🇺🇸 Un sommet Afrique à Washington pour contrer la Chine et la Russie
La sécurité alimentaire, le changement climatique mais aussi les enjeux de démocratie et de gouvernance seront au cœur du sommet Afrique qui s’ouvre, mardi, à Washington. Une rencontre destinée à renforcer les liens entre les États-Unis et le continent, face à la concurrence de la Chine et de la Russie.
Replacer l’Afrique au cœur de la diplomatie mondiale. Le président américain Joe Biden accueille un sommet avec l’Afrique, à partir de mardi 13 décembre, censé revitaliser les relations avec le continent.
La rencontre de trois jours à Washington sera l’occasion d’annoncer de nouveaux investissements, de parler de sécurité alimentaire – aggravée par la guerre en Ukraine – du changement climatique mais aussi de démocratie et gouvernance.
Et peut-être surtout de démontrer que les États-Unis s’intéressent encore à l’Afrique, huit ans après le premier sommet du genre en 2014 sous la présidence de Barack Obama.
L’ancien président Donald Trump ne faisait, lui, pas mystère de son désintérêt pour le continent africain, tandis que Joe Biden est un chantre du multilatéralisme.
Il soutient l’idée d’un siège pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU et il appellera, lors du sommet, à ce que l’Union africaine soit formellement représentée au G20, a indiqué un conseiller présidentiel.
« Cette décennie sera décisive. Et les années à venir vont déterminer la manière dont sera réorganisé le monde », a affirmé le ‘Monsieur Afrique’ du Conseil de sécurité nationale, Judd Devermont, en soulignant que l’administration Biden « croit fermement que l’Afrique aura une voix déterminante ».
Le sommet intervient dans le sillage d’une nouvelle stratégie « Afrique » dévoilée l’été dernier et annonçant une refonte de la politique des États-Unis en Afrique subsaharienne, pour y contrer la présence chinoise et russe.
La Chine est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement, et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles.
De même, la Russie y a fortement augmenté sa présence, y compris en envoyant des mercenaires, et cultive des liens étroits avec certaines capitales, notamment celles qui avaient décidé, début mars, de ne pas apporter leurs voix à une résolution des Nations unies condamnant l’invasion de l’Ukraine, gros point de tension avec les États-Unis.
Lors d’une tournée en Afrique cet été, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait appelé à créer un « véritable partenariat » avec l’Afrique.
Tous invités ou presque
Signe de cette ouverture, les États-Unis ont invité tous les pays membres de l’Union africaine et en « bons rapports » avec l’UA, à l’exception donc du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali et du Soudan, et avec qui Washington entretient des relations diplomatiques, excluant l’Érythrée.
Parmi les dirigeants attendus figurent le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, un peu plus d’un mois après la signature d’un accord de paix avec les rebelles tigréens, ainsi que les présidents rwandais et de la République démocratique du Congo, en plein conflit dans l’est du pays face à la rébellion du M23.
Mais aussi les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et tunisien Kaïs Saïed, aux prises avec une forte contestation, ainsi que le président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, quelques jours après que les États-Unis ont qualifié sa réélection de « simulacre ».
Teodoro Obiang détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’État encore vivant. Seul absent de marque, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui est en difficulté dans son pays sur fond d’accusations de corruption.
« Il est clair qu’on est critiqués par ceux qui s’interrogent sur le fait de savoir pourquoi on a invité tel ou tel gouvernement avec qui on a des soucis », admet Molly Phee, du département d’État.
« Mais cela reflète la volonté du président Biden et du secrétaire d’État Blinken d’avoir des discussions respectueuses y compris avec ceux avec qui on a des différences », ajoute-t-elle.
La diplomate a dit notamment s’attendre à une « discussion robuste » sur la loi de programmation sur la « croissance en Afrique » votée en 2000 et liant la levée de tarifs douaniers aux progrès démocratiques. Cette loi arrive à échéance en 2025.
Pour Mvemba Phezo Dizolele, qui dirige le programme Afrique au Center for Strategic and International Studies à Washington, le sommet « présente de réelles opportunités mais aussi certains risques ».
« C’est l’occasion de montrer à l’Afrique que les États-Unis sont vraiment à l’écoute », observe-t-il. « Mais l’attente étant très forte, la question sera de savoir si les choses vont réellement changer ».
France 24 (Avec AFP)