🔭 Une titanesque explosion spatiale sera bientôt visible dans notre ciel nocturne
Un duo d’étoiles mourantes s’apprête à provoquer une gigantesque explosion thermonucléaire d’un genre bien particulier, une bizarrerie spatiale à laquelle nous pourrons assister aux premières loges.
Une nouvelle étoile bien mystérieuse qui apparaît soudainement dans notre ciel nocturne, et qui brille plus que presque toutes les autres. Ce n’est pas seulement l’intrigue d’un des albums les plus marquants des aventures de Tintin, c’est aussi un spectacle auquel nous pourrons bel et bien assister dans les mois à venir.
Pas d’astéroïde titanesque qui s’apprête à frôler la Terre, toutefois: il s’agira d’un phénomène cosmique exceptionnel, mais plutôt bien compris, et qui tire son origine fort loin de notre propre système stellaire. Plus précisément à 3.000 années-lumière de la Terre, dans le système binaire de Corona Borealis, une petite constellation de l’hémisphère nord assez peu connue et guère facile à observer à l’œil nu. Sauf quand elle devient soudainement quasiment aussi brillante que l’Étoile polaire à la suite d’une terrible explosion thermonucléaire.
Une supernova bien particulière
Il s’agit d’un phénomène de supernova, soit la fin de vie d’une très vieille étoile, qui se termine générale en une gigantesque explosion qui provoque une augmentation brève et fulgurante de sa luminosité. On a souvent cru que les supernovæ marquaient la naissance d’une étoile dans le ciel nocturne, alors que c’est tout l’inverse, c’est l’apothéose de leur longue agonie. Et c’est le sort qui attend notre Soleil, dans cinq milliards d’années, à la grosse louche.
Mais Corona Borealis abrite un type bien particulier de supernova, qui se produit à intervalles réguliers, environ tous les 80 ans. Car il s’agit d’un système à double étoile, toutes les deux en fin de vie. Une géante rouge, énorme étoile à l’agonie en train de refroidir qui expulse d’énormes quantités de matière, et une naine blanche, encore plus avancée dans sa décrépitude et dont il ne reste plus que le noyau ultra-dense.
La différence de taille entre les deux anciennes étoiles est telle qu’il faut 227 jours à la naine blanche pour tourner autour de la géante rouge, relève Sumner Starrfield, astronome à l’université d’État de l’Arizona cité par Science Alert. Or, la matière éjectée par l’astre rouge s’accumule autour de l’étoile blanche, jusqu’à ce que la pression et la chaleur s’emballe et provoque une réaction thermonucléaire. Un cycle qui prend environ 80 ans. C’est particulièrement court, à l’échelle spatiale. Il faut d’ordinaire des dizaines de milliers d’années pour provoquer une telle explosion.
Dans les cinq mois
On n’a jamais pu observer une supernova ordinaire dans notre galaxie depuis l’invention du télescope. On pense qu’il s’en produit au maximum trois par siècle dans notre Voie lactée, et la plus rapprochée observée avec des outils astronomiques depuis est SN 1987A, survenue dans une galaxie voisine, le Grand Nuage de Magellan. Mais l’explosion bien particulière de Corona Borealis a déjà été observée en 1866 et 1946, on sait à quoi s’attendre et on a le temps de s’y préparer. Car selon Sumner Starrfield, qui étudie le système binaire depuis des années, la prochaine explosion devrait avoir lieu dans les cinq mois à venir. Peut-être même très prochainement.
Celle-ci sera visible à l’œil nu dans le ciel nocturne, mais tous les télescopes sont déjà braqués sur cette constellation pour ne rien manquer du spectacle. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut contempler des explosions thermonucléaires sans risque.
7sur7