circulation du virus ne se suffit pas à elle-même. Il y a un effet, du moins dans les premières semaines qui suivent la vaccination (deuxième ou troisième dose), mais ça n’empêche pas le virus de circuler”.
En mars 2020, près de 100% de la population était susceptible d’attraper le virus. Après la vague Omicron, et avec la vaccination, “ça va commencer à être difficile de trouver quelqu’un au qui n’a pas été exposé au virus et qui n’a pas été vacciné”, avance l’épidémiologiste. C’est justement ce cocktail d’immunité vaccinale et naturelle qui aide à réduire l’apparition de formes graves qui risqueraient de submerger le milieu hospitalier.
Stratégie à long terme
On la relâche quand, alors, la pression? “Deux des indicateurs principaux à prendre en compte sont les admissions à l’hôpital et l’occupation des soins intensifs”, rappelle Simon Dellicour. “Si la circulation du virus ne sature pas le milieu hospitalier, on ne serait plus dans un scénario qui nécessite des mesures globales visant à réduire le taux de contact dans la population. Mais il faut pouvoir s’en assurer. C’est le moment dans lequel on se trouve maintenant”.
Reste à envisager une stratégie à long terme, pas seulement basée sur le variant dominant du moment. “On peut de toute façon espérer que l’on va vers un mieux dans la mesure où, même si on a un variant potentiellement plus virulent qu’Omicron, on a quand même ce socle d’immunité. On ne repartira pas de zéro”.
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