🌍 François Gemenne tacle Netanyahu: “Les guerres les plus détestables sont celles qui sont menées au nom d’intérêts politiques personnels”

Le politologue, chercheur et professeur d’université, François Gemenne, était l’invité de Matin Première ce jeudi pour évoquer la reprise des frappes israéliennes sur la bande de Gaza. L’expert belge ne mâche pas ses mots à l’égard de la stratégie du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour se maintenir au pouvoir.
Israël a relancé son offensive sur la bande de Gaza et fait voler en éclats l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier. Résultat, depuis mardi, des frappes aériennes massives ont provoqué la mort d’au moins 436 personnes côté palestinien. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a d’ores et déjà annoncé que ce n’était “que le début”. Conséquences politiques, la reprise des combats et de la ligne dure à l’égard du Hamas ont motivé le retour du petit parti d’extrême droite Force juive et son leader, Itamar Ben Gvir, qui avait quitté le gouvernement pour s’opposer à la trêve, a récupéré ses fonctions de ministre de la Sécurité nationale.
Soutien indispensable de l’extrême droite
Or, la formation radicale est extrêmement utile à Benjamin Netanyahu pour consolider sa fragile coalition gouvernementale, tout comme l’apport indispensable du parti sioniste d’extrême droite “Mafdal” de Bezalel Smotrich, ministre des Finances profondément hostile à l’idée d’un État palestinien. Autant d’éléments qui permettent de douter des raisons réelles de la reprises des hostilités à Gaza. En effet, si Israël refuse d’honorer les termes de la deuxième phase de l’accord, à savoir un retrait de ses forces armées du territoire palestinien, pour ne pas offrir une victoire symbolique au Hamas ni raviver ses troupes, Benjamin Netanyahu a également besoin d’une majorité forte au Parlement pour garantir le vote sur le budget. Les poursuites judiciaires à son encontre pour corruption et le limogeage controversé du responsable de la Sécurité intérieure (Shin Bet), qui souhaitait monter une commission d’enquête sur les failles sécuritaires du 7-Octobre, fissurent en outre sa crédibilité. La guerre lui permet-elle dès lors d’assurer sa survie politique?
“Sans ses deux partis, il n’a plus de majorité”
À l’image des milliers de manifestants à Tel-Aviv et Jérusalem cette semaine, François Gemenne y voit un agenda personnel clair et s’en indigne: “Benjamin Netanyahu n’a jamais eu l’intention de respecter la deuxième phase du cessez-le-feu (…) La question des otages est un point assez secondaire pour lui et ce qui compte, c’est son intérêt politique personnel”, dénonce-t-il au micro de Matin Première ce jeudi. “L’objectif premier était de remettre au gouvernement Itamar Ben Gvir et de garder Bezalel Smotrich, qui voulaient que la guerre se poursuive à tout prix. Sans ces deux partis, il n’a plus de majorité. Toute guerre comporte évidemment son lot d’injustices mais les plus injustes et les plus détestables sont celles qui sont menées au nom d’intérêts politiques personnels. Celle-ci est parmi les plus indignes de toutes”, condamne-t-il.
Soutien populaire en sa faveur ?
Plus modérée, Pauline Simonet (BFM) précise que Benjamin Netanyahu avait accepté le cessez-le-feu contraint et forcé par Donald Trump, qui “lui a tordu le bras”, et qu’il n’avait jamais eu l’intention de respecter la deuxième phase de l’accord. “Pas question de se retirer de la bande de Gaza totalement”. Les raisons politiques ne sont sans doute pas étrangères à la reprise du conflit mais le chef du gouvernement conserve encore, selon elle, le soutien de la population israélienne, regroupée “derrière le drapeau”.