🌍 Sécheresse exceptionnelle dans le nord de l’Europe : l’agriculture en péril

Du nord de la France à l’Écosse en passant par les Pays-Bas, une sécheresse inédite depuis plusieurs décennies menace les cultures et contraint les agriculteurs à repenser leurs pratiques.
Des précipitations en chute libre
Depuis plusieurs semaines, les régions du nord de l’Europe enregistrent des niveaux de précipitations largement inférieurs aux normales saisonnières. Le nord de la France, la Belgique, le Royaume-Uni ou encore le Danemark font face à des sols secs, parfois réduits à l’état de poussière. Aux Pays-Bas, la sécheresse actuelle est la plus sévère depuis le début des relevés météorologiques en 1906.
“Lorsque les cultures comme le blé, le maïs ou le colza manquent d’eau, leur croissance est directement affectée”, alerte Nicolas Guilpart, maître de conférence en agronomie à AgroParisTech.
Des semis compromis
Les semis de printemps peinent à germer. Au Royaume-Uni, qui connaît son printemps le plus sec depuis plus de 150 ans, l’inquiétude est palpable. “Nous passons d’un extrême à l’autre”, constate Luke Abblitt, agriculteur de l’est de l’Angleterre. “Beaucoup de pluie en hiver, presque rien au printemps.” Il envisage désormais de nouvelles variétés plus résistantes à la sécheresse.
Dans le nord de l’Angleterre, les réservoirs d’eau sont exceptionnellement bas, selon l’Agence de l’environnement britannique. Les agriculteurs ont été contraints d’activer plus tôt leurs systèmes d’irrigation. Le principal syndicat agricole, la NFU, plaide pour des investissements dans des cuves de stockage sur les exploitations.
Une situation critique au Danemark et en Suède
Au Danemark, les précipitations entre février et avril n’ont pas dépassé 63 mm. Ce niveau n’a été observé que sept fois depuis 1874. Le pays enregistre également un ensoleillement et des températures anormalement élevés. L’indice national de sécheresse a déjà atteint un niveau record pour un mois de mai.
En Suède, les autorités restent prudentes mais recommandent d’ores et déjà aux agriculteurs d’adapter leur planification en matière de gestion de l’eau.
La France en vigilance
En France, les nappes phréatiques sont globalement bien remplies, mais la sécheresse de surface s’aggrave, notamment dans le nord. Le département du Nord a été placé en vigilance sécheresse. Il a reçu entre février et mai l’équivalent d’un mois de pluie habituel, selon Météo-France.
Sébastien De Coninck, producteur d’endives à Beuvry-la-Forêt, constate un changement radical : “Il y a cinq ans, on ne parlait pas d’irrigation dans la région. Aujourd’hui, c’est devenu indispensable.” Entre mars et mai, sa commune a enregistré huit fois moins de précipitations que l’an passé.
L’agronome Nicolas Guilpart rappelle que l’irrigation est une réponse possible, mais reste tributaire des ressources disponibles : nappes phréatiques, rivières ou retenues d’eau artificielles.
Un contraste saisissant avec le sud de l’Europe
Cette situation tranche avec le sud du continent, où l’Espagne et le Portugal ont enregistré des pluies abondantes, parfois deux fois supérieures aux moyennes saisonnières.
Les contrastes climatiques en Europe s’accentuent, et avec eux, les défis pour une agriculture déjà sous pression.