🇺🇸 Un positionnement “encore plus extrême”? La réélection de Trump est de mauvais augure pour la situation au Moyen-Orient
L’annonce de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine augure un soutien à Israël et une opposition à l’Iran encore plus extrêmes, estime mercredi Jérémy Dieudonné, chercheur à l’Institut de sciences politiques Louvain-Europe de l’UCLouvain
Alors que l’administration Biden peine déjà à juguler les guerres qui minent le Moyen-Orient, la réélection de Donald Trump pourrait mener à un positionnement encore “plus radical, plus extrême” vis-à-vis de la situation dans la région, selon ce spécialiste des relations entre les États-Unis, Israël et l’Iran.
Il rappelle toutefois que le républicain est imprévisible. “C’est toujours difficile de savoir dans quelle direction il va aller. Il peut changer d’avis du jour au lendemain”, souligne Jérémy Dieudonné.
“Assez peu prometteur pour atteindre une quelconque paix”
“Pendant son premier mandat, on a vu une position extrêmement antagoniste par rapport à l’Iran, à tous les niveaux”, retrace-t-il. Barack Obama avait tout fait pour améliorer les relations avec Téhéran, ce qui avait permis d’aboutir en 2015 à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, poursuit l’expert. Contrairement à son prédécesseur, Donald Trump a détricoté ces liens. En mai 2018, lors du premier mandat du républicain, les États-Unis ont unilatéralement mis fin à ce pacte et engagé contre l’Iran une politique de “pression maximale” – selon les propres termes du milliardaire de 78 ans – à coup de sanctions économiques, illustre Jérémy Dieudonné.
“Avec l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani (tué dans une attaque de drone américaine, NDLR) en 2020, on est passés à deux doigts d’une guerre entre les deux pays”, ajoute-t-il. “Les déclarations de Trump centrées sur l’Iran comportent toujours des termes très très forts. Il y a une forme d’obsession chez lui pour l’Iran. Dans la situation actuelle, c’est assez peu prometteur pour atteindre une quelconque paix.”
Soutien à Israël
Par rapport à Israël plus spécifiquement, le soutien que les États-Unis apportent au gouvernement de Benjamin Netanyahu devrait probablement s’accroître, selon le chercheur. Entre 2017 et 2021, Donald Trump a affiché un soutien massif à l’État hébreu, avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et la reconnaissance de la souveraineté du pays sur le Golan syrien par exemple, mais aussi un lien étroit avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Jérusalem est revendiquée à la fois par les Israéliens et les Palestiniens. La plupart des nations étrangères évitent d’y installer des ambassades, de peur de préjuger des pourparlers de paix sur le statut final de la ville. À l’inverse, l’excentrique 45e président des États-Unis avait décidé le 6 décembre 2017 de rompre avec des décennies de diplomatie américaine et internationale en accordant le statut officiel de capitale israélienne à la ville sainte.
Le confit israélo-palestinien s’est également imposé comme un sujet important lors de cette campagne électorale. Donald Trump a ainsi affirmé que la nouvelle guerre à Gaza n’aurait jamais commencé s’il avait été président. Le républicain a aussi exprimé à plusieurs reprises son soutien à Israël. Cet appui devrait être “massif” sous cette nouvelle administration, avance Jérémy Dieudonné. “Il reste à voir quelle forme cela prendra exactement.” Le spécialiste craint que le prochain président des États-Unis ne se concentre sur la sécurité et la victoire d’Israël aux dépens de Gaza, du Liban et, dans une certaine mesure, de la Syrie.
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